Accueil Actualités Intelligence artificielle: le futur n’est plus le pétrole, mais la data !

Intelligence artificielle: le futur n’est plus le pétrole, mais la data !


La nécessité de mettre en œuvre une stratégie nationale en IA a été mise en exergue, mais une stratégie sans vision est dépourvue de sens. En élaborant une stratégie, il faut impérativement répondre à la question « quoi faire et non comment faire ? ». Une stratégie, c’est quelque chose de vivant. En cours de route, elle a parfois besoin de changer d’objectifs et toute action sans stratégie conduit à un résultat nul.

Dans le cadre des activités scientifiques de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts « Beït al-Hikma », le département des sciences naturelles et mathématiques a organisé en collaboration, avec l’Association tunisienne pour l’intelligence artificielle (Atia), une rencontre scientifique sur l’Intelligence artificielle (IA). Magistralement menée par Khaled Ghedira, docteur en IA, et membre de l’académie, et avec la participation d’éminents experts, la rencontre a permis de plancher sur l’IA, son impact sur le développement du pays et surtout de se poser une question bien pertinente : où en sommes-nous et que devrons-nous faire pour ne pas rater le coche ?

Quand les datas détrônent le pétrole

L’intelligence artificielle bouge à un rythmé effréné. Les multinationales de la Data prennent de plus en plus la place des multinationales pétrolières. Le futur n’est plus le pétrole mais la Data, relève Khaled Ghedira. «De la Data, à la big data et au deep learning, le monde s’oriente vers une intelligence artificielle affective», ajoute-t-il dans son exposé dédié à l’évolution de l’IA, sans oublier de souligner les enjeux socioéconomiques comme en témoignent ces nouveaux métiers qui apparaissent dans le monde du digital (ingénieur cogniticien, psydesigner, coach de robot, ingénieur en linguistique, chatbot master…). Il va sans dire que bien d’autres métiers verront le jour dans un futur très proche.

Le maître du monde est celui qui deviendra leader en IA, c’est le président russe, Valdimir Poutine, qui l’affirme. De son côté, l’ancien président américain Obama déclare en 2016 que son successeur devra gouverner un pays transformé par l’IA. C’est dire l’importance des enjeux géopolitiques. Les nouvelles puissances économiques ce sont les géants du web aux USA, le Gafam (Google, Amazone, Facebok, Apple et Microsoft) d’un côté et les géants du web chinois de l’autre, à savoir le Batx (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi).

Et nous les Tunisiens, que devons-nous faire, se demande Dr Khaled Ghedira ? A cette question, il répond qu’il ne faudra pas rater le train. «Nous devons trouver notre niche», préconise-t-il. Il nous faut une stratégie nationale à un niveau transversal (présidence de la République ou la présidence du gouvernement) avec la participation d’une équipe pluridisciplinaire.

L’engagement politique fait-il défaut ?

Une table ronde et un débat autour de la stratégie nationale en IA a été l’occasion de passer en revue les difficultés et les défis à relever en la matière ainsi que l’impact de l’IA sur le développement de la Tunisie. « Les nations qui maîtriseront l’intelligence artificielle seront les puissances de demain » avait rapporté l’ancien  président français François Hollande en 2017. Les conférenciers ont mis en exergue l’importance de mettre en œuvre une stratégie nationale en IA mais une stratégie sans vision est dépourvue de sens, souligne le contre-amiral à la retraite et ancien premier conseiller à la présidence de la République, Kamel Akrout. En élaborant une stratégie, il faut impérativement répondre à la question « quoi faire et non comment faire ? ». Une stratégie c’est quelque chose de vivant. En cours de route, elle a parfois besoin de changer d’objectifs et toute action sans stratégie conduit à une résultante nulle, dévoile notre conseiller.

Toutefois, une stratégie a besoin de moyens mais aussi d’engagement politique et une synergie pour aller de l’avant. Un engagement qui fait malheureusement  défaut du côté de nos décideurs, déclare le professeur Jalel Ezzine, titulaire de la Chaire Unesco  pour la science, la technologie et l’innovation.

Les jeunes appelés à prendre l’initiative

Kaïs Mejri, directeur général de l’innovation et du développement technologique au ministère de l’Industrie et des PME en Tunisie, explique pour sa part que si l’Etat n’a pas de vision ce sont les jeunes qui doivent prendre l’initiative et avoir cette vision. Un tiraillement est perceptible aujourd’hui entre deux économies et deux mondes. Un nouveau monde est en train de prendre forme. Il est constitué de jeunes porteurs de projets innovants. «Si on va attendre que la situation politique dans notre pays se stabilise il faudra attendre jusqu’à l’an 2050 pour aboutir à une stratégie de lien, car la question n’est pas une priorité de l’Etat»,  selon ses dires.

Les datas c’est le nouveau pétrole du monde, la nouvelle bombe atomique, estime l’intervenant qui conclut toutefois par une note d’espoir. «La Tunisie a tous les atouts pour être au moins au starting-block à l’échelle internationale car tous les pays sont dans la phase d’entame. Mais il est important d’avoir une vision».

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