L’Ordre national des avocats dépose une plainte contre un site électronique de consultations juridiques : Faut-il avoir peur des start-up ?

 

Au lieu d’être fier de compter une nouvelle génération de startupeurs, de Business Angels et de licornes qui sont en train de façonner un nouvel écosystème économique innovant dans notre pays, pas une semaine ne passe sans qu’on intente des procès contre les nouveaux acteurs de l’économie 2.0.

Pourtant, il n’y a pas si longtemps, on applaudissait des deux mains de voir des jeunes créer, innover et offrir de nouveaux services à distance, alors que le pays était sous confinement. C’est cette période de la pandémie de Covid qui a exhorté les institutions, les banques et les entreprises à fournir leurs prestations à distance pour ne pas interrompre le travail. Cette migration ne se serait pas opérée en Tunisie sans des acteurs qui ont eu le soin de mettre le pays au rythme des progrès technologiques qui ont rapidement impacté tous les secteurs d’activités tels que les industries, le commerce, la santé, les communications, la recherche, l’enseignement, les finances ou l’univers juridique qui n’a pas fait exception.

C’est dans ce contexte que l’Ordre national des avocats de Tunisie a déposé une plainte auprès du ministère public contre un site de publicité de consultations juridiques «Allo Conseil». L’Ordre des avocats a rappelé que les consultations juridiques sont soumises à l’article 2 du décret organisant la profession d’avocat selon lequel seulement l’avocat est habilité à présenter des conseils. L’évolution du numérique doit respecter la loi et la présentation des consultations juridiques doit être effectuée sous les auspices des structures de la profession qui contrôlent le métier et le respect de la loi, précise la même source.

Ce que l’Ordre national des avocats semble oublier, c’est que les plaintes ne freineront pas ces changements qui continueront de se produire au cours des prochaines années. La «révolution logicielle» a pratiquement laissé de côté de nombreuses entreprises et secteurs d’activité et a contraint de nombreuses autres à se réinventer, comme les secteurs de l’hôtellerie et des transports. En effet, les technologies de l’information, l’intelligence artificielle, l’utilisation de robots dans l’environnement juridique et l’automatisation des processus judiciaires grâce à des algorithmes ont transformé l’écosystème juridique en très peu de temps dans le monde et la Tunisie ne fait pas exception. Des questions telles que la reconnaissance faciale, l’utilisation de moteurs de recherche légaux dans les médias numériques et la «prédiction» des résultats des essais grâce à l’utilisation d’algorithmes, qu’un «tweet» soit soumis ou non à la protection du droit d’auteur, l’utilisation «acceptée» des crypto-monnaies et la «certification» numérique font déjà partie des «défis réglementaires» auxquels la société des « geek » est déjà confrontée aujourd’hui.

Certes, ces transformations ont généré de nouveaux défis et des questions juridiques, techniques et éthiques. C’est pourquoi il est important de  les résoudre, pour anticiper l’avenir du métier d’avocat. Camper sur des pratiques classiques et utiliser la technologie au quotidien est d’un paradoxe saisissant pour les hommes de loi.

En effet, au lieu de perdre son temps à détruire le nouveau tissu économique, l’Ordre national des avocats devrait plutôt déployer plus d’efforts pour renforcer les capacités des avocats en termes de technologie afin d’appréhender les facteurs de la déréglementation et les changements apportés par un marché en ligne en expansion chaque jour. C’est pourquoi le processus de transformation numérique de l’avocat devient de plus en plus pertinent.

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