Gestion du sport | Tunisien Tout est à revoir

 

Le sport d’aujourd’hui ne croit plus au «Coubertinisme». On participe désormais pour gagner et démontrer que l’on est le plus fort, le plus avancé, le mieux préparé, le plus apte à représenter le profil de la championne ou du champion. Cela revient à dire que nous sommes dans l’obligation de tout revoir.

Le ministre de l’Intérieur s’est réuni avec le président de la Fédération tunisienne de football. A l’ordre du jour, l’encadrement des supporters dont le comportement laisse vraiment à désirer et qui dépasse de loin l’aspect sportif, la prise en compte de l’expérience des organisateurs à l’étranger, la mise en place d’un contrôle de billetterie moderne, automatisé (CNS et clubs devraient y penser sérieusement) qui mettrait un terme à la resquille et aux perturbations qui faussent toutes les données et facilitent les dépassements, la remise en place (ce corps a été effectivement créé mais vite dissous pour on ne sait quelle obscure raison) d’un encadrement assuré par des «stadiers», dont la formation pourrait être assurée par le ministère de l’Intérieur, la création enfin d’une commission mixte entre les deux parties pour la préparation de la saison  prochaine tout en révisant  les… sanctions à imposer en cas de dépassement.

Enfin !

C’est positif, mais… nous avons perdu des années en payant le prix fort.  Pour ceux qui seraient tentés d’en douter, la collection de «La Presse» est à leur disposition : nous avions depuis des années suggéré la création d’un corps de «stadiers» en soutenant que la police est là pour  intervenir en cas de dépassement et non pas pour calmer ou tenir en main le public. Tout en prenant en compte que les dépassements peuvent arriver, tout en étant réellement exceptionnels, il faudrait voir les raisons et analyser la situation. Actuellement, indépendamment des provocations qui sont à la base de ces graves incidents, il est impérieux de reconnaître qu’on  n’arrête pas de répéter et de dénoncer la partialité (arbitrage et VAR) qui est porteuse de germes contagieux à même d’être à la base de ces incidents.

Indépendamment de cet aspect, la présence de provocateurs est indéniable. La situation politique actuelle offre l’occasion à ces provocateurs de devenir, une fois dans les gradins, des meneurs. La présence des stadiers, issus des clubs en présence, pourrait contribuer au repérage et aiderait énormément ceux qui «voient tout» grâce aux moyens de repérage mis en place.

Néanmoins, tant que les stades sont considérés comme des lieux où tous genres de défoulement sont permis, nous enregistrerons des incidents. Ces incidents à répétition sont des occasions pour attaquer et mettre en évidence l’absence de sécurité dans le pays. L’amalgame, à l’étranger et surtout par ceux qui nous veulent du bien, est joliment enrobé pour que cette question de sécurité  englobe tout ce qui se passe dans le pays.

On oublie que les conférences, séminaires, manifestations diverses internationales se tiennent régulièrement en Tunisie et que tout se passe à la satisfaction de tous ceux qui y participent.

De toutes les façons, ces mesures suggérées doivent être absolument mises dans le cadre qui sied à ce genre de décisions qui engagent les différentes parties prenantes de notre sport. Tant que les responsables de ce secteur, à différents niveaux, se préoccupent de leurs ego et n’accordent aucune importance au reste, il n’y aura  aucun progrès. Ni sur le terrain ni au niveau de l’organisation ou de l’encadrement et de la promotion et de l’expansion de notre sport.

Organisation complètement dépassée

Il faudrait être aveugle, sourd et muet pour méconnaître l’ambiance dans laquelle se déroulent nos compétitions. Le discrédit est jeté à chaque fois que l’on aborde un tournant important. Dans les déclarations de ceux qui ont été jetés comme des kleenex une fois utilisés et considérés comme ne servant plus à rien, il y a autant de vengeance que de vérités. Au moins un minimum de vérité.

Personne ne peut soutenir que cela va bien dans le meilleur des mondes en football. Il y a de la manipulation. Il faudrait la prouver et ce n’est pas à nous de le faire, mais ces incidents à répétition révèlent un malaise que l’on s’escrime  à ensevelir sous les sanctions et auxquels on n’accorde plus aucune attention jusqu’au prochain drame.

L’organisation de notre sport est complètement dépassée. On promet, depuis belle lurette,  la mise en place de nouvelles lois faisant la part des choses entre l’amateurisme et le faux professionnalisme qui sévit actuellement et qui pourrit tout sur son passage. La gestion des clubs professionnels en football est un grand point d’interrogation. Le «professionnalisme» que l’on adopte dans les autres sports collectifs l’est encore plus. Les clubs qui accèdent dans cette catégorie sont félicités sans que l’on évalue leurs chances et moyens pour faire face à ces exigences professionnelles avec toutes les contraintes qu’elles imposent. Et une fois que les grèves et drames éclatent pour non paiement de salaires des joueurs ou de l’encadrement (inconfortablement assis sur des chaises musicales), on attend que le gouverneur ou une autorité quelconque  les résolve. C’est l’exception tunisienne qui retrouve ses sources dans l’Etat providence censé détenir toutes les  solutions à portée de main. Le sport d’aujourd’hui ne croit plus au «Coubertinisme». On participe désormais pour gagner et démontrer que l’on est le plus fort, le plus avancé, le mieux préparé, le plus apte à représenter le profil de la championne ou du champion. Cela revient à dire que nous sommes dans l’obligation de tout revoir et, au risque de nous répéter, il est bien temps de cesser de  rêver, de tirer des courbes sur la comète, d’annoncer des pourcentages avec des chiffres pêchés on ne sait où, et  de  reprendre en main la situation. Ces mesures résident à notre sens en quelques points cruciaux :          

-promulgation au plus vite de la loi révisant celle actuellement en place et régissant le sport en Tunisie, pour faire la distinction claire et sans équivoque entre le sport professionnel et le sport amateur. Considérant que l’on doit forcément donner un  délai aux clubs pour choisir leur voie, il faut immédiatement réagir pour ne pas perdre du temps.

-Ne pas commettre la faute qui allait tout fausser au départ, en essayant de mal plagier (cela a été le cas il y a une dizaine d’années et le projet heureusement divulgué a été retiré) ce  qui se passe ailleurs, en impliquant l’Etat dans la gestion des clubs professionnels.

L’Etat ne doit se préoccuper que :

-du sport amateur dont personne n’entend plus parler, auquel on ne laisse que des miettes tant au niveau des budgets que de l’infrastructure qui fait défaut. On est bien content d’inaugurer un nouveau terrain mais on oublie que des dizaines d’autres, faute d’entretien et de moyens, sont redevenus des espaces dangereux, impraticables, sans aucune utilité. Des Écoles de formation de cadres sont dépourvues d’installations pour leurs spécialités et personne ne réagit, alors que des ministres ont rendu visite et ont promis de réagir. Cela fait des années que l’on attend. Lorgnez du côté de l’Eneps de Kassar-Said.  Cette situation est  préoccupante surtout au niveau des jeunes complètement dépourvus d’infrastructures et de moyens.   

-du sport scolaire et universitaire dont les activités sont en sourdine et qui n’est plus, malheureusement, le creuset du sport national, en revenant aux fondamentaux qui ont fait sa force. Le fait de se rapprocher du sport corporatif qui, lui aussi, est en perte de vitesse notable devrait être encouragé. Tout proche des établissements scolaires, il y a des banques, des sociétés, des ensembles qui cherchent des lieux pour «faire du sport».

Leur offrir le terrain de l’école, du collège ou de la faculté en échange de son équipement (vestiaires, champ de jeu, éclairage, etc) et de son entretien sera bénéfique et rentable.

Ces terrains actuellement en friche, mal équipés (ce qui est un danger et le gamin qui a dernièrement perdu la vie est un échantillon de ce qui se passe), pourraient servir aux deux parties, les heures d’utilisation étant complètement différentes. La rentabilité d’une installation sportive se calcule d’après les heures d’occupation.

Les cadres existent.  L’Eneps sort des centaines de cadres hautement qualifiés dont un très grand nombre est au chômage (ou faute de mieux exerce une autre activité et là l’Etat est doublement perdant) alors que l’on s’est engagé à instaurer l’éducation physique et sportive à partir de l’enseignement de base, assurée par des enseignants formés pour et non pas par des instituteurs en jean et cravate. 

Actuellement, de par le monde on réserve les après-midi pour ces activité sportives. 

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