Du nouveau sur le peintre russo-franco-tunisien Alexandre Roubtzoff (Saint-Pétersbourg 1884, Tunis 1949).
Dire, d’abord, qu’il y a un regain d’attention de plus en plus grand autour de ce chantre de l’orientalisme et de ses multiples recherches sur des pans entiers de nos patrimoines communs, en Afrique du Nord, en Méditerranée, mais aussi en Europe — en France, notamment, où il avait fortifié ses études académiques — avant de se lancer dans l’aventure picturale et les voyages qu’il a entrepris avant de terminer ses pérégrinations en Tunisie.
« Ce qui m’attache à la Tunisie ou qui fait que je me sens si bien et si heureux ici, c’est d’abord la lumière dont tant d’effets paraîtraient invraisemblables ailleurs. Que de fois m’est-il arrivé de peindre des couchers de soleil étonnants comme celui-ci : les derniers rayons viennent éclairer un marabout, la partie éclairée m’apparaît rouge. Celle restée dans l’ombre est bleue, ce qui revient à dire que la lumière est plus foncée que l’ombre. »
Dire, ensuite, que l’on vient dernièrement de lui consacrer une exposition itinérante entre Moscou et Saint-Pétersbourg, à partir de la Tunisie !
Et c’est à Mehdi Douss, grand collectionneur d’œuvres d’Alexandre Roubtzoff , glanées depuis plus de trente ans, que sont revenus l’honneur et le mérite d’avoir contribué à mieux faire connaître cet artiste chez les siens, dans la capitale des Tsars, et que les générations montantes ignoraient totalement.
Mehdi Douss, célèbre homme d’affaires et restaurateur et mondialement connu pour ses dégustations de la faune marine (poissons, fruits de mer des quatre coins des océans), a vu ainsi son destin lié à la Russie non seulement pour l’attrait lié en rapport avec la langue et les études, mais aussi à la découverte d’Alexandre Roubtzoff et de son œuvre picturale présente en Tunisie, mais totalement ignorée en Russie.
« Il est très important de ramener en Russie les œuvres du peintre Alexandre Roubtzoff afin de faire découvrir aux Russes le nom et l’œuvre de ce compatriote exceptionnel. »
Le hasard, tellement curieux parfois, s’érige en une sorte de rendez-vous inévitable (entre deux êtres) et même sacré, du fait de certains signes annonciateurs qui se clarifieront par la suite après la rencontre, même si l’un des deux actants, produit d’une génération antérieure à lui, ne s’attendait pas à ce rendez-vous post-mortem bien singulier !
Comme nous l’explique Mehdi Douss dans l’entretien qu’il avait accordé à l’occasion de cette exposition privée, «Entre la Tunisie et la Russie». «Je tiens à dire qu’il y a quelqu’un qui a joué un rôle important dans la constitution de ma collection, c’est Gregory Baltzer, le fondateur de l’agence Baltzer Auction Agency.
Un service unique qui aide les collectionneurs à résoudre les problèmes éventuels, depuis le début de la recherche et l’acquisition d’objets particuliers, à la gestion de la collection dans son ensemble».
La collection de Mehdi Douss est avant tout une affaire d’amour et de passion. La satisfaction spirituelle, mais aussi la passion de l’investissement, pour le legs d’un patrimoine toujours à entretenir en attendant qu’il reparte vers le sol natal.
Et de même, l’artiste et le collectionneur de ces œuvres — une soixantaine entre peintures et dessins — ne sont-ils pas les ambassadeurs de leurs propres pays et qui auraient comme pris rendez-vous dans une rencontre troublante et qui a ému le monde des arts et des collectionneurs les plus avertis.