Démolition de constructions anarchiques sur le site de Carthage : Le «oui mais» de l’Unesco

Tout en saluant les efforts de la Tunisie, le Comité du patrimoine mondial a invité notre pays  à faire le nécessaire en vue de se conformer davantage aux recommandations de l’Unesco. Sur le terrain, une dizaine de décisions de démolition a été mise en application dans la nuit du 8 au 9 juillet 2019.  
Lors de sa participation aux travaux de la 43e session du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco, tenus à Bakou, en Azerbaïdjan, du 30 juin au 10 juillet 2019, l’ambassadeur-représentant permanent de la Tunisie auprès de l’Unesco, Ghazi Ghraïri, a souligné dans un tweet publié mardi dernier que la plénière dudit comité a unanimement salué les informations relatives au démarrage des démolitions des constructions illégales sur le site de Carthage, classé patrimoine mondial.
L’ambassadeur tunisien a fait savoir aussi que «la Tunisie est au cœur de la 43e session du comité du patrimoine mondial de l’Unesco» et que le « Comité mondial  vient juste de prendre sa décision sur Carthage. Tout en saluant les efforts de la Tunisie, il l’invite à faire le nécessaire en vue de se conformer davantage aux recommandations de l’Unesco».Un «oui mais» qui invite notre pays à fournir plus d’efforts en matière de conservation des sites inscrits.
Le Comité, faut-il le rappeler, examine les rapports sur l’état de conservation des sites inscrits et prend toutes les décisions relatives à l’application de la Convention.
Sur le terrain à Carthage,  et avant l’achèvement des travaux de la 43e session du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco, dix décisions de démolition concernant des constructions anarchiques dans la zone archéologique ont été exécutées dans la nuit du 8 au 9 juillet 2019, en coordination avec les différentes unités de sécurité relevant du district de Carthage et en présence de représentants de l’Institut national du patrimoine, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur.
Zied El-Heni, président de l’arrondissement municipal Carthage-Byrsa- Salammbô, nouvellement créé et relevant de la municipalité de Carthage, avait sonné l’alerte dans une déclaration publiée dans notre journal le 25 juin dernier concernant plus de 350 décisions de démolition qui ont été prises mais jamais exécutées.
Il avait souligné que l’application de ces décisions de démolition ne doit nullement être sélective. « Elle concernera tous les contrevenants, à commencer par l’Etat lui-même puis les personnes aisées  pour que les citoyens issus des autres classes sociales ne pensent pas  qu’ils constituent le maillon faible et ne se  sentent pas lésés par ces décisions. La loi s’applique à tout le monde, sans exception », avait-il martelé.
Toutefois, ceci n’a pas, paraît-il, été pris en compte, regrette Zied El-Heni. L’application de la loi a été «sélective», ce qui a créé un sentiment d’amertume. Il faut une justice égale pour tout le monde.
Le président de l’arrondissement municipal Carthage-Byrsa-Salammbô rappelle à ce titre la non-application de deux décisions de démolition émises à l’encontre d’une construction anarchique  rattachée, au niveau du port punique,  à l’École nationale de formation des cadres de la sûreté et de la police nationale de Salammbô, ainsi que la villa Didon à Carthage.
El-Heni explique toutefois qu’un compromis a été trouvé avec Samir Tarhouni,  directeur général de la formation de la sûreté nationale au ministère de l’Intérieur, qui s’est engagé à mettre à exécution la décision de démolition avec le concours d’un bureau d’études spécialisé d’ici la fin de ce mois de juillet.

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