
– « Les conseils de Ahmed Mghirbi »
– « Chetali tenait le vestiaire d’une main de fer »
– « L’EST, un exemple de success-story »
Il était l’un des pionniers du Stade Tunisien. Un capitaine exemplaire. Il n’a écopé que d’un seul carton jaune durant sa carrière footballistique avec les Bardolais. C’était lors du match contre l’OCK par un arbitre algérien qui, lorsqu’il a su que c’est son premier avertissement, a voulu l’annuler. Certes, il n’a pas remporté de titres avec son équipe : « C’est bien dommage, mais notre prestation lors de la Coupe du monde en Argentine 1978 et notamment notre victoire sur le Mexique sont beaucoup plus qu’un titre national ou continental », a confié notre invité, Mohsen Jendoubi, avec qui nous avons retracé ses souvenirs au Stade Tunisien et en équipe nationale. Un footballeur qui, au départ, était un gymnaste avant d’être repéré un entraîneur de football, un certain Amor Méjri.
Élève au lycée Khaznadar au Bardo, Mohsen Jendoubi s’est illustré en gymnastique. Il a été découvert par son professeur de sport, un étranger. Il lui a pronostiqué un avenir radieux en gymnastique. « J’aurais pu être gymnaste, mais Amor Méjri, un autre professeur de sport dans le même lycée et qui est un entraîneur de football au Stade Tunisien, a vu autrement. Il m’a prodigué beaucoup de conseils pour pratiquer le foot en tant que défenseur. Il m’a emmené au ST. Il m’avait montré comment me placer, couvrir, tirer, etc. Et chaque fois il m’encourageait à continuer dans la voie du football en mettant en avant mon atout, à savoir mon gabarit et tout en préservant une condition physique irréprochable. Mais, lorsqu’il a été muté au Kef, j’ai arrêté la pratique du football. De retour à Tunis et croyant toujours en mes capacités, il est venu me chercher, chez moi. Il a tenu bon pour que je continue à pratiquer le football. », raconte Mohsen Jendoubi.
Baptême du feu réussi
Encore junior, Mohsen Jendoubi a été convoqué par Ammar Nahali, entraîneur de l’équipe sénior du Stade Tunisien. Il l’a aligné parmi l’équipe rentrante lors d’un match important pour l’USM qui jouait pour le maintien : « J’ai réussi ma première sortie en accomplissant ma tâche convenablement. J’ai attiré l’attention par ma fraîcheur physique et ma solidité. J’ai barré le chemin aux attaquants monastiriens qui ont fait de leur mieux pour gagner afin d’assurer le maintien. Par ailleurs, je salue mon équipier Ahmed Mghirbi pour ses conseils. J’ai beaucoup appris de lui pendant les cinq ans passés avec lui en défense. Bref, le premier match de ma carrière en sénior contre l’USM était un de mes meilleurs matches que je n’oublierai jamais. », nous a confié Jendoubi.
Consécration à l’échelle arabe
Mohsen Jendoubi était un joueur malchanceux. Il n’a remporté aucun titre avec son équipe, le Stade Tunisien. Même dans la catégorie junior. Il a perdu en finale de la coupe de Tunisie contre l’ESS, renforcée par ses anciennes gloires telles que Hamed Kammoun, Samir Bakaou et bien d’autres. La seule coupe qu’il a remportée était celle de la police arabe avec l’équipe de Tunisie qui a battu en finale l’Algérie sur le score de (1-0). Même avec l’équipe Saoudienne d’Al Ahly avec laquelle il a passé deux ans sur proposition de Tarek Dhiab, son équipe n’a pas pu conserver son titre en terminant en deuxième position.
La main tendue d’André Nagy
Jendoubi a été convoqué en équipe nationale par André Nagy à l’occasion de la participation au tournoi international de Syrie. L’équipe nationale étant durant cette période composée de très bons joueurs tels que Kaâbi, Kerrit, Attouga, Zoubaier, Maleki, Ali Rtima. « Depuis ce tournoi de Syrie, je n’ai pas quitté l’équipe nationale. Et j’étais titulaire à part entière la plupart du temps. », a tenu à préciser notre interlocuteur.
L’apothéose
L’équipe nationale de 1978, encadrée par Abelmajid Chetali et Taoufik Ben Othman, a été l’apothéose pour Mohsen Jendoubi : « L’appartenance à une équipe nationale composée de «stars» et entraînée par un staff technique compétent est une consécration. Lors de notre match inaugural contre le Mexique à la Coupe du monde en Argentine, nous avons encaissé à la fin de la première mi-temps un but qui nous a découragés. Toutefois, Chetali a su comment nous préparer dans les vestiaires pour aborder la deuxième manche avec un moral de fer. Il nous a demandé de relever la tête. Chetali tenait le vestiaire d’une main de fer. Le coach tunisien a toujours la tête haute, nous a-t-il dit. Il a accroché devant nous le drapeau national et il a quitté les vestiaires sans ajouter aucun mot. » se souvient avec émotion Mohsen Jendoubi avant d’ajouter : « Gonflés à bloc, nous avons dominé notre adversaire. Nous l’avons battu sur le score de (3-1) qui est resté dans les annales du football mondial. Nous n’avons pas cru nos yeux. Et en plus de cela, nous avons confirmé lors de la deuxième rencontre face à la Pologne que je considère comme notre meilleure prestation au Mondial d’Argentine. Et puis contre l’Allemagne, nous avons été privés d’un pénalty .D’ailleurs, l’arbitre a déclaré qu’il n’a pas sifflé un penalty pour une équipe novice dans le Mondial face à une autre championne du monde».
L’Espérance et les autres
En parlant de son club, Mohsen Jendoubi se souvient de la bonne période qu’il a vécue, de ses très bons joueurs et de son riche palmarès. De son temps, il n’y avait pas autant d’argent dans le football comme aujourd’hui : « Les finances manquaient à tel point que les responsables attendent l’exploit d’un joueur pour le vendre afin de subvenir aux besoins du reste de l’équipe. D’ailleurs, les autres grands clubs tels que le CA, le CSS et l’ESS font la même chose pour subvenir à leurs besoins.
Seule l’EST est en bonne santé financière. C’est un exemple de success-story», ajoute Mohsen Jendoubi qui a insisté à mettre en évidence le respect mutuel qui existait à son époque entre les clubs, les joueurs, les responsables et même les supporteurs. Malheureusement, ce phénomène a disparu. Pourtant, le football doit être un moyen de rapprochement.
Salah KADRI