Autrement dit : La Société des nations était-elle plus humaine ?

Au sortir de la Première Guerre mondiale, la Tunisie était devenue un laboratoire d’expérimentations sur les maladies contagieuses, telles que la tuberculose, la lèpre, le trachome, la fièvre de Malte…
Et l’on dut faire appel à de grands scientifiques, chercheurs, hygiénistes, soignants. Si leurs noms résonnent encore dans nos têtes, comme Charles Nicolle, «médecin des pauvres», ou le Dr Calmette, etc, il faut citer aussi Etienne Burnet (1873-1965) qui combattit bon nombre de ces microbes qui infestaient les populations indigènes et qui fut envoyé par Paris, pour diriger l’Institut Pasteur du côté du Belvédère, à Tunis, institut qui fut un haut lieu de recherches effrénées dans ce domaine des maladies transmissibles qui furent stoppées grâce à la découverte de nombreux vaccins bien avant la Seconde Guerre mondiale. Etienne Burnet était un humaniste au sens complet du terme. Il avait étudié la philosophie à l’époque de Bergson, la littérature avec Anatole France et le cercle foisonnant et richissime de certains salons parisiens, la musique et la peinture, et il était invité à des conférences internationales aux quatre coins du monde.

Charles Nicolle à Tunis

Au sortir de la Première Guerre, lorsqu’il avait fait ses premiers pas en Tunisie, à partir des années vingt, la capitale était dans un piteux état, sanitairement parlant. Comme l’étaient d’ailleurs la France et ses colonies qui avaient subi, par des effets collatéraux, les nombreux dommages, qu’avait causés cette «drôle de guerre» qui avait fait des millions de morts et laissé des traces gigantesques de ces virus et autres maladies transmissibles dont nous parlions.
Appelé à la rescousse par la Société des nations, pour ses travaux importants — il avait même avec lui, une jeune collaboratrice tunisienne du nom de Tawhida Ben Cheïkh, originaire de Ras Jebel, qui allait devenir la première femme-médecin du monde arabe —, Etienne Burnet trouva auprès de cette institution «l’épanouissement complet de ses plus beaux jours», dixit son épouse qui écrivit sa biographie au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Tawhida Ben Cheikh durant ses campagnes de sensibilisation

La Société des nations qui, plus tard, allait changer de nom — la fameuse et souvent fumeuse Organisation des Nations unies (ONU) —, n’affichait pas un profil bas comme cet «organe» de nos jours.
Au sortir de la Première Guerre mondiale, «tous les peuples étaient encore sous l’impression terrifiante (…) et ils aspiraient passionnément à la paix» même si les deux grands pays, les Etats-Unis et la Russie, ne faisaient pas encore partie de la société. Ils avaient, lit-on dans sa biographie, leurs observateurs à Genève. Et tous s’efforçaient de contribuer, selon leurs moyens, à la grande œuvre de pacification du monde, ce qui donnait la sensation réconfortante d’un merveilleux renouveau».
Mais il fallait distinguer, toutefois deux aspects très différents de cette jeune institution internationale : «Celui de la Grande assemblée de septembre, manifestation politique, en grande partie» spectaculaire et «celui des sections techniques», — dont fit partie Etienne Burnet —, qui s’occupaient sans bruit des questions vitales, intéressant tous les pays.
Bien sûr il y eut encore la Seconde Guerre mondiale et d’autres guerres qui suivirent encore et encore, qui mettent toute l’humanité à mal. Mais cette nouvelle instance, l’ONU ! Elle est devenue atone, par les temps qui courent, à tous les maux de nos sociétés. Les enfants, de tout jeunes Palestiniens qui meurent chaque jour dans les territoires occupés ! Le Yémen rasé de fond en comble avec le soutien de l’Europe et des States.
Et même la Tunisie, ce petit mouchoir de poche sur la rive sud de la Méditerranée… va-t-il devenir un territoire occupé ?
Eh, Monsieur Gutteriez, pourquoi ce silence ? Prenez exemple sur le docteur Burnet qui a combattu les fléaux causés par ces guerres, pour guérir toutes les misères du monde…

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