
La romancière japonaise Yôko Ogawa nous plonge dans un Japon fortement influencé par des évènements universels en narrant toute une tranche de vie juvénile, et singulière de la Petite Tomoko, héroïne du roman dans les années soixante-dix. Une enfance qui n’a rien à envier à la dimension parallèle d’Alice dans son pays des merveilles. C’était une rêverie, mais est-ce assez ?
Nous sommes dans les années 70, Tomako vit traditionnellement avec sa maman. Elle rejoint, pendant une année, la famille de sa tante et va découvrir un monde plus occidental. Le récit devrait traiter d’un choc des cultures, violent mais l’auteure se contente de relater la jeunesse psychédélique, haute en couleurs, aux allures féériques de Tomoko, à la fois ébahie et aliénée dans son nouveau cadre de vie. Elle fait la rencontre de quelques proches, du voisinage, découvre les coins et les recoins de cette demeure typique, majestueuse ….
Le roman très bien traduit parvient à nous téléporter dans une autre dimension sans nous transcender : il se résume en une histoire de jeunesse qui manque cruellement de folie. Quand on s’intéresse à la littérature japonaise contemporaine, on s’attend à voyager à travers les pages du livre, best-seller pourtant depuis 2008. Mais on se perd dans un monde fictif, très beau mais lassant à force. La rencontre fatidique avec Mina qui aurait dû être l’élément central du roman, d’après le titre, passe presque inaperçue. Les événements auraient dû tourner autour de cette petite fille, malade, avec son insolite animal de compagnie. La partie centrale reste à la surface.
Sous-couvert de secousses sociales, crises politiques et évènements mondiaux sportifs comme les JO marquants de 1972 à Munich, et à la performance de l’équipe japonaise de Volley Ball, le livre prend de l’épaisseur, devient un brin plus passionnant avant de rechuter dans un style lent, linéaire, inactif.
«La marche de Mina» reste un roman subtil qui évoque des générations anciennes, dissocie le regard d’un étranger de celui issu de ce japon des années 70 ! Etant d’une autre époque, il peut être à vocation nostalgique pour les connaisseurs… sans plus. Les écrits d’Ogawa sont nourris par plusieurs thèmes récurrents, tels que l’enfermement, psychique ou physique, ainsi que les lieux clos.