La Banque européenne pour la reconstruction et le développement vient de publier son dernier rapport sur les perspectives économiques régionales et précisément sur la «croissance dans la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen».
Selon la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), la croissance économique sera timide en 2023 pour la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen (Semed). Les perspectives d’évolution de l’inflation mondiale et l’incertitude politique restent, selon la banque, des risques de détérioration. Son rapport annonce également une légère reprise de la croissance du produit intérieur brut (PIB) en 2023, avec une augmentation de 3,6 % par rapport à 3,1 % en 2022. D’après la même source, alors que les économies de la région Semed sont en train de s’adapter aux conséquences de la guerre contre l’Ukraine, le secteur agricole reprend de la vigueur et les réformes avancent. Cependant, les perspectives d’évolution de l’inflation à l’échelle mondiale et l’incertitude politique rendent la situation difficile et restent des risques de détérioration.
La reprise devrait s’accélérer en 2024, avec une croissance moyenne du PIB supérieure à 4 %, en même temps que les réformes progressent dans tous les pays de la région.
Zoom sur les pays de la région Semed
Pour la Tunisie, l’instabilité politique, le ralentissement économique en Europe, les ressources budgétaires limitées, le manque d’accès à des financements extérieurs, l’environnement économique contraignant et les retards dans la mise en œuvre des réformes vont probablement continuer à peser sur l’économie en 2023, et la croissance devrait ralentir encore et atteindre 2 % en 2023, avant de reprendre légèrement à 2,3 % en 2024..
Selon le rapport de la Berd, l’économie tunisienne reste également, exposée aux chocs extérieurs en raison de sa dépendance relativement élevée au tourisme, aux importations de denrées alimentaires et d’énergie et à l’Europe en tant que marché d’exportation. Par ailleurs, «si un accord définitif avec le FMI serait conclu, il pourrait débloquer les financements extérieurs nécessaires et accélérer les réformes, notamment l’arrêt des subventions au carburant, une réduction de la masse salariale du secteur public, la diminution du déficit budgétaire et des améliorations du climat des affaires».
Ce même rapport indique qu’en Egypte, la croissance a ralenti pour s’établir à 4,2 % entre juillet et décembre 2022 (d’une année à l’autre), c’est-à-dire au premier semestre de l’exercice 2022-23, contre 9 % à la même période de l’année précédente. «Ce ralentissement découle d’une contraction dans les secteurs des industries manufacturières et de la construction, qui ont été touchés par le manque de devises étrangères, ainsi que des incidences de la guerre contre l’Ukraine sur le canal de Suez et sur les recettes du secteur du tourisme».
Un contexte vulnérable en Egypte
«La livre égyptienne a perdu plus de 50 % de sa valeur face au dollar américain entre mars 2022 et avril 2023, dans un contexte de vulnérabilités extérieures exacerbées et en raison de la décision par la Banque centrale égyptienne de passer à un régime de taux de change flexible».
L’Egypte étant importatrice nette de denrées alimentaires et d’hydrocarbures, l’augmentation des prix des matières premières élevés à l’échelle mondiale a fait bondir l’inflation à près de 33 %, malgré des hausses cumulées des taux directeurs de 1.000 points de base au total sur l’année écoulée. «Cette diminution de la croissance devrait se poursuivre et le PIB devrait augmenter de 4 % sur l’exercice 2022-2023. D’après les estimations, la croissance devrait atteindre 4,8 % pour l’exercice 2023-2024», annonce le rapport.
Le rapport de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement fait savoir qu’en Jordanie, «la croissance devrait rester stable à 2,5 % en 2023 alors que les vents contraires persistent au niveau mondial et que les conditions monétaires restrictives pèsent sur l’investissement privé».
À moyen terme, la croissance dépendra de l’efficacité de la mise en œuvre du «plan de modernisation de l’économie» du gouvernement visant à attirer les investissements directs étrangers.
En 2024, la mise en œuvre de davantage de réformes structurelles, une politique monétaire plus accommodante et la reprise des flux commerciaux devraient soutenir une croissance stable à 2,5 %. Les principaux risques pour l’avenir comprennent la baisse de compétitivité découlant d’un taux de change surévalué, les éventuelles perturbations des échanges mondiaux, l’instabilité régionale et les retards dans la mise en œuvre des réformes structurelles.
Une croissance à 1% en 2023, pour le Liban
Au Liban, la croissance sera de seulement 1% en 2023, après une baisse de 4 % en 2022. La Berd explique que la condition est que «le pays parvienne à surmonter ses difficultés politiques et à faire avancer un programme financé par le Fonds monétaire international, ce qui permettrait également de reprendre les négociations avec les partenaires internationaux».
Les difficultés que connaît le Liban depuis 2019 ont été exacerbées par la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires ainsi que par les perturbations des chaînes d’approvisionnement, alors que l’inflation s’est maintenue à trois chiffres avec une moyenne de 183,8 % en 2022.
Le taux de change officiel a chuté de 90 % et atteint 15.000 livres libanaises pour un dollar EU le 1er février 2023, mais de nombreux taux de change parallèles existent toujours et la monnaie locale a plongé pour s’établir à 131 500 livres libanaises pour un dollar ÉU sur le marché parallèle en mars 2023. En 2024, le PIB devrait croître de 3 %, sous réserve que le rythme des réformes progresse.
Hausse des prix des hydrocarbures au Maroc
La croissance du PIB marocain devrait atteindre 3,1 % en 2023 grâce à la reprise du secteur agricole et au ralentissement de l’inflation, ainsi qu’au retrait du pays de la liste grise du Groupe d’action financière (Gafi), qui redonne confiance aux investisseurs. Pour l’année 2024, la Berd annonce que le Maroc retrouvera la croissance des niveaux d’avant la pandémie, soit 3,2 %. Aussi, la mise en place des réformes pourrait lui transmettre un élan supplémentaire. Comme tous les pays de la région Semed, le Maroc reste exposé à la hausse des prix des hydrocarbures puisqu’il est majoritairement importateur d’énergie.