Où placer le curseur ? La sélection est un sujet de réflexion particulièrement intéressant à une période où la société semble en perte de repères et s’interroge sur les valeurs qu’elle souhaite voir prévaloir dans le futur. Cela ne manque pas aussi de rappeler une vérité: beaucoup plus que les corps, ce sont les esprits qui ont besoin d’être libérés dans le match de cet après midi face au Sénégal pour le compte des demi-finales de la CAN 2019. Les joueurs doivent être convaincus du fait qu’ils ne sont pas seulement des joueurs tout juste bons pour jouer. Là où ils sont, ils sont appelés à s’adapter à tous les choix et considérations tactiques. En un mot, des joueurs capables de gagner partout.
Le modèle développé par l’équipe, tout particulièrement à partir des huitièmes de finale, accrédite l’idée selon laquelle la performance est, à juste titre, un devoir. Notamment face à tous les ennuis qui peuvent surgir à tout moment. Au vu du premier tour, la sélection aurait pu jeter l’éponge. Mais elle s’était promis de revenir tout en haut. Elle y a cru à fond. Ses joueurs ne s’imaginent pas en effet en train d’échouer. D’une prestation à l’autre, ils sont parvenus à se ressaisir, à optimiser leur jeu et à se libérer. Les moments difficiles par lesquels ils sont passés leur ont donné l’envie de se surpasser. Il paraît qu’à un stade de la compétition, au moment du doute, on se renouvelle. On se régénère. Un bataillon en ordre de marche et un ensemble qui vit aujourd’hui autant d’espoirs que de certitudes. Dans le monde souhaité autour de l’équipe, tous les joueurs doivent s’y retrouver. Bien dans le ton, bien dans le match. Bien dans leur peau aussi. Le plus important serait d’offrir quelque chose de qualité optimale qui permette à l’équipe de s’affirmer tant individuellement que collectivement. Cela peut défier de nombreuses logiques. Mais pas celle du football de performance, sensible à la solidarité, à la solidité et à la détermination.
La sélection aura toujours un statut à affirmer, une place à défendre, un acquis à préserver. Ce n’est pas toujours facile, mais le défi mérite chaque fois d’être relevé. Les hommes, mais aussi les moyens pour une pareille entreprise sont bel et bien là. L’on ne voit pas pourquoi il n’en sera pas de même cet après-midi face au Sénégal, d’autant que les mécanismes et le mode de travail ont beaucoup évolué lors des derniers matches. Il y a au fait toute une approche assumée et endossée, initiée par des personnes passionnées et averties, qui tourne autour de cette exigence. Un état d’esprit à son égard.
Il y a aussi certainement des leçons à retenir du passé, et spécialement des matches du premier tour. On ne saurait en effet ignorer le temps où curieusement l’équipe y avait fait un fort mauvais usage des notions de jeu.
Cet après-midi, la sélection aura intérêt à y voir de près, pour faire le point et peut-être aussi les comptes. Rendre les choses à leur juste valeur et à leur place réelle en commençant par les détacher de tout ce qui est de nature à les conditionner outre mesure. C’est l’impératif de cette équipe, pas seulement de jouer, mais aussi et surtout d’aller toujours vers l’avant. Ne l’oublions pas, l’équipe de Tunisie plaît encore davantage lorsqu’elle se revendique en une équipe incisive et capable de forcer le cours des événements. Particulièrement attirée vers le jeu offensif, avec des joueurs toujours bien placés, au timing parfait.