Ça restera une question difficile et un éternel débat auxquels on ne pourra pas donner de réponses tranchantes. Finalement, c’est quoi un grand entraîneur ? Est-ce celui qui gagne forcément le plus de titres ou celui qui, à part les titres, apportera des idées avant-gardistes de jeu et qui aidera les joueurs à améliorer leurs aptitudes? Guardiola, par exemple, est considéré comme le meilleur entraîneur au monde non seulement pour les titres raflés, mais pour le fond du jeu de M. City. Paradoxalement, Guardiola a gagné la C1, mais sans ses principes de jeu, sans sa recette tactique face à un Simone Inzaghi qui, malgré la défaite, a réussi pour une fois à dénaturer le jeu de Guardiola et à donner une clé pour ses collègues au futur en vue de contrer le jeu et les stratégies de l’entraîneur espagnol.
On restera, quoi que l’on fasse, approximatif quant à une définition claire de ce qu’est un grand entraîneur, tellement les critères sont durs à mettre en place pour départager beaucoup d’entraîneurs qui gagnent, qui réussissent leur mission, mais qu’on n’arrive pas à différencier et à classer. Il y a sûrement une subjectivité dans cette question. Car il y a des entraîneurs qu’on aime, et dont on aime les équipes et leur façon de jouer, et don on aime leur charisme et leur communication. Des joueurs vous diront aussi qu’il y a des entraîneurs qui ont changé leur vie, leur manière de voir le foot et de programmer leurs carrières. Ces mêmes joueurs vous diront que beaucoup de noms adulés et hyper-médiatisés doivent cela aux entraîneurs qui leur ont permis de gagner. Et qu’au fond, ces entraîneurs ne sont pas si compétents que cela.
La chance : de grands joueurs, des dirigeants influents et intelligents, des vestiaires sains, des concurrents faibles, ça peut faire de quelqu’un un «grand» entraîneur à tort. Et inversement, des techniciens complets, travailleurs, innovateurs et qui ont aidé des clubs et des joueurs à réussir plus tard, sont hantés par la «guigne», ou par l’ingratitude du football. Ils bâtissent du solide, mais ce ne sont pas eux qui récoltent les fruits de ce travail, ce sont d’autres entraîneurs qui en profitent. Et ce sont ces préjugés, puisés en premier lieu dans les médias et les réseaux sociaux, qui font d’un entraîneur une icône et quelqu’un d’inégalable. Ces préjugés favorables transmis dans le temps et l’espace font de ces gens des entraîneurs «légendaires», alors qu’en réalité (et ceux qui les connaissent de près le confirment), ils sont chanceux tout simplement. Ils vivent de cette «rente» sans qu’ils fassent des efforts pour se recycler ou pour changer leurs méthodes obsolètes. Et bien sûr, des entraîneurs peu médiatisés, discrets, honnêtes et qui n’ont pas de réseaux de médias, de dirigeants et d’agents qui les soutiennent finissent par passer inaperçus. Notre meilleur entraîneur cette saison? Ce sera Jamel Khecharem qui a réussi à rafler la coupe avec l’OB en jouant d’égal à égal avec le CA et l’EST. Avec peu de moyens et pas de grands joueurs, il a créé quelque chose. C’est cela le grand mérite.