L’Orchestre symphonique de la radio ukrainienne au Festival international de musique symphonique d’El Jem : Symphonies heureuses et hymnes à l’amitié

Après une ouverture italienne flamboyante, vendredi dernier, le  festival d’El Jem a offert sa scène à un orchestre ami et familier des lieux, l’orchestre symphonique de la radio ukrainienne. Une soirée  placée sous le signe de la grande et belle musique avec pour titre «Grand concert; best of classica».
En quoi consiste le génie d’un chef d’orchestre ou d’une cantatrice exceptionnelle ou d’un soliste virtuose? Certes, la parfaite maîtrise technique pourrait être une réponse, mais elle n’explique en rien cet état d’émerveillement où le lien se crée instantanément entre l’artiste et son public. Un discours qui s’adresse à l’intelligence humaine dans ce qu’elle a de plus universel et de plus singulier. Une certaine virtuosité du cœur. Le festival international de musique symphonique d’El Jem est le lieu de ce genre de miracle. Après une ouverture italienne flamboyante, vendredi dernier, le Festival d’El Jem a offert sa scène, samedi à un orchestre ami et familier des lieux, l’orchestre symphonique de la radio ukrainienne. Une soirée placée sous le signe de la Grande et belle musique avec pour titre «Grand concert; best of classica». En présence d’un public impatient de retrouver ou de découvrir l’orchestre renommé, ses stars solistes Bogdana Pivnenko (violon), Tatiana Anisimova (soprano), Andrei Romanenko (ténor) sous la direction du charismatique Volodymyr Sheiko.
L’enchantement commence à la lecture du programme en deux parties, deux voyages dans des sphères musicales où la beauté est le mot souverain. Une première partie symphonique et une deuxième partie lyrique avec les plus beaux airs d ‘opéra.
L’orchestre s’installe avec les sourires des retrouvailles d’une scène amie et d’un public fidèle.
La soirée a commencé avec l’interprétation solennelle des hymnes nationaux des deux pays longtemps applaudis, debout. Dans le public, des Tunisiens, des Ukrainiens, touristes de passage ou résidents, des couples mixtes et une deuxième génération ukraino-tunisienne émotive. Tous émus, tous unis par la musique.
Juste après, les premières notes fusent sous le ciel étoilé d’El Jem. Le concert a débuté en éclatante «Fureur de vivre» avec le 4e mouvement de la neuvième symphonie de Drovak «la symphonie du nouveau monde». Ultime mouvement d’une des plus belles œuvres du compositeur tchèque. Volodymir Sheiku a su enthousiasmer le public donnant le ton de la soirée en entamant le morceau Allegro con fuoco. Violons vertigineux, en ascension rapide, rejoints par des cuivres intenses et contrebasses pleines de mystères et d’allégresse. L’Orchestre symphonique de la radio ukrainienne offre d’emblée une démonstration époustouflante.
Le son est fougueux et plein. L’orchestre suit comme un unique soliste le geste juste et conquérant de Voldymir Sheiko.Interprétation énergique, colorée et généreuse qui fait place à la soliste Bogdana Pivnenko (violon) pour deux parties de concertos pour violon.
La brillante soliste surnommée la Paganini ukrainienne a enflammé le public avec une interprétation flamboyante du concerto pour violon de la 3e partie de l’opus 35 de Tchaïkovsky. Interprétation complexe à la hauteur de l’exigence de l’œuvre, virtuosité brillante du jeu, orchestre très rythmé, et accompagnement juste. Un concerto vivifiant comme une danse de feu de la sublime soliste qui annonce le morceau suivant, la troisième partie de «L’été» extraite des Quatre saisons de Vivaldi et appelée “Tempête”. Vigueur, relief, couleurs, éclaboussante colère … La virtuosité de la soliste est à l’œuvre, évoluant dans un mouvement intense entraînant et euphorisant comme un orage d‘été.
Longtemps applaudie, la soliste laisse place à l’ouverture des “ Vêpres siciliennes» de Verdi. Une interprétation intense et brillante qui entraîne le public dans la poésie passionnée et dramatique verdienne.
Prélude à la deuxième partie, c’est toujours le même Verdi qui s’annonce. La soprano Tatiana Anisimova chante l’air de “Ritorna vincitor!”. Œuvre majeure de l’art lyrique, Aida s’est incarnée sur la scène d’El Jem, le temps de deux airs d’opéra avec la voix et le jeu dramatique exceptionnel de la «soprano dramatique». Voix puissante, agile, corsée, autoritaire et voluptueuse, et timbre à la fois ample, pur et sombre. De Verdi à Puccini, d’Aida à Tosca avec le ténor Andrei Romanenko dont le jeu et la voix ont enchanté le public. Le dernier duo particulièrement pour son interprétation de l’air “Dein ist mien ganzes herz”, extrait de «Das Land des Lächelns» de Franz Lehar. Le duo final de Carmen de Bizet et dernière partie du programme du concert à réunir les deux grands interprètes Tetiana Anisimova, Andrei Romanenko dans un moment de grâce.
Le jeu est bien guidé, l’orchestre structure la tragédie autour des deux interprètes qui ont convaincu par leur présence affirmée, la belle musicalité et l’intensité de leur interprétation.
La star absolue du concert reste Volodymyr Sheiko, longtemps acclamé par le public, ce chef reconnu pour sa direction symphonique, d’opéra et de ballet partout dans le monde, dirige l’orchestre symphonique de la radio ukrainienne depuis 2005 où il a su insuffler une ferveur et une virtuosité à chaque représentation. L’orchestre et son chef sont des habitués des plus grandes scènes philharmoniques. Avant de retrouver pour la 3e fois la scène du Colisée d’El Jem, l’orchestre a écumé les plus grands théâtres en tournée de Saint-Pétersbourg, à Vienne, Amsterdam, Anvers, Rome, Palerme, Lisbonne, Nîmes, Alger, Pékin, Dubaï. L’accueil promet des retrouvailles rapides. Le samedi 20 juillet, c’est au tour de l’orchestre de Malaga de faire connaissance avec le public d’El Jem.

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