Renforcement de la maturité de l’économie numérique : Il y a encore du pain sur la planche

 

Selon le dernier rapport de la Banque mondiale sur «le diagnostic de l’économie numérique de la Tunisie», la maturité de l’économie numérique tunisienne se positionne entre émergente et modérée. Il reste encore beaucoup à faire pour renforcer cette économie et la développer davantage.

A force d’être galvaudé, le concept de l’économie numérique prête, aujourd’hui, à confusion. Dans les débats publics, le monde du numérique est devenu une véritable nébuleuse où on confond numérisation, transition numérique, économie des plateformes, intelligence artificielle… Et comble du paradoxe, cette confusion s’accentue à mesure qu’on s’éloigne insidieusement du tourbillon numérique.

Or, chacune de ces filières constitue aujourd’hui un secteur à part entière, à haute valeur ajoutée et pourvoyeur d’emplois de qualité. Selon l’Ocde, l’économie numérique concerne toute activité économique tributaire des moyens numériques (technologies, infrastructures, services et données) ou sensiblement améliorée grâce au recours à de tels moyens. Il s’agit, aujourd’hui, d’un levier important de la croissance économique, de l’innovation et de l’inclusion sociale. Selon les estimations de la Banque mondiale, la contribution de l’économie numérique dans le PIB mondial atteindra 25 % en 2026, après avoir été de 15,5% en 2016.

L’émergence des nouvelles technologies a changé irréversiblement les modes de travail et d’organisation au sein des entreprises. Elles ont même favorisé l’apparition de nouveaux métiers qui poussent comme des champignons au gré de la rapide et incessante évolution technologique. Cette fringale pour le numérique n’est pas sans conséquences sur le marché de l’emploi.

Selon le dernier rapport du «World Economic Forum» sur l’avenir de l’emploi, un document qui vise à analyser la répercussion des macro-tendances ainsi que de l’adoption des technologies sur les marchés du travail dans le monde, le progrès technologique devra façonner la demande d’emploi et des compétences au cours des prochaines années. On prévoit que le quart des emplois dans le monde sera affecté par les nouvelles tendances. D’ici 2027, près de 69 millions d’emplois seront créés tandis que 83 millions seront supprimés, ce qui entraînera une diminution de 14 millions d’emplois, soit 2% des emplois actuels. Parmi les métiers les plus demandés, le rapport cite: les spécialistes de l’IA et de l’apprentissage automatique, les spécialistes du développement durable, les analystes de la veille stratégique et les spécialistes de la sécurité de l’information. Le document met, en outre, l’accent sur les nouvelles compétences exigées sur le marché de l’emploi qui sont orientées vers la créativité. Ainsi, on estime que 44 % des compétences d’un travailleur devront être mises à jour, avec une priorité absolue accordée à la pensée analytique et créative.

Un léger repli ?

Tout prête à croire que la révolution numérique bat son plein. Et la Tunisie ne doit pas rendre les armes dans cette course au numérique. Les statistiques relatives au secteur des TIC révèlent un certain repli au cours des dernières années. En effet, selon les données ouvertes de la Banque mondiale, les exportations des services TIC ont suivi, depuis 2013, une tendance globale baissière passant de 409,5 millions de dollars à 297,05 millions en 2021.

Ces chiffres peuvent faire référence à la faible maturité de l’économie numérique tunisienne qui est à mi-chemin entre émergente et modérée. C’est ce qui ressort du rapport 2020 de la Banque mondiale portant sur «le diagnostic de l’économie numérique de la Tunisie». Le document montre que la maturité de l’économie numérique tunisienne se positionne entre émergente et modérée, avec un score moyen de 2,4 sur une échelle de 1 à 5 et que la maturité des facilitateurs du développement de l’économie numérique tunisienne est insuffisante.

En effet, malgré les progrès réalisés dans le domaine des TIC et de l’économie numérique, notamment en termes de réglementation et d’infrastructure, la cadence d’exécution des projets numériques pourrait être améliorée afin de libérer le potentiel de l’économie numérique en Tunisie.

Le document souligne, en ce sens, la maturité encore émergente de fondations numériques de l’économie numérique. Les difficultés à aplanir sont diverses et touchent plusieurs aspects notamment la pénurie des compétences, le retard accusé dans le domaine du paiement numérique et le faible impact de l’entrepreneuriat numérique innovant et la R&D qui sont encore à leurs premiers balbutiements malgré l’instauration des programmes Tunisie numérique et «Start up Act».

Ainsi, pour baliser la voie à des politiques publiques favorisant l’économie numérique, le rapport recommande, en somme, d’optimiser la gouvernance de la transition numérique, développer et retenir les compétences numériques, accélérer la mise en place des services financiers numériques, favoriser le développement des plateformes numériques et promouvoir les investissements R&D.

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