« A l’heure où Béji Caïd Essebsi a tiré sa révérence, je souhaite que nous méditions son message, honorions sa mémoire, et plus que sa mémoire, sa trace dans l’histoire ».
« Comme tous mes compatriotes, j’ai appris avec émotion la disparition d’un éminent serviteur de l’Etat qui nous a guidés pendant des années. Je voudrais saluer la mémoire de l’homme d’Etat, mais aussi rendre hommage à l’homme dans sa richesse et sa complexité. Le défunt Président de la République, Béji Caïd Essebssi était un humaniste, un homme dont la parole fut toujours la traduction fidèle et sensible de sa pensée.
Béji Caïd Essebsi, c’est avant tout une volonté. La volonté de servir certains idéaux. Il ne jurait que par la solidarité et la justice sociale, les deux s’imbriquant parfaitement et s’enracinent au plus profond de nos traditions. Béji Caïd Essebsi a apporté son éclairage sur la façon de vivre notre démocratie. Une démocratie moderne, apaisée, grâce notamment à l’alternance maîtrisée, qui a montré que changement de majorité ne signifiait pas automatiquement crise politique. Nos institutions en ont été renforcées. J’en ai la conviction. En politique, il fut d’abord profondément respectueux de la personne humaine, respectueux surtout des droits de l’Homme.
Ses choix étaient clairs et il les a toujours faits au nom de l’idée qu’il se faisait de la Tunisie. Mais le regretté, c’est d’abord et avant tout une vie. Certaines existences sont paisibles, égrènent des jours semblables, parsemés d’événements privés.
Le président Essebssi, au contraire, a donné le sentiment d’avoir débordé sa propre vie. Il a épousé son siècle. Plus de cinquante ans passés au cœur de l’arène politique, au cœur des choses en train de s’accomplir. La profession libérale, les mandats électoraux, les ministères dont, très jeune, il assuma la charge. Avec détermination, opiniâtreté, pugnacité, il a toujours imprimé sa marque et son style. Ses convictions étaient inébranlables.
Mais le Président Caïd Essebsi n’est pas réductible à son parcours. S’il débordait de vie, c’est parce qu’il avait la passion de la vie.
La vie sous toutes ses formes. La vie dans ses heures sombres et ses heures glorieuses. La vie du terroir, la vie de nos campagnes, cette Tunisie rurale qu’il a tant aimée, presque charnellement.
Il connaissait notre pays jusque dans ses villages et, partout, il avait une relation, un ami car il avait la passion de l’amitié.
La fidélité que l’on doit à ses amis était pour lui un dogme qui l’emportait sur tout autre. Il suscita en retour une fidélité profonde au travers des années et des épreuves.
Seul compte, finalement, ce que l’on est dans sa vérité et ce que l’on peut faire pour son pays. Et en cette période de deuil pour notre nation, j’adresse à sa famille et au peuple tunisien le témoignage de mon respect et de ma sympathie. A l’heure où Béji Caïd Essebsi a tiré sa révérence, je souhaite que nous méditions son message, honorions sa mémoire, et plus que sa mémoire, sa trace dans l’histoire ».
