Vie sociale et sport – liesse populaire et ferveur nationale à l’occasion de la can : Seul le sacre est attendu

Les supporters des différents pays africains ont laissé éclater leur joie une fois leur équipe nationale qualifiée pour oublier leurs peines et misères… Mais remporter le trophée est le seul cadeau que le peuple attend de ses joueurs. Seul le triomphe est beau.
On se rend compte combien le climat social s’améliore et influe sur le moral des citoyens tunisiens. Ces derniers n’ont pas hésité à manifester leur grande joie à coups de klaxons, tard dans la soirée du lundi 8 juillet, suite à la qualification aux quarts de finale de la Coupe d’Afrique des nations en Egypte. Des scènes d’hystérie et de joie sans précédent ont suivi la fin du match de l’équipe nationale tunisienne qui a vaincu, pour la première fois de son histoire, les Black Stars du Ghana. De façon tout aussi spectaculaire, les Algériens ont exprimé leur joie dans les avenues parisiennes ou à Sousse, en sortant leurs drapeaux pour manifester leur attachement à leur identité nationale. Le bonheur que procure le ballon rond aux nombreuses populations africaines et dans le monde entier est reconnu universellement lors des victoires. Avant le désenchantement en cas de défaite prématurée ou d’élimination du tournoi. Toutefois, le parcours de l’équipe qui vise le sacre est différent selon le pays. La Tunisie ne fait pas encore l’unanimité dans les opinions de certains autochtones qui désavouent parfois les circonstances de jeu offertes avec quatre résultats de parité consécutifs. Un père de famille fait la moue : «Cela reste médiocre.
On gagne parfois sur un malentendu, mais cela risque d’être difficile de tenir ainsi jusqu’au bout. La grinta, qui signifie le dépassement de soi, ne suffit pas pour remporter le trophée continental. Le côté technique et tactique du jeu doit évoluer». Une opinion lucide et pleine de bon sens. Mais le bon peuple n’en a cure et célèbre dans l’illusion une nouvelle qualification qui peut réserver une place au carré d’as avec une demi-finale contre le Sénégal en théorie qui devra sortir ses griffes contre le Bénin (ce qui a été fait).
«A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire». Ce proverbe célèbre peut-être une mise en garde contre la Tunisie pour faire évoluer son niveau de jeu de façon considérable, si elle veut gagner le trophée africain de football.
Car mis à part le dernier match contre le Ghana où les joueurs tunisiens ont donné sans compter pour arracher une qualification historique contre une équipe qui s’est qualifiée lors des six dernières demi-finales de CAN, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Le public sportif connaisseur est moins patient. Toutefois, les citoyens comprennent que remporter ce trophée nécessite une grande marge de manœuvre et un ensemble de qualités indéniables. Il est difficile et inconcevable de donner le nom du vainqueur du trophée.

Le sport dope le tourisme et le pays
Le phénomène qui lie le football et la prospérité économique et sociale est souvent attendu. Ainsi, la victoire de la France lors de la dernière Coupe du monde ou l’organisation de la Coupe du monde féminine sur le territoire français cet été ont eu le don de faire bondir les recettes touristiques avec l’afflux de touristes de tous horizons, venus de Hollande, d’Allemagne et des pays voisin de la France.
En Tunisie, les choses se présentent différemment, mais à une échelle microscopique par rapport à la taille et la population de la France qui compte 80 millions de touristes chaque année. La présence des Algériens, qui gagnent et attendent de remporter le trophée continental, joue en faveur du tourisme en Tunisie, qui, elle, gagne aussi.
D’ailleurs, tous les supporters réveraient en douceur d’une finale inédite Tunisie-Algérie, même si on est encore loin de cette réalité. Alors existe-t-il un cache-misère nommé football, puisqu’évidemment, le football ne rend pas plus riche le citoyen du pays vainqueur. Avec la victoire de la Tunisie, les gens pensent-ils vraiment qu’il y aura un impact social et économique important au point de doper la bonne marche du pays ? En règle générale, cela fonctionne notamment lorsque le pays va jusqu’au bout. La Tunisie en 2004 traversait encore une bonne période sur le plan socioéconomique et le trophée est le fruit de son labeur, de sa stabilité économique et de son niveau de sécurité.
L’Algérie était encore sereine avant la montée du conflit civil dans les années 1990. L’inverse est vrai, puisque les pays qui traversent des guerres ou des conflits internes sont carrément absents des compétitions continentales : Soudan, Libye… Un pays comme l’Ethiopie, qui est en plein boom économique avec une forte croissance, ne récolte pas le fruit de ses avancées sur le plan sportif, puisque son équipe nationale n’est pas présente au tournoi.
Une victoire finale avec le titre à la clé est la seule consécration qu’attendent les millions de supporters algériens, tunisiens ou sénégalais, car autrement, ce sera tout de même un échec. L’Algérie n’a pas remporté le trophée suprême depuis 1990. Le Sénégal avec sa pléiade de joueurs talentueux ne l’a jamais encore remporté, hormis une finale perdue aux tirs au but contre le Cameroun en 2002.
La Tunisie, quant à elle, qui traverse une crise économique sans précédent, n’a pas connu le bonheur d’une consécration continentale de l’équipe nationale de football depuis 2004. Mais il y a aussi la Côte-d’Ivoire, le Nigeria, l’Afrique du Sud (éliminée) qui sont également de sérieux prétendants aux dents longues.

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