Les citoyens témoignent : «Un homme d’Etat, un visionnaire»

De nombreux superlatifs glorieux lui ont été attribués par la gent masculine du fait de son appartenance à son courant idéologique qui met en lumière le rôle de la femme, la place de la santé et l’enseignement à l’image de son grand frère, le père de la Nation : Habib Bourguiba.

L’annonce de la mort de Béji Caïd Essebsi jeudi matin a choqué toute la population tunisienne et plongé dans une profonde tristesse tout un pays. A l’échelle internationale, des pays amis de la Tunisie comme le Liban, la Libye, la Jordanie et l’Algérie ont décrété trois jours de deuil.  La Tunisie a décrété sept jours de deuil national et la mise en berne du drapeau national suite à la décision du chef du gouvernement Youssef Chahed. Dans la foulée, des obsèques nationales seront organisées aujourd’hui  samedi 27 juillet 2019. La coïncidence du jour du décès avec le jour férié qui a marqué la célébration du soixante-deuxième anniversaire de la proclamation de la République Tunisienne rajoute à la symbolique.

Hier matin, les images du transfert du cercueil du président défunt de l’hôpital militaire vers le palais de Carthage, qui ont été diffusées sur les chaînes tunisiennes, ont ému nombre de citoyens, hommes et femmes de tous âges. Encadré par une unité de la cavalerie présidentielle, le cortège funèbre était escorté par un  détachement de motards.

Voici quelques témoignages d’hommes de la tranche d’âge de 30 à 50 ans, ceux qui ne l’ont pas vraiment connu, mais qui ont vécu au moins depuis 2011 sous le règne de cet homme déterminé alors à hisser haut l’étendard de la Tunisie et défendre la primauté de la Nation. Un cadre hôtelier, la cinquantaine, affirme fièrement : « Il était mon Président. Un homme d’Etat». A la sortie de l’hôpital  de la dépouille qui a été transportée dans une ambulance militaire portant le drapeau national et ornée d’une gerbe de fleurs, les citoyens ont entonné en chœur l’hymne national. La procession constituée d’un cortège de fidèles a prié et chanté tout le long du trajet pour glorifier une personnalité politique nationale  d’exception. Auparavant, l’Armée nationale a rendu les honneurs militaires officiels dus au défunt. Que ce soit devant l’hôpital ou devant le palais de Carthage,  des citoyens se sont rassemblés  pour chanter l’hymne national à l’unisson et des gestes de salut à la gloire du président défunt de la plus belle des manières.

Un homme prestigieux et glorieux que la Tunisie aura du mal à retrouver rapidement un personnage du même calibre, même si l’avenir appartient désormais à la jeunesse tunisienne.

Le président du Parlement Mohamed Ennaceur avait prêté serment jeudi pour lui succéder pour une période de 90 jours, en attendant d’organiser l’élection présidentielle anticipées le 15 septembre 2019 selon l’Instance supérieure indépendante pour les élections.

Le peuple pleure la mort d’Essebsi

C’est avec une grande émotion que plusieurs citoyens se sont rassemblés devant l’hôpital militaire de Tunis afin de rendre un dernier  hommage à feu Béji Caïd Essebsi à sa sortie de l’établissement hospitalier. Un ancien pharmacien particulièrement ému depuis le décès d’Essebsi résume son opinion en quelques mots forts et poignants à l’endroit d’un président prestigieux pour la Tunisie : « Pour moi, Bajbouj est la liaison entre Bourguiba et la démocratie naissante dans notre chère patrie. C’est le modernisme bourguibiste contre l’obscurantisme des frères. C’est le féministe convaincu et convaincant. Bref un homme visionnaire comme son idole». D’autres témoignages plus nuancés d’hommes qui ne partagent pas nécessairement ses idées politiques se disent déçus de la classe politique tunisienne depuis belle lurette. Un ressortissant tunisien ayant la quarantaine vivant en Afrique australe affirme sur un ton mitigé : « Je croyais que c’était un vrai politicien qui à son âge pouvait tenir ses promesses et son idéalisme. Cependant, à mon sens, il a échoué dans une certaine mesure face à d’autres rivaux de la scène politique nationale. Sa mort risque de constituer la mort de toute une classe politique».

Une redistribution des cartes en politique qui peut résoudre les défis de la Tunisie à condition de réussir les élections présidentielle et législatives à venir. Un autre ressortissant vivant dans un pays du Golfe  affirme que le président Béji Caïd Essebsi est venu plutôt tardivement pour la Tunisie, car il estime qu’il n’avait plus les coudées franches pour surmonter les défis qui restaient à relever. Une manière de confirmer combien le régime autoritaire qui avait précédé l’avènement de la révolution du jasmin un 14 janvier 2011 avait causé du tort aux politiciens tunisiens et anéanti leurs ressources.

Lors « d’obsèques grandioses » prévues pour aujourd’hui samedi 27 juillet 2019, à partir de 11h00, le cercueil du défunt prendra la direction du cimetière du Jellaz.

Ce samedi marquera le jour des funérailles nationales qui seront organisées en grande pompe en présence de plusieurs chefs d’Etat étrangers. Les citoyens devraient également être très nombreux à venir se rassembler en masse pour rendre un dernier hommage à l’illustre Président.

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