Booster l’entrepreneuriat via le renforcement des PME et des TPE acquiert une dimension à cheval entre l’économique et le social et reflète le souci d’établir un nouveau modèle de développement, fondé sur l’égalité des chances pour tous.
Le Centre de promotion des exportations mise sur cette inclusion financière et développementale des TPE et des PME via l’exploitation d’un fonds, conçu à cet effet. Il s’agit du Fonds TASDIR+, lequel avait démarré en 2015 pour un mandat de cinq ans. Financé par la Banque mondiale, il touche à sa fin après avoir relevé des défis colossaux…
En effet, lors de l’organisation, récemment, par la Cncfe, d’un séminaire sur l’E-Export, M. Riadh Bzzarga, directeur-coordinateur du Fonds TASDIR+, a saisi l’occasion pour revenir sur les objectifs fixés pour cette source de financement, quoique provisoire. La mission du fonds consiste à appuyer le commerce électronique en faveur des PME et des TPE et à mettre à leur disposition toutes les opportunités de l’exportation moderne, car régie par le paiement électronique. Il ouvre également la voie aux entreprises tunisiennes pour s’implanter à l’étranger, diversifier produits et marchés et acquérir en notoriété.
Doté d’un budget honorable de l’ordre de 15 millions d’euros, le fonds a préparé le terrain à près de 600 entreprises en vue de leur permettre de s’engager dans l’export. M. Bzzarga a souligné que promouvoir le commerce international implique une sélection perspicace de projets innovants. D’ailleurs, 50% des entreprises soutenues et financées par le fonds sont investies dans le secteur des Ntic. «Ce qui distingue le Fonds TASDIR+, c’est son offre doublement intéressante. Nous proposons, en effet, aux jeunes entrepreneurs deux sortes d’appui : l’appui à l’exportation des produits, notamment ceux relevant des filières artisanale, agricole et agro-alimentaire, mais aussi des filières Ntic et autres, d’une part, et l’appui à l’implantation à l’étranger, d’autre part», a-t-il indiqué.
Cette démarche est susceptible aussi bien de booster la conquête de nouveaux marchés que d’ouvrir la voie à l’internationalisation d’une entreprise tunisienne. «En fait, nous proposons trois types de produits : le business plan, l’implantation à l’étranger et aussi l’approche filière», a-t-il ajouté.
Franchir le seuil de l’export
Pour ce qui est du business plan, lequel a pour finalité d’accéder à l’exportation, l’entrepreneur bénéficie d’un financement plafonné à 300 mille dinars. Grâce à cette enveloppe ainsi qu’à l’appui technique, l’entrepreneur dispose d’une panoplie d’actions à même de lui faciliter le chemin vers l’exportation de ses produits dans trois marchés différents. Le fonds assiste l’entreprise dans la commercialisation et la promotion de ses produits via sa participation aux salons et aux événements internationaux. Une aide technique au développement du produit ou de l’entreprise, d’une manière générale, est accessible dans le cadre du business plan. Notons que le développement de l’entreprise acquiert une grande importance dans la mesure où il lui assure plus de notoriété et de transparence à l’échelle aussi bien nationale qu’internationale. «Il s’agit de certifications indispensables au statut de l’entreprise, à la création de cellules spécialisées dans l’export ainsi que l’organisation de sessions de formation ciblée », a-t-il expliqué. Il est à préciser que 50% du coût du business plan sont remboursables.
Vers l’internationalisation de l’entreprise
S’agissant de l’aide à l’implantation de l’entreprise à l’étranger, le fonds s’occupe des charges nécessaires à cet effet, dont le voyage, l’installation à l’étranger, les actions promotionnelles, etc. Il dote aussi l’entreprise en question d’une prime sur la valeur exportée sur le marché. «Nous insistons, auprès des bénéficiaires, surtout ceux actifs dans les filières agricole et agroalimentaires, sur l’impératif de diversifier l’offre et d’introduire une plus grande variété de produits sur le marché conquis», a souligné M. Bzzarga.
Approche filière : la synergie est de mise
Le responsable a attiré l’attention sur la nécessité, pour les jeunes entrepreneurs tunisiens, de s’inspirer du principe de solidarité et de complémentarité afin d’être mieux armés pour relever les défis de l’export. Si l’union fait la force, c’est que les entreprises actives dans une même filière et aspirant à la réalisation des mêmes challenges sont dans le devoir de s’unir pour que le taux de réussite puisse être multiplié sinon optimal. «Il n’est plus tolérable, de nos jours, de se recroqueviller sur soi et de mener la lutte pour la visibilité internationale en solo. Pour les entreprises tunisiennes, relevant d’une même filière, poursuit le responsable, la concurrence s’impose à l’échelle nationale. Cependant, du moment qu’il s’agit de conquérir de nouveaux marchés, la solidarité et la complémentarité sont de mise. D’où l’approche filière sur laquelle table le Fonds TASDIR+». Et d’ajouter que le coût de l’accès à l’exportation via l’approche filière devient nettement moindre qu’au profit d’une seule entreprise, ce qui est plus qu’avantageux. D’autant plus que la synergie de plusieurs entreprises promet une meilleure pérennisation de sa présence sur le marché mondial. Aussi, et afin d’encourager l’association de plusieurs entreprises, le fonds met à leur disposition un appui financier non plafonné !
45MD au profit de 563 entreprises
Grâce aux différentes modalités d’appui, le Fonds a réussi, les quatre dernières années, à soutenir 563 entreprises via un financement global de l’ordre de 45 MD. «Les filières les plus concernées sont l’industrie ( 40%), les Ntic et le secteur des services ( 40% ) et le commerce international (10%). La majorité des entreprises soutenues sont issues du Grand-Tunis bien que nous n’ayons ménagé aucun effort pour inciter les jeunes entrepreneurs dans les régions de l’intérieur à bénéficier des appuis du fonds.
D’ailleurs, nous y avions organisé une trentaine d’actions de sensibilisation et d’information sur les offres du fonds, en vain», a précisé M. Bzzarga. Pourtant, ça aurait été une chance à saisir pour les PME et les TPE dans les régions de déployer leurs ailes et d’aller en avant surtout que TASDIR+ se caractérise par une numérisation optimale. «Toutes les démarches et les procédures sont effectuées à distance. L’entrepreneur n’est appelé à se rendre à notre siège qu’une seule fois, une fois le dossier admis, pour négocier notamment son business plan», a-t-il précisé.
180 entreprises implantées à l’étranger
Cela dit, les réussites ne se font pas rares. Toujours selon les chiffres fournis par M. Bzzarga lors du séminaire sur le E-export, le fonds a permis à pas moins de 180 entreprises de s’implanter à l’étranger, dont 56 ont été réalisées, dans le cadre de l’approche filière, par 45 entreprises en synergie. La présence de la femme cheffe d’entreprise ne passe aucunement inaperçue bien que le fonds n’opte pour aucune mesure de discrimination positive sur fond de genre. L’orateur a souligné que 15% des entreprises soutenues sont dirigées par des femmes. «Les chiffres relatifs à 2018 ont clairement montré que les entreprises féminines sont nettement plus performantes que celles dirigées par des hommes », a-t-il noté.
Le e-commerce figure au cœur des préoccupations du fonds. Une trentaine d’entreprises appuyées par TASDIR+ sont investies dans le domaine de vente en ligne des produits du textile, des produits de beauté, mais aussi des dattes de Kébili, et ce, vers plusieurs marchés, notamment le marché russe, celui de l’Afrique de l’Ouest et celui français.
Placer la barre haut !
Mais la véritable fierté du fonds, ce sont les indicateurs qu’il a enregistrés, lesquels excèdent nettement ceux nationaux. Et pour preuve : les entreprises soutenues par TASDIR + ont donné des résultats de plus de 32% en comparaison à la moyenne nationale. Mieux encore : une trentaine d’entreprises devenues fraîchement exportatrices ont réussi à réaliser, en 2018, un chiffre d’affaires de l’ordre de 30MD.
D’autant plus que 80% des entreprises ayant bénéficié de l’appui du fonds sont parvenues à diversifier leurs marchés, alors que la moyenne nationale n’excède pas les 10% !
M. Bzzarga a rappelé, néanmoins, que le fonds prend fin cette année, ce qui laisse à entendre que bon nombre d’éventuelles entreprises seraient privées d’un si précieux soutien financier et technique. «Nous sommes en négociations avec la Banque mondiale, dans l’espoir de renouveler le mandat ne serait-ce pour une durée supplémentaire de deux ans. Mais dans tous les cas, nous sollicitons vivement le Cepex pour prendre le relais et perdurer ce mécanisme d’aide aux PME et aux TPE», a-t-il recommandé.