IL est un phénomène qui mérite d’être disséqué, sous toutes ses facettes, car ses incidences ou retombées sont déterminantes, à plus d’un titre, pour ce qui est de l’avenir de l’expérience démocratique tunisienne en gestation depuis l’avènement de la révolution.
Il s’agit de la persistance de nos hommes politiques, qu’ils soient de gauche ou de droite ou qu’ils revendiquent la paternité exclusive de la révolution, à évoluer en rupture totale avec la réalité qui distingue le paysage politique national, réalité qui vient de subir un véritable tsunami politique, à la faveur des résultats du premier tour de l’élection présidentielle dont plusieurs n’arrivent pas encore à saisir les messages.
En plus clair, quand certains partis politiques font répercuter des indiscrétions qu’ils sont en train de négocier avec d’autres partis (eux aussi déboutés par les électeurs le jour du plébiscite de Kaïs Saïed et Nabil Karoui) en vue de la formation du prochain gouvernement qui sera issu des législatives du 6 octobre prochain, ils ne peuvent que donner l’impression ou laisser entendre qu’ils n’ont rien compris au tremblement de terre du 15 septembre ou qu’ils font fi de la volonté populaire en faisant montre d’un déni qualifié de la plus élémentaire des règles démocratiques, à savoir le respect du verdict des urnes.
De plus, en continuant à se comporter comme s’ils avaient déjà gagné les législatives et remporté les sièges qui leur permettent de postuler à la formation du prochain gouvernement, les responsables de ces mêmes partis administrent la preuve qu’ils ne portent aucun signe de respect ou de considération, d’abord aux militants de leurs propres partis et, partant, potentiels électeurs, ensuite aux autres citoyens qui pourraient leur accorder leur confiance, à condition de se retrouver dans leurs programmes et orientations et à condition aussi qu’ils se sentent traités comme des partenaires dans l’édification de l’avenir du pays et non comme des voix à s’approprier par tous les moyens, y compris par les promesses irréalistes et irréalisables.
Dans les pays ancrés dans la pratique démocratique, les partis politiques se comportent autrement avec les électeurs en s’interdisant de contracter des deals ou transactions sur leur dos, tout en les induisant en erreur en prétendant opter pour la meilleure solution afin de concrétiser leurs promesses électorales.
La transparence des élections, leur intégrité et la clarté des résultats qui en seront issus supposent aussi des rapports de confiance et de respect entre les électeurs et les politiciens aspirant à leurs suffrages.