Accueil Actualités Le candidat Omar Mansour : «Le régime parlementaire à l’origine de tous les maux»

Le candidat Omar Mansour : «Le régime parlementaire à l’origine de tous les maux»

Né le 27 janvier 1958 à Tunis, l’ancien gouverneur de Tunis et de l’Ariana et ex-ministre de la Justice au temps du gouvernement Habib Essid, Omar Mansour, juriste de formation, est l’un des 26 candidats retenus à la course au Palais de Carthage.  Dans le modeste local de son QG à Montplaisir où on l’a rencontré,  il a fait un tour d’horizon de la situation du pays. Il nous a parlé de ses motivations, de ses positions relatives au régime politique actuel, à la lutte contre le terrorisme, au projet de loi sur l’égalité successorale ainsi que de son programme et de ses actions prioritaires.

Vous vous portez aujourd’hui candidat à la magistrature suprême. Pourquoi ce choix et quelles sont vos motivations ?

Cette idée a germé dans mon esprit depuis un bon bout de temps et j’hésitais à prendre la bonne décision mais juste après la mort de l’ancien président Béji Caïd Essebsi, j’ai commencé à penser sérieusement à présenter ma candidature à la présidentielle anticipée après des concertations menées avec des amis. J’ai lancé sur les réseaux sociaux un mouvement  appelant le Tunisien au changement. J’avais la nette conviction qu’il fallait bouger et faire quelque chose pour le pays et ne pas se contenter d’observer sans rien faire et se cantonner dans l’immobilisme.

Ne manquant pas d’atouts et d’expérience en termes de gouvernance à travers les postes que j’ai occupés par le passé et qui m’ont beaucoup rapproché de la réalité des gens et de leurs problèmes vécus au quotidien,  j’ai décidé de me porter candidat d’autant plus que je suis conscient des problèmes auxquels le pays est confronté. Je me porte candidat donc pour  réaliser les changements tant attendus.

Comment le candidat Omar Mansour voit-il la situation actuelle qui prévaut dans le pays ?

Point n’est besoin de s’attarder sur les analyses quant à la situation actuelle du pays. Les problèmes inhérents à l’éducation, la santé, la sécurité ont plongé le citoyen dans le désarroi. La menace terroriste est toujours persistante comme en témoigne le double attentat survenu au cœur de la capitale en juin dernier. Il est inadmissible que ces terroristes puissent frapper à proximité du siège du ministère de l’Intérieur et les dernières opérations terroristes qui ont secoué la capitale confirment que la menace terroriste plane toujours.

Neuf ans après la révolution, il faut dire basta au terrorisme  sinon on ne pourra pas faire avancer et développer le pays. L’opération terroriste menée par un kamikaze à l’avenue Habib Bourguiba est très révélatrice et la première de mes actions va porter sur la nécessité d’assurer la sécurité et juguler le terrorisme en mettant à disposition des unités sécuritaires les moyens modernes  de lutte tout en œuvrant à réformer radicalement les services des renseignements généraux qui sont en première ligne de ce combat.

Quelles sont les actions prioritaires que vous mettrez en œuvre si vous êtes élu ?

Selon mes convictions, je compte faire sortir le pays, par tous les moyens et avec l’appui de l’opinion publique,  du régime politique actuel. Un régime parlementaire à la tunisienne qui a  montré ses limites en termes de gouvernance et a contribué au délitement des institutions de l’Etat au point qu’on ne sait plus qui détient les pouvoirs dans ce pays. Le régime parlementaire n’est pas adapté à note pays. Les désignations des ministres et même du chef du gouvernement sont l’affaire des partis politiques et sont conditionnées par certaines alliances.

Aujourd’hui, il est grand temps de rectifier le tir et d’abandonner le système parlementaire. Il faut opter pour un régime présidentiel qui sera soumis à des conditions pour qu’il n’y ait pas des dérives dangereuses. Ce n’est que par le biais de ce changement que l’Etat pourra redorer son blason et retrouver son aura. Il est donc impératif de léguer plus de pouvoirs au président de la République, autrement le pays n’avancera pas. L’actuel régime n’est pas de nature à faciliter la réalisation de certains projets de développement en raison du délitement des institutions de l’Etat et la multiplication des mouvements de contestation aussi bien dans le secteur public que privé.

On est aujourd’hui loin de la démocratie qui ne peut être garantie que par la discipline, le respect des lois du pays et de ses institutions. Que veut dire arrêter la production dans une usine ?  C’est quoi ce désordre qui règne dans le pays et pourquoi en est-on arrivé à un stade où on ne peut plus appliquer la loi ?

Comment faut-il procéder pour redorer le blason de l’Etat ?

Je rappelle que l’une de mes actions prioritaires sera de changer le régime politique du pays et conférer plus de pouvoirs au président de la République sous conditions, pour ne pas revivre les dérapages du régime déchu. Il faudra donner plus de pouvoirs au président pour qu’il puisse prendre des décisions tout en assumant ses responsabilités.

Pour avancer, il faut être déterminé, éviter les atermoiements, s’engager, ne pas se cantonner dans le rôle de conciliateur, et assumer pleinement et totalement ses décisions. Cela est valable pour tous les responsables dans le pays. Il ne suffit pas d’avoir les mains propres pour pouvoir gérer un pays, mais il faut en plus posséder un important background. Ceci est valable pour tous les candidats même pour Amor Mansour. Quand j’étais nommé à la tête du gouvernorat de Tunis et de l’Ariana, je prenais des décisions dans le cadre de mes prérogatives  et je protégeais en même temps les membres de mon équipe. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’étais  présent beaucoup plus sur le terrain qu’au bureau.

Quels sont les grands axes de votre programme électoral ?

Il faut en premier lieu organiser un référendum concernant l’amendement de la Constitution en vue de  modifier le régime politique  et secundo bien exploiter les prérogatives du président de la République dans tous les domaines pour assurer le développement du pays et rehausser sa position sur le plan de la diplomatie extérieure en comptant notamment sur la compétence de diplomates chevronnées qui ont malheureusement disparu des radars depuis un bon bout de temps.

Dans ce contexte, je dois préciser que nos relations extérieures doivent être basées sur la confiance, le respect mutuel de la souveraineté des Etats et le principe de non-ingérence. Je suis contre cette diplomatie qui quémande de l’aide.

En se basant sur le principe onusien de non-ingérence et  les lois internationales régissant les rapports entre les pays souverains, je suis pour la réouverture de l’ambassade de notre pays en Syrie.

Où le candidat Omar Mansour ira-t-il chercher la baguette magique pour changer les choses dans le pays ?

Tout d’abord, il faut être réaliste car il n’y a pas de baguette magique pour changer la situation dans le pays et faire évoluer les choses vers le meilleur.  Il n’y a que le travail qui compte le plus. Tout changement est tributaire de l’acharnement au travail et la persévérance.

Il est grand temps de revaloriser la notion du travail dans le pays pour atteindre les objectifs escomptés.

Le projet de loi autour de l’égalité successorale a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps. Quelle est votre position à ce propos ?

J’ai toujours considéré que ce sujet revêt une importance capitale et touche les Tunisiens dans leurs profondes convictions et traditions ainsi que dans leur religion, ce qui nécessite l’organisation d’un référendum autour de ce projet.

Ceci ne constitue nullement une fuite en avant mais c’est au peuple de trancher.

Un message aux Tunisiens à l’occasion de la présidentielle ?

Je leur souhaite tout d’abord un meilleur avenir mais je leur dis que notre pays regorge de richesses du Nord au Sud contrairement au discours véhiculé par certains décideurs. Mais c’est à nous de mettre en valeur ces richesses.

Il est toutefois malheureux de constater un certain favoritisme en termes d’employabilité des jeunes dans le pays et les différentes entraves qui freinent la réalisation des projets qui peuvent pourtant assurer du travail pour des milliers de jeunes. Ceci sans compter la corruption galopante et ces lobbies qui ont fait main basse sur les richesses du pays et les secteurs pourvoyeurs d’emplois.

Aujourd’hui il faut avoir l’audace d’en finir avec tous les problèmes  après neuf ans durant lesquels  le pays n’a fait que marcher à reculons et cumuler les mauvaises notes dans tous les domaines.

Je crois qu’il faut penser à faire sortir le pays de  la torpeur et faire attention  lors de ces élections. Il ne faut surtout pas donner sa voix à celui qui vous donne de l’argent car rien n’est gratuit dans la vie. Il faut penser aux générations futures et le seul salut c’est de reprendre le chemin du travail.

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