Par Foued ALLANI
C’est vraiment dommage ! Pire, un coup dur pour le pays qui peine à avancer. A intervalles réguliers, nous sommes en effet assommés par les nouvelles du décrochage de Tunisiens ayant déjà fait leurs preuves dans des pays avancés, venus en Tunisie participer au développement du pays.
Après, l’enthousiasme et des dizaines de milliers de dinars investis dans les préparatifs, leur rêve s’évapore et ils se retrouvent seuls face à mille et un obstacles, mille et une déceptions pour hélas décider de plier bagage et de retourner à leur exil gris forcé.
Cela sans oublier le revers de la triste médaille, celui de la fuite des cerveaux. Un inquiétant phénomène devenu depuis ces dernières années un véritable fléau. N’oublions pas que près de 3.000 ingénieurs tunisiens quittent chaque année le pays, selon leur organisation professionnelle, à cause des conditions de travail précaires et souvent humiliantes imposées chez nous (10.000 ces quatre dernières années).
Les exemples se suivent et ne se ressemblent que par leur issue qui fait mal au cœur. Ciblant divers secteurs, des projets conçus par des hommes d’affaires du métier en question sont en effet en souffrance et risquent de connaître le même sort de leurs prédécesseurs, froidement tués dans l’œuf, à cause d’une foule d’obstacles généralement administratifs.
Nous citerons à titre d’exemple ce jeune entrepreneur qui a voulu construire un mall à Gafsa et qui, malgré les importants fonds qu’il avait mobilisés, s’est retrouvé en train de baisser les bras. Cela à cause des tracas administratifs et de ce flou artistique dont sont enveloppées les têtes de certains responsables.
Ces derniers sont, en effet, incapables de faire la différence entre un projet ordinaire et un autre vital et urgent. Ainsi des dizaines de millions de dinars risquent de partir en fumée et aussi près de deux mille emplois directs dans une région plombée par le chômage. Cela sans oublier l’effet boomerang négatif de toute cette mésaventure.
Voilà aussi le cas de cet ingénieur-inventeur qui, plein d’entrain au départ, pense sérieusement, aujourd’hui au…départ. Il commence en effet de penser sérieusement à abandonner les précieux projets qu’il conduit pour le bien du pays et à repartir à l’étranger où ses affaires sont florissantes et surtout où il se sent écouté et respecté.
Une énième occasion ratée de rattraper le retard dans un domaine hautement stratégique, celui que ce grand et excellent technicien, doublé d’un solide et intelligent homme d’affaires, maîtrise à merveille et y innove. Un spécialiste courtisé à longueur de journée à l’étranger par de grandes sociétés et même des gouvernements.
C’est donc une occasion qui risque d’être ratée pour un secteur d’avenir qui jouit en plus d’une grande valeur ajoutée technologique. Une occasion en or pour la Tunisie, car pouvant l’extraire du nuisible cercle vicieux qui l’a rendue dépendante pour ce qui est dudit secteur et ayant handicapé lourdement sa compétitivité.
Voilà plus de sept ans qu’il galère dans son pays, laissant la conduite de ses affaires à l’étranger à ses collaborateurs, consentant sacrifice après sacrifice pour ce qui est de ses responsabilités familiales et oubliant jusqu’à son confort personnel quotidien. L’essentiel pour lui est de faire gagner au pays de précieux rounds dans le combat pour le progrès.
Notre malheureux entrepreneur n’en revient pas. Déjà douloureusement échaudés par la mafia du clan Ben Ali-Trabelsi (il a perdu des millions de dinars de chiffre d’affaires pour avoir dit non), il a cru que la Révolution pouvait améliorer sensiblement le climat des affaires.
Que ne fut sa déception de constater, hélas que rien n’a été fait pour concrétiser cette donne de base pour toute opération d’investissement. Il s’agit, comme il l’a bien su à ses dépens, de la faillite de tout un système qui continue de freiner, voire de détruire toute tentative de faire avancer les choses.
Même les compétences professionnelles des agents et des cadres, à la recherche d’un emploi, laissent à désirer, y compris celle relevant des valeurs. Mauvais techniciens mais aussi peu dynamiques, faisant preuve d’une flagrante faiblesse de prise d’initiative, et certains avec des penchants pour la malhonnêteté.
Une loi portant sur l’amélioration du climat des investissements a été bien votée par les représentants du peuple, le 23 avril dernier. Une bonne chose, mais nous savons tous qu’il ne suffit pas, pour réaliser de belles performances dans un secteur donné, de promulguer un texte aussi bien ficelé soit-il. Le plus important c’est de réussir à changer mentalités et méthodes de travail.
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