«Littérature de femmes tunisiennes » de Ridha Bourkhis au Salon International du Livre à Sousse , du 11 au 21 Mai : Hommage aux écrivaines de la Tunisie !

 

Ridha Bourkhis, professeur de l’enseignement supérieur, écrivain francophone et collaborateur dans la page culturelle de «La Presse de Tunisie», signera aujourd’hui 20 mai, à partir de 15h30, au stand de «Contraste Editions», au Salon international du livre, à Sousse, son dernier livre «Littérature de femmes tunisiennes» consacré à l’étude des œuvres de plusieurs écrivaines tunisiennes arabophones et francophones.

Ne lui étant pas possible de se pencher dans ce livre sur toute la production littéraire des écrivaines de Tunisie qui sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses et de plus en plus productives, l’auteur s’est limité aux œuvres de 27 créatrices, romancières, nouvellistes et poètes, jeunes et moins jeunes, connues et moins connues, déjà bien reconnues ou encore en voie de reconnaissance, et qui pourraient être, d’une certaine manière, assez représentatives de la littérature des femmes tunisiennes. Elles s’appellent Nefla Dhehab, Jamila Mejri, Amira Ghenim, Wafa Gorbel, Mounira Daraoui, Nefissa Triki, Mounira Rezgui, Ahlem El Gueder, Sana Bel Aïd, Aïda Hamza, Fatma Ben Mahmoud, Emna Rmili, Rawene Ben Regaya, Jihen Souki, Dora Latiri, Maya Ksouri, Hind Ziedi, Emna Louzyr, Houyem Ferchichi, Monia Mouakher-Kallel, Rawaa Kacem, Wided Lahbib, Lamia Nouira Boukil, Alia Rhaiem, Awatef Zarred, Rafika Bhouri et Amel Mokhtar.

Intitulé «Littérature de femmes tunisiennes» et se composant de quatre diverses parties (romans, autobiographies littéraires, recueils de nouvelles et recueils de poèmes), cet ouvrage est brillamment préfacé par le professeur émérite de l’université de La Manouba, grand spécialiste du texte littéraire, Abdejelil Karoui. Et voici, en vu de vous mettre l’eau à la bouche, comment l’auteur de ce livre introduit ses analyses thématico-stylistiques et quelque peu narratologiques  des œuvres des écrivaines précitées :

«(…) Ce livre, quelque modeste soit-il, voudrait s’inscrire, sans le dire vraiment,  dans ce combat permanent pour l’émancipation réelle des femmes tunisiennes et leur égalité effective avec les hommes. Une égalité qui empêcherait logiquement de parler de «Littérature féminine » et d’emprisonner les écrits de femmes tunisiennes qui sont quelquefois de très grande valeur, dans une catégorie qui risquerait de les opposer diamétralement, sans nuances et de manière arbitraire, à une autre catégorie supposée, injustement, être «supérieure» ou «plus intéressante» et qui serait la «Littérature masculine».

Nous éviterons donc, par principe, cette catégorisation quelque peu archaïque et sans beaucoup de pertinence et d’utilité, même si nous pouvons remarquer, sans préjugé aucun, qu’il y a des thèmes qui reviennent davantage dans des textes écrits par des écrivaines tunisiennes que dans des textes produits par des écrivains tunisiens, tels le thème de la liberté de la femme, celui des violences faites aux femmes, celui de la difficulté d’être femme moderne dans les milieux traditionnels tunisiens, celui du conflit sans cesse renouvelé avec l’esprit patriarcal et phallocratique toujours rampant et toujours prêt à frapper. Certaines écrivaines tunisiennes affrontent dans leur écriture militante et anti-machiste, quelquefois avec un courage inouï, les tabous sexuels d’une société tunisienne encore déchirée entre une modernité émancipatrice et une tradition handicapante. Des thèmes en rapport avec les caractéristiques biologiques de la femme comme celui de la virginité, du cycle menstruel, de la grossesse ou de l’accouchement seraient évoqués davantage dans des écrits de femmes tunisiennes que dans ceux d’hommes tunisiens. S’il arrive quelquefois qu’un écrivain homme évoque ces mêmes problèmes, il les évoque de l’extérieur, car il ne s’agit pas de son vécu personnel et quotidien.

Peut-être y aurait-il aussi, au niveau du style des textes littéraires produits par des femmes tunisiennes, une sensibilité, une finesse ou une douceur qu’on ne trouverait que rarement dans des textes rédigés par des hommes tunisiens : peut-être serait-il pertinent de dire—en s’appuyant sur la célèbre définition du style du Comte Buffon «Le style est l’homme même», c’est-à-dire la personne, l’individu, l’être singulier—, que lorsque c’est une écrivaine qui écrit, c’est toute l’âme d’une femme qui s’exprime et qui s’écrit à travers les mots et les phrases qu’elle met en œuvre et qu’elle marque à son insu par sa féminité blessée ou révoltée, rêveuse ou ironique ou séduisante et envoûtante…».

Afin d’examiner et de faire connaître davantage cette littérature importante écrite par les femmes de Tunisie et qui correspond à un vaste domaine encore plutôt en friche, d’autres ouvrages en la matière devraient être établis par les chercheurs et les critiques littéraires et compléter le travail déjà entrepris par ce livre.

Ridha Bourkhis, «Littérature de femmes tunisiennes», préface du professeur  Abdejelil Karoui, Sousse, Contraste Editions, décembre 2022, 192 pages, format 15X21. Illustration de la couverture de Tej El Molk Bourkhis. 

Ridha Bourkhis est titulaire d’un DEA, d’un doctorat et d’une HDR de l’Université de la Sorbonne. Il est professeur de l’enseignement supérieur à la retraite. Il est l’auteur de nombreux livres publiés en Tunisie, en France et en Belgique dont «Chutes et blessures» (Poèmes), «Un retour au pays du bon Dieu» (Roman), «Bleu» (Nouvelles), «Le langage de connotation» (Etude linguistique), «Lionel Ray. L’intarissable beauté de l’éphémère» (Essai), «Manuel de stylistique» (Manuel), etc. Des mélanges lui ont été offerts en signe d’hommage par des universitaires, poètes et artistes de plusieurs pays sous le titre de «La vie est un poème» (Paris, L’Harmattan, 2022, 399 pages).

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