Accueil A la une Première séance plénière à l’ARP : L’accident de Amdoune bouleverse l’ordre du jour

Première séance plénière à l’ARP : L’accident de Amdoune bouleverse l’ordre du jour


La séance plénière qui devait exclusivement être consacrée à la discussion et à l’adoption du projet de loi de finances complémentaires a été rattrapée par l’accident tragique de Amdoune. Le bureau de l’Assemblée, et à la demande des présidents des groupes parlementaires, a finalement décidé d’un changement de l’ordre du jour. La séance matinale a été laissée aux représentants du peuple d’exprimer leur deuil, leur colère, mais également de s’adonner à un exercice d’art oratoire pour se distinguer en ce début de quinquennat.


Après avoir présenté leurs condoléances aux familles des victimes, les élus ont demandé à ce que l’ensemble des responsables de cette catastrophe rendent des comptes. Le député de la Coalition Al-Karama, Rached Khiari, a demandé la démission de la ministre de la Santé, Sonia Becheikh. De son côté, le député de Tahya Tounes, Mabrouk Korchid, a insisté sur le fait que l’affaire doit être vue dans son ensemble, et notamment du côté du nombre inquiétant des accidents de la route en Tunisie. Il a précisé que les points noirs sont multiples. « Les points noirs doivent être identifiés sur tout le territoire tunisien et trouver au plus vite des solutions », a-t-il déclaré.

L’Etat en faillite ?
Pour sa part, Yamina Zoghlami (Ennahdha), a exprimé sa profonde douleur quant à cet évènement tragique et a demandé à ce que les cellules de crise soient plus efficaces. « Si un jour, Dieu nous en préserve, nous avons une catastrophe avec plus de victimes, personne ne pourra gérer une telle crise », a-t-elle affirmé.
Après cette catharsis qui a duré toute la matinée, la présidente de la Séance, Samira Chaouachi, a enchaîné avec le principal point de l’ordre du jour, à savoir la discussion et l’adoption de la loi de finances complémentaire pour 2019. Le président de la commission provisoire des finances, Iadh Elloumi (Qalb Tounes), a dès le départ annoncé qu’il ne votera pas en faveur du projet, étant donné que les chiffres présentés ne sont pas convaincants. « Ce projet de loi cache en réalité un échec qui a causé la faillite de l’Etat », a-t-il martelé. Selon lui, le gouvernement ne cherche qu’à présenter de « beaux chiffres sur le papier », tandis que la réalité est tout autre. « Nos concitoyens s’appauvrissent et les entreprises mettent la clé sous la porte », a-t-il déclaré en accusant le gouvernement d’adopter une politique fiscale dont le seul objectif est de collecter de l’argent. Selon lui, « l’Etat maintient la pression fiscale autour du secteur formel et protège le secteur informel ». Le président du groupe parlementaire de Qalb Tounes, Hatem Mliki, a invité les députés de son parti à voter librement, chacun selon ses convictions. Même son de cloche chez le Parti Destourien Libre (PDL) dont les députés continuent à rappeler que les chiffres réalisés avant la révolution étaient de loin meilleurs que ceux présentés aujourd’hui. « La pression fiscale a dépassé les 35% en 2018 alors qu’elle se situait aux alentours de 10% en 2010 », a ainsi tenu à dire Lamya Jaidane (PDL). Pour elle, le gouvernement de Youssef Chahed a choisi la solution de facilité, consistant à taxer encore plus pour maintenir les équilibres financiers.

Une taxe sur les réseaux sociaux
Dans son intervention, le président du groupe parlementaire de la Coalition Al-Karama, Seifeddine Makhlouf, a demandé à ce que la Tunisie commence à imposer une taxe dans les réseaux sociaux. Il a estimé que certains utilisent les réseaux sociaux pour le commerce. « Certains partis politique ont fait sortir des milliards de devises pour sponsoriser des pages sur le réseau Facebook », a-t-il affirmé. Par ailleurs, il a accusé le gouvernement de s’être entendu avec les syndicats pour miner le terrain du prochain gouvernement. « La prime exceptionnelle, bien qu’elle soit légitime, accordée aux instituteurs dans ce projet est douteuse », a-t-il déclaré. « Demain nous aurons tous les fonctionnaires qui vont demander la généralisation de cette prime. Comment ferait-on pour financer tout cela ? ».
Le député a également accusé le gouvernement sortant d’avoir bloqué des dons destinés notamment à la construction d’un hôpital à Kairouan. « Je demande aussi à la création d’un bureau spécial dédié aux dons des Tunisiens à l’étranger », a-t-il ajouté.

Il faut se calmer
En tant que député chevronné, le président du groupe parlementaire de Tahya Tounes, Mustapha Ben Ahmed, a joué les experts, en expliquant aux nouveaux élus que les discours populistes sont inutiles et que les campagnes électorales sont terminés. « Le père Noël n’existe pas, les lois de finances et les budgets sont composés de recettes et de dépenses, nous avons deux choix pour financer les dépenses, soit par l’augmentation de la production, soit par l’endettement ». Le député a expliqué lors de son intervention que ces chiffres ne font que traduire la réalité de notre pays et que si le pays veut s’en sortir, il faudrait lutter contre la corruption et se remettre au travail. Le député Fethi Ayadi (Ennahdha) a pour sa part proposé la révision du calendrier électoral afin que les élus ne se retrouvent pas dans une situation où ils sont obligés de voter un projet de loi de finances avec lequel ils ne sont pas forcément d’accord.

 


Les députés critiquent l’absence de précision et de transparence

Nombre de députés de l’ARP ont considéré, hier, que le projet de loi de finances complémentaire pour l’année 2019, manque de transparence en ce qui concerne l’endettement et le niveau du déficit budgétaire.
La députée du mouvement Ennahdha, Hayet Amri, a estimé que « le projet de LFC 2019 comporte plusieurs défaillances, surtout que les conditions étaient favorables à une relance économique, en raison de l’amélioration des rendements des secteurs touristique et agricole et la reprise du dinar ».
Réagissant à ces propos, le député du Courant démocratique, Mohamed Ammar a critiqué « les interventions des anciens députés appartenant aux partis au pouvoir », appelant «les anciens gouvernements à assumer leurs responsabilités politique et morale du moins pour les cinq dernières années ».
De son côté, Ridha Jaouadi, député de la Coalition de la dignité a exprimé des doutes quant aux indicateurs économiques présentés par le gouvernement dans les projets de budget de l’Etat (déficit et endettement), proposant l’amélioration des méthodes d’examen de ces budgets.
Pour sa part, la députée du PDL Abir Moussi, a estimé que « le recours aux LFC témoigne de l’incapacité de l’Etat à anticiper », dénonçant l’absence de transparence dans l’exécution des budgets et des projets décidés en faveur des régions.
Le député du parti Errahma, Mouadh Ben Dhiaf, a épinglé «l’absence d’une vision claire dans la gestion des finances publiques», ce qui a favorisé la détérioration des infrastructures, principale cause de l’accident de Amdoun (Béja), ayant fait 27 morts et plusieurs blessés, soulignant la nécessité d’engager des réformes radicales pour créer de la richesse au lieu de recourir à l’endettement.


 

Charger plus d'articles
Charger plus par Karim Ben Said
Charger plus dans A la une

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *