Trente ans pour les Femmes Démocrates : Un anniversaire célébré en grande pompe

« Trente ans pour les femmes et avec les femmes…une vie de dignité, d’égalité et de liberté », tel est le slogan avec lequel l’Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd) a célébré son trentième anniversaire mardi 6 août aux Jardins du musée de Carthage

L’anniversaire a été l’occasion pour faire la fête et en même temps faire ressusciter le passé d’une ONG qui a fait avancer sensiblement les droits des Tunisiennes. Une fête qui a réuni les « historiques » de l’ONG, dont Hedia Jrad, Sana Ben Achour, Ahlem Belhadj, Bochra Belhadj Hamida, Monia Ben Jemia, Souhayr Belhassen, Nebila Hamza…, les jeunes adhérentes et des invités de marque, des députés, des hommes et femmes politiques et des ambassadeurs. Des discours, des poèmes, une remémoration du passé militant, de l’émotion, tels ont été les ingrédients de la soirée. Avec à la fin un concert de la chanteuse Nébiha Karaouli.

« Le féminisme est éminemment politique »
Dans son allocation d’ouverture, Hédia Jrad, la première présidente de l’Atfd, a rappelé l’engagement des Femmes démocrates lors des années de plomb, lorsque féminisme rimait avec opposition politique à un régime autoritaire et liberticide. « On nous reprochait notre dénonciation de la torture. Le féminisme est éminemment politique, leur avons-nous répondu », souligne Hédia Jrad, avec autant d’entrain que ces premières années de lutte pour l’égalité et la liberté. Lorsqu’à la fin des années 70 est né au Club Tahar Hadad, dans la médina de Tunis, le mouvement féministe tunisien indépendant du système en place et du féminisme d’Etat. Le visa de l’association a été long et difficile à obtenir. L’ONG commence à travailler sur la violence à l’égard des femmes, propose une loi contre le harcèlement et surtout dérange beaucoup le régime en ne témoignant aucune allégeance envers Ben Ali. « Intimidation, chantage, persécutions policières, écoutes sont alors le lot quotidien des Femmes démocrates », raconte encore Hédia Jrad. L’association résiste jusqu’à l’avènement de la Révolution.
Yosra Fraws, l’actuelle présidente de l’Arfd, revient elle sur la période post-révolution « lorsque la bataille en premier lieu fut celle de la parité dans la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique. Les Femmes démocrates se sont ensuite engagées sur le terrain pour permettre une participation effective des femmes au processus électoral ».
Les Femmes démocrates participent également activement ces dernières années, comme le rappelle Yosra Fraws, à mettre en place le projet de loi contre la violence à l’égard des femmes, adopté en juillet 2017, et le projet de la loi sur l’égalité successorale, proposé par feu Béji Caïd Essebsi à l’ARP le 13 août 2018.
Adressant un blâme aux chefs des partis politiques, la présidente de l’Atfd s’exclama : « Où sont les femmes en tête des listes des législatives ? Où est votre engagement pour le respect de la parité et l’égalité des chances ? Rectifiez le tir s’il vous plait ! ». Et aux militantes elle conseille : « Allez voter en masse. Ne laissez pas la place aux extrémistes et aux conservateurs. Regardez les programmes des uns et des autres et ne votez que pour ceux qui donnent une place aux femmes ». Applaudissements soutenus.
La soirée s’achève sur une note de joie et d’espérance : chants, danse et youyous. Longue vie aux Femmes démocrates !

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