Crédit photo: Ferid Daoud / © Les Poséidons de Nabeul Plage
Quelques soient les conditions climatiques, 365 jours par an, à Nabeul, de 11:30 à 13:00, hommes et femmes se réunissent sur l’emblématique plage de la Cité des Potiers pour savourer la fraîcheur de ses eaux sous le regard médusé des badous et des passants: bienvenue dans l’univers des Poséidons de Nabeul Plage ! Reportage.
Si la tradition du « bain du Nouvel An », appelé aussi « bain des givrés » commence à frayer son chemin sous nos cieux, au Cap Bon, les adeptes des bains de mer en hiver sont de plus en plus nombreux. On ne parle plus d’épisodiques baignades hivernales, mais plutôt de bains de mer réguliers.
« Un bain de jouvence qui retarde le vieillissement »
C’est le cas avec le groupe « Les Poséidons de Nabeul Plage » dont les membres font trempette 365 jours par an dans leur « mare nostrum » juste à côté de la mythique jetée « La Scala » de Nabeul.
Quelques soient les conditions climatiques, chaque jour, de 11:30 à 13:00, hommes et femmes se réunissent sur l’emblématique plage de la Cité des Potiers pour savourer la fraîcheur de ses eaux sous le regard médusé des badous et des passants.
D’ailleurs, la renommée des « Poséidons de Nabeul Plage » dépasse les frontières de la Tunisie comme en témoigne le reportage (voir ci-dessous) diffusé dans le JT d’expression française de la China Global Televesion Network (CGTN FRANÇAIS) ainsi que sur CGTN AFRICA (plateforme anglophone) en novembre dernier.
« Ça fait plus de 30 ans que je pratique les bains de mer réguliers douze mois sur 12 et non-stop. Même mon épouse Essia a fini par mordre à l’hameçon. Comme jale dis depuis des années, la mer soigne tout. Le remède est ici. Au lieu de se prélasser dans les cafés, changez votre mode de vie et faites des trempettes de mer une addiction. », fait savoir Hédi Daâs (76 ans), le doyen des « Poséidons de Nabeul Plage ».
« Plusieurs études ont montré les bienfaits des bains de mer réguliers et notamment en hiver. C’est un bain de jouvence qui retarde le vieillissement. Ça renforce le système immunitaire contre les maladies virales et soulage les douleurs de dos et d’articulations. », ajoute le septuagénaire.
Et M. Daâs n’a pas tort !
« Non seulement les bains de mer réguliers chassent le stress, après chaque baignade, on se sent bien dans sa peau et apaisé. Je ne peux plus m’en passer. C’est une source de bien-être et rajeunissement de l’âme. C’est revigorant ! », déclare Mme Nadia Boucheikh-Degachi.
« Les bains de mer réguliers m’ont permis de soulager les douleurs de mon dos. L’eau froide de la mer est un véritable anesthésiant contre les douleurs et une source de joie et d’euphorie. », rajoute Mme Mouna Youssef.
« La gastronomie et la mer… symbole de notre méditerranéité »
Mais voilà pour casser la routine de leurs bains des givrés, le collectif a organisé, avant-hier, à midi, un banquet au bord de la mer.
« Ça fait des semaines qu’on voulait organiser ce banquet autour d’un festin. Le but de ce déjeuner est de souder les liens de notre communauté dans une ambiance familiale et conviviale. Après tout, nous sommes une famille unis par la passion des bains de mer réguliers. », souligne Lotfi Ben Salem, organisateur du banquet.
À 11:30, tous les membres du collectif étaient mobilisés. Entre ceux qui dressaient la table et ceux qui nettoyaient les poissons (sardines et chinchards) pour la grillade, d’autres affluaient petit à petit avec leurs couffins remplis de «Slata méchouia » (une salade grillée, littéralement, en français: une sorte de chutney de piments, de tomates et d’ail grillé, le tout relevé avec du carvi moulu et un peu de sel-ndlr) d’harissa, de merguez, de pain « tabouna » de blé ainsi que du pain rustique d’orge, des olives « tammari », de l’huile d’olive « chétoui » de première pression, des oeufs pochés, du thon.
Et pour le dessert, sur la table, on pouvait déguster: des agrumes (des oranges de la variété « Thomson » et mandarines), des bouteilles isothermes « Thermos » remplies de thé vert fait-maison et des pâtisseries tunisiennes traditionnelles (« Ghraïbet homs » et « Maqroudh »).
« Une baignade le 11 janvier dans une ambiance bon enfant et un délicieux déjeuner « healthy ». Que demande le peuple? Je tiens à remercier tous les membres de cette communauté pour cette belle initiative. Nous sommes des Méditerranéens. La gastronomie et la mer nous unissent. Et ce banquet ponctué de baignade est le symbole de notre méditerranéité. Et longue vie aux Poséidons de Nabeul Plage ! », conclut Zouhir Attafi (71 ans), un adepte des bains de mer réguliers.
Last but not least, les membres de ce collectif ont récidivé, aujourd’hui, vers midi, en organisant un « lablabi party » (une initiative de Mohamed Riadh & Moheiddine Daoud) à la place du festin (grillade de poissons, « slata méchouia », etc.) de la veille.
Bravo à ce groupe d’épicuriens pour ces ondes positives et surtout cette joie de vivre !
Bon à savoir… !
Pourquoi les bains de mer réguliers sont-ils bénéfiques pour la santé ?*
Par Dr Guillaume Barucq
On parle ici des bains de mer pratiqués avec régularité tout au long de l’année. Qu’il fasse beau, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige… le concept est de se baigner en bord de mer avec un simple maillot de bain quelles que soient les conditions. Il s’agit avant tout d’une activité de baignade : on peut barboter, faire son aquagym ou véritablement nager dans l’eau. Mais à la base, il n’y a pas de notion de compétition : il s’agit avant tout de passer un bon moment dans l’eau.
On y reste pendant quelques minutes : généralement 1 minute par degré en hiver (si l’eau est à 11°C, on reste 11 minutes), mais certains y restent plus longtemps en fonction de leur habitude des bains et de leur condition physique, en faisant toujours attention de sortir avant les premiers signes d’hypothermie.
Par leur vitalité, leur enthousiasme et leur forme physique, les membres du club des Ours Blancs de Biarritz m’ont toujours impressionné. J’avais même envisagé de faire ma thèse de médecine sur l’état de santé de ces baigneurs (avant d’opter finalement pour une thèse sur les accidents de surf).
Après avoir rejoint le club des Ours Blancs et expérimenté par moi-même les bienfaits des bains en eau froide, j’ai lancé en 2013 une étude prospective sur l’impact des bains de mer réguliers sur la santé : les personnes qui se baignent au moins une fois par semaine en moyenne toute l’année peuvent participer à l’étude.
Voici une synthèse des principaux enseignements tirés des réponses des 85 personnes ayant rejoint l’étude Bains de Mer et Santé (voir ci-dessous la présentation Power Point), dont la majorité nage à l’année sur la Côte Basque (à Biarritz ou à Saint-Jean-de-Luz), mais aussi ailleurs au bord de l’Atlantique, la Manche ou la Méditerranée.
Pour parler d’une manière imagée, je dirais que les bains de mer réguliers ont une action positive sur notre mécanique, notre tuyauterie et notre câblage : en effet, ils soulagent nos articulations, ils favorisent la circulation sanguine et ils apaisent nos nerfs.
L’action sur les articulations est facile à comprendre : en eau de mer, nous évoluons en apesanteur avec la poussée d’Archimède qui divise par 10 notre poids corporel quand nous sommes immergés jusqu’au cou. Le fait de pratiquer une activité « portée » permet de mobiliser les articulations sans les traumatiser. Alors que parmi les baigneurs réguliers, on compte des patients arthrosiques souffrant surtout des genoux, des épaules ou du dos, 2/3 des patients disent leurs douleurs améliorées par les bains dont la moitié se sentent « très nettement » améliorés au niveau de leurs douleurs par les bains. Les bains réguliers permettent également de maintenir un indice de masse corporelle satisfaisant aussi bien pour les femmes (IMC = 22,2) que pour les hommes (IMC = 24,8). Le fait de ne pas être en surpoids est un facteur qui prévient aussi les douleurs d’arthrose. De corpulence normale, les baigneurs réguliers ne sont pas maigres pour autant : certains gardent une couche graisseuse qui est la bienvenue pour supporter l’eau froide quand l’hiver arrive.
L’une des actions les plus puissantes du bain de mer régulier se fait sur le système cardio-vasculaire qui doit en permanence s’adapter à des variations de température : chaud dehors, froid dans l’eau ; froid dehors, « chaud » dans l’eau (c’est le cas quand il fait 0°C l’hiver et qu’on va se « réchauffer » dans une eau à 12°C). Les variations de température à l’entrée et à la sortie de l’eau ont une action puissante sur la vasomotricité : les vaisseaux sanguins périphériques se contractent en réaction au froid (vasoconstriction) et ils se dilatent quand la température se réchauffe (vasodilatation). Cette stimulation des vaisseaux sanguins par l’eau froide est bénéfique pour les artères (en l’absence d’artériopathie) et pour les veines dont la tonicité est renforcée (ce qui est bénéfique en cas de jambes lourdes ou d’insuffisance veineuse). Quand on entre dans l’eau froide (l’eau de mer est toujours plus froide que la température corporelle, même aux Maldives !), la vasoconstriction des vaisseaux superficiels entraîne un reflux de la masse sanguine vers l’intérieur du corps et les organes profonds. La vasodilatation qui s’ensuit quand on se réchauffe à la sortie de l’eau entraîne un flush dans les vaisseaux périphériques par le retour sanguin (certains baigneurs ressortent tous rouges de l’eau ou se recolorent sous la douche).
Contrairement à une idée reçue, les bains ne sont pas mauvais pour le cœur, bien au contraire ! Nous verrons en détails comment les bains et la natation à un rythme modéré ont une action positive sur la tension artérielle et la fréquence cardiaque.
En ce qui concerne l’impact sur le psychisme et le système nerveux, on pourrait dire que le bain apaise les tensions nerveuses. Il faut avoir vécu cela au moins une fois pour comprendre ce mélange d’apaisement, de bien-être et d’euphorie qu’on ressent après un bon bain. Quand l’eau est très froide, elle peut même devenir léthargisante : on ressent alors un état second avec certain ralentissement et un grand calme après le bain.
Les bains de mer ont un effet antidépresseur, euphorisant et anxiolytique. 78% des baigneurs réguliers déclarent que les bains les mettent de bonne humeur, 56% que cela les stimule et 44% que cela les calme.
Cet effet dure plus ou moins longtemps selon les personnes. Pour 33% des personnes interrogées, l’effet du bain dure 6 heures environ, pour 54% les effets bénéfiques se font ressentir pendant 12 à 72 heures, et 12% déclarent se sentir bien pendant une semaine entière après le bain.
Le sevrage peut s’avérer douloureux pour certains qui se déclarent d’humeur triste (39%), stressé (30%), irritable (28,5%) ou ralenti (22%) quand ils ne peuvent pas se baigner pendant plusieurs jours. Seul 1 baigneur régulier sur 5 arrive à se passer des bains sans problème.
Même si les nageurs réguliers ont généralement une bonne hygiène de vie (90% ne fument pas), pratiquent au moins une autre activité physique (marche, vélo, gym, course à pied ou yoga) et sont de bons vivants (78% consomment occasionnellement de l’alcool avec modération, surtout du vin), il n’en reste pas moins que ces bains de mer réguliers leur apportent un plus pour leur santé.
Le corollaire est la moindre consommation de médicaments : 70% des baigneurs n’en prennent pas du tout, et 96% en prennent moins de 3 au total, malgré une moyenne d’âge de 57 ans et 25% des baigneurs ayant plus de 65 ans.
Comme l’étude se fait sur un échantillon réduit de personnes, il sera difficile d’établir un lien de cause à effet entre les bains réguliers et la prévention de maladies chroniques comme le diabète, les cancers ou les maladies neuro-dégénératives comme Alzheimer. On peut néanmoins avoir une idée sur la prévalence des affections aiguës et là encore tordre le cou à une idée reçue largement répandue : non ce n’est pas le froid qui rend malade en hiver : au contraire les nageurs régulièrement exposés au froid tombent très rarement malades. Et cela s’explique par les propriétés de l’eau de mer qui stimule le système immunitaire, le contact avec un milieu vivant rempli de microorganismes, ainsi que le drainage régulier des fosses nasales à chaque bain qui permet d’éliminer les pathogènes ou les allergènes qui auraient la mauvaise idée d’y stagner.
Résultat : 71% des baigneurs réguliers n’attrapent même pas le moindre rhume en hiver ! Et certains vous racontent même comment leurs infections ORL récidivantes se sont taries depuis qu’ils se baignent régulièrement.
J’avais exposé les tous premiers résultats de l’étude à l’occasion de la Conférence Mer & Santé dont voici la vidéo (voir ci-dessous).
Les résultats exposés dans l’article ont été mis à jour avec les données fournies par les nouveaux participants à l’étude. Pour participer à l’étude, cliquez ici.
*Source: guillaume-barucq.com