Les «programmes» des candidats

Nous atteindrons probablement les 30 candidats à la présidentielle, voire plus. Or, une telle profusion de candidats ne peut se justifier que par la richesse de la trame inspirant les différents programmes soumis au suffrage des électeurs. Ce qui impliquerait des programmes stratégiques bien réfléchis et détaillés, appelés à être minutieusement chiffrés et analysés.

Or s’interpose ici la nature du régime politique tunisien mis en place par l’Assemblée nationale constituante (ANC). En effet, nous sommes en régime parlementaire de listes élues à la proportionnelle modulée par une présidence au scrutin majoritaire. Ce qui correspond à un système électoral par listes départagées à la proportionnelle, sachant que le pouvoir exécutif émane de l’Assemblée des représentants du peuple en la personne du chef du gouvernement, comme première tête, et au suffrage universel direct, par l’élection du président de la République qui est le chef de l’Etat, qui préside et ne gouverne pas.

Or, autant les citoyens que les candidats ont peu à peu pris l’habitude d’évoquer les attributs du président de la République d’une manière qui tendrait à signifier qu’il gouverne pleinement et détermine la politique du gouvernement. Alors que c’est, chez nous, un équilibre subtil entre le gouvernement avalisé par l’Assemblée et le président de la République élu directement par le peuple.

Faut-il rappeler le nombre des institutions constitutionnelles qui veillent soigneusement à l’exercice de ce minutieux arbitrage. D’où la fallacieuse inexactitude émanant de l’usage inapproprié du terme «programme» lorsque l’on parle du président de la République en régime parlementaire ou mixte.

Maintenant, s’agissant des candidats à la présidence en régime parlementaire, il est bien possible de les différencier par leurs visions, leurs options ou leurs principes distinctifs.

Mais chaque expérience a ses spécificités, et la nôtre, qui s’honorait dans le temps d’être présidentielle, aspire après la révolution du 14 janvier 2011 à rester parlementaire ou semi-parlementaire. Malgré ce qu’aurait voulu en faire Béji Caïd Essebsi.

Il en est resté un riche débat à reconstruire. Mais ce n’est qu’en fin de mandat que l’on pourra soupeser un candidat.

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