Le corbusier (1887-1964): Une architecture radieuse, à l’échelle humaine


Le 6 octobre 1887, alors que Monsieur Eiffel commence sa tour de trois cents mètres sur l’esplanade du Champ-de-Mars à Paris, à la Chaux-de-Fonds, dans le canton de Neuchâtel en Suisse, naît un certain Charles-Edouard Jeanneret. Il s’appellera, bien plus tard, «Le Corbusier» (le Corbu pour les intimes), quand il deviendra l’immense architecte-urbaniste aux projets innovants et audacieux, jalousé par ses pairs au début du siècle dernier, et surtout durant les années tragiques et de suspicion de la France, lors du gouvernement de Vichy.


Il s’en était pris aux architectes eux-mêmes qui devaient se plier aux exigences du sujet humain, déclarant qu’on avait oublié ce que devait être l’architecture, et qu’il fallait revenir à l’idée d’une maison conçue aux stricts besoins de ceux qui l’habitent. «Retrouver l’échelle humaine, disait-il, c’est tout remettre en question, et faire l’énoncé d’un programme partant du détail et atteignant l’ensemble». Et d’ajouter : «On s’apercevra alors, ayant dressé notre bonhomme d’homme au milieu de la scène où tout se joue, que le déroulement des événements s’opérera du dedans au dehors, en croissance régulière et organiquement commandée (…). De l’arbitraire, nous aurons passé sous le régime des lois, des lois émanant de la nature, de rapports impeccablement établis entre l’homme et son milieu».

Quand il adopte le patronyme de Le Corbusier qui est du à l’un de ses ancêtres maternels «Le Corbésier», il se compare au grand corbeau qui croasse et qui fait des descentes pour apeurer ses ennemis (les architectes rétrogrades) et chasser tranquille!

Ce passereau, il le dessinera à son effigie, qui lui servira de signature pour ses projets successifs bon an, mal an. Mais quels sont les projets de Le Corbusier pour placer son «bonhomme d’homme» dans des conditions propices à ses exigences?

Il  y a bien sûr les matériaux de l’urbanisme, le soleil, l’espace et la verdure, l’acier et le ciment armé (né à l’aube du XXe siècle) et dans cette hiérarchie.

Il crée alors ce qu’il appelle «une nouvelle biologie du logis». A commencer par «les progrès accomplis dans les procédés de circulation verticale (ascenseur)» Elever des immeubles «à hauteur indicative de 50 mètres» et obtenir aussi la clef-même de l’organisation harmonieuse du logis. Pour cela, la nécessité d’ascenseurs commandés nuit et jour par des liftiers professionnels. Deux mille cinq cents personnes pouvant alors habiter autour de cette circulation verticale. Et il précise que la distance extrême de leur logis à l’ascenseur varie entre 60 et 100 mètres. Moyennant quoi, on obtiendra une densité de près de mille habitants à l’hectare pour n’occuper que douze pour cent du sol sur quatre-vingt huit pour cent plantés en parcs.

En troisième lieu, les «parkings» dont l’anglicisme n’existait pas encore et que Le Corbusier appelle «autos-ports» devant la porte même des immeubles. Quant aux parcs, ils sont déjà «émaillés de piscines et de terrains de ballon», la culture physique se pratiquant au dernier étage des bâtiments à cinquante mètres au-dessus du sol, «La terrasse-voiture étant consacrée à l’hélio et à l’hydrothérapie dans les jardins suspendus et des plages de sable». A ce même étage seront «les locaux du dispensaire et du service santé ainsi que les étals de la coopérative de ravitaillement, les locaux de la régie hôtelière qui aura pris en charge le service des domestiques dans chaque appartement».

Tout cela a été étudié durant des années comme le signale l’auteur (in Le Corbusier, La maison des hommes, formes et couleurs, juillet 1944).

La Cité radieuse, à Marseille, en est un bel exemple d’unité d’habitation, La Tourette, ou Chandriarh en Inde, La chapelle  de Ronchamp et les villas blanches, dont celles signalées à Carthage ou ailleurs où  «Le Corbusier envoyait des plans à des particuliers pour servir de matrices à la construction, car il n’a jamais mis les pieds en Tunisie, trop occupé à son métier d’architecte et l’après-midi à son atelier de peintre et de poète comme nous le verrons dans cette nouvelle cité où ont élu comme lieu de travail, non seulement les chancelleries du corps diplomatique mais aussi les grandes sociétés internationales et autres espaces réservés aux loisirs, à la restauration et même à l’habitat.

Dans ce premier volet, nous parlerons de Le Corbusier en tant qu’architecte et urbaniste. Il était en avance, très en avance, sur son temps. Il était, malgré la guerre et le gouvernement de Vichy alors que c’était la grande débâcle en France, en Europe et dans tous les recoins de la planète, un artiste et un poète qui savait garder ses distances et travailler comme nul autre pareil, pour le destin de l’homme dans son mode de vie et d’habitacle.

Il était déjà un «étéiste» au sens total du terme que nous signalons dans le dernier volet de notre rubrique «Autrement dit». Le soleil, la lumière, la pierre et le bois, le verre et l’acier pour construire de dom (maison) ino (innovantes) à hauteur d’homme. Son influence fut grande même en Tunisie où l’on trouve des villas blanches selon des plans envoyés par lui à des particuliers à Carthage, mais aussi auprès de la nouvelle génération d’architectes tunisiens qui font dans le style futuriste du côté des Berges du Lac et qui rappellent étrangement Le Corbu.

Cette analyse a été inspirée grâce à l’ouvrage de Jean Jenger Le Corbusier-l’architecte pour émouvoir (Ed. Arthaud) et que nous tenons à remercier pour ses éclaircissements et la défense de Le Corbusier contre les attaques de ses pairs, jaloux de ses réalisations et du pouvoir de son imaginaire. Suivons le propos.

Un commentaire

  1. inchirah Hababou

    21/07/2019 à 15:10

    l’article n’est pas signé c normal?

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