En attendant les stratégies

On a donc dépassé les quarante candidats à la présidentielle, rendant l’analyse fort délicate. Car s’il y a effectivement des candidatures fantaisistes ou aventureuses, des personnalités crédibles et représentatives estiment mériter de tenter leur chance et pourraient proposer un profil intéressant susceptible de débloquer notre système politique et lui prodiguer une nouvelle dynamique apte notamment à réactiver l’économie et la finance, grâce en particulier à une promotion efficace de l’investissement.
Mais la campagne électorale n’a pas vraiment laissé voir ses couleurs, puisqu’elle n’a d’ailleurs même pas démarré. Sauf pour certains.
On constate cependant certaines évolutions notables et un changement majeur, celui intervenu au sein des partis de la gauche radicale. Le Front populaire groupant 12 partis, une association et des personnalités, que menait Hamma Hammami a éclaté suite au désaccord de ce dernier, notamment avec les Watads. De sorte que s’opposent à la présidentielle, Hamma Hammami et Mongi Rahoui.
Côté islamistes, figurent Abdelfattah Mourou, vice-président d’Ennahdha, mais également l’ancien Premier ministre de la Troïka, Hamadi Jebali, ancien vice-président du parti devenu indépendant.
Youssef Chahed, l’actuel chef du gouvernement, est un jeune nidaïste adoubé par le défunt Président, avant d’être pressenti par lui comme chef de gouvernement pour succéder à Habib Essid. C’est désormais un dirigeant coriace qui sait ce qu’il veut et jusqu’où il peut aller. Son problème face aux islamistes, c’est que les modernistes n’acceptent pas tous sa rapide ascension et voient d’un mauvais œil sa maîtrise des dossiers et sa vivacité.
Abir Moussi est connue pour avoir défendu Ben Ali avec acharnement, en sa qualité d’avocate. Elle était en janvier 2011, au moment où Ben Ali quittait le pays, responsable chargée des femmes au sein du parti destourien. Elle ambitionne de battre les islamistes et on l’accuse de vouloir les exclure de la vie politique.
Moncef Marzouki souhaiterait prendre sa revanche et, tout d’abord, expliciter toutes les «démarches et décisions incomprises» qui ont été les siennes lors de son mandat sous la Troïka. On attend notamment de lui une explication limpide du lâchage de Baghdadi Mahmoud qui vient d’être libéré en Libye.
Quant à Zbidi, sa candidature n’a pas été une vraie surprise puisque certains lobbyistes l’avaient même suggérée dès 2014. Un grand tapage l’appuie désormais, désorientant les tendances. Mais rien ne sera clair que lorsque le parti Ennahdha dévoilera sa véritable stratégie et ses diverses stratégies sous-jacentes. En 2014, ce parti avait affirmé soutenir BCE mais la masse de ses électeurs avaient voté pour Marzouki.

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