
Les autorités et notamment le ministère de la Santé ne cessent de le rappeler : en dépit de la stabilité de la situation épidémiologique, tout relâchement est synonyme d’une dangereuse rechute. Hier, premier jour du mois saint, les Tunisiens se sont malheureusement adonnés à des comportements irresponsables mettant la sécurité nationale en péril au vu des risques de contagion et de la généralisation de la contamination.
Il semble que les messages rassurants des autorités sanitaires sur l’amélioration de la situation épidémiologique en Tunisie aient un effet contre-productif et ont fait que des citoyens observent un relâchement et ne se conforment plus aux dispositions du confinement total décrété depuis le 22 mars dernier, notamment pendant le premier jour du Ramadan. Des rues bondées, des marchés encombrés et des rassemblements partout, ce sont les scènes que nous avons observées, hier, alors que le ministère de la Santé a, à chaque fois, mis en garde contre une rechute et une dégradation de la situation épidémiologique.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes ont témoigné de l’absence de l’application des mesures de confinement total, seul moyen efficace pour lutter contre la pandémie ou du moins ralentir sa progression. En effet, des photos et vidéos des marchés populaires et des commerces bondés et encombrés ont fait le tour de la Toile. Au marché Sidi Bahri à Tunis, par exemple, finies les mesures sanitaires de prévention, les gens font, lors de ce premier jour du Ramadan, comme si de rien n’était et comme si les risques de contagion étaient éradiqués. Mais rien de cela n’est vrai, la Tunisie, et notamment le Grand Tunis qui enregistre selon un dernier bilan près de 200 cas de coronavirus confirmés, fait face toujours à une dégradation brusque et dangereuse de la situation épidémiologique.
Si, pour certains citoyens, Ramadan a démarré dans l’insouciance totale à l’égard des mesures prises et qui ont coûté des milliards de dinars de pertes aux caisses de l’Etat, pour les spécialistes, ces comportements pourraient anéantir tous les efforts qui ont été consentis jusque-là. Et c’est notamment une photo choquante et révoltante qui témoigne parfaitement de cette situation marquée par un laisser-aller inadmissible. Montrant le marché de Sidi Bahri bondé de clients, dont la majorité ne respectant pas l’obligation du port de masque ni la distanciation sociale, ces scènes pourraient avoir des répercussions sanitaires conséquentes, alors que le pays s’apprête à entamer une phase de déconfinement ciblé à partir du 4 mai.
On risque gros !
En vérité, ce relâchement a été observé depuis avant-hier, veille du Ramadan, quand les traditions de ce mois saint, transformé malheureusement en une occasion de consommation parfois irrationnelle, ont fait oublier aux citoyens les exigences hygiéniques et sanitaires de l’actuelle période.
C’est le président de l’Organisation de défense du consommateur (ODC), Slim Saadalh, qui a mis en garde contre les risques de ce relâchement constaté depuis jeudi dans plusieurs gouvernorats. « Nous craignons la perte de tout ce que nous avons construit au vu des scènes multiples d’encombrement observées notamment dans les marchés », s’est-il inquiété sur les ondes d’une radio privée.
Le responsable appelle, dans ce sens, les consommateurs à éviter ce genre de comportements irresponsables d’autant plus que les différents produits sont disponibles dans les marchés et les circuits de distribution.
Pourtant, entre le 24 mars et le 20 avril 2020, 665 personnes ayant enfreint le confinement sanitaire ont été interpellées par la Garde nationale. Cent quarante-huit personnes ont été arrêtées, quarante-quatre devront comparaître devant le tribunal et des avertissements ont été adressés à 240 autres ayant enfreint le couvre-feu, outre 418 personnes en garde à vue.
Le Chef du gouvernement avait annoncé qu’après une évaluation de la situation sanitaire, le confinement général se poursuivra jusqu’au dimanche 3 mai tout en précisant que le déconfinement se fera progressivement et par étapes à partir du lundi 4 mai. A compter de cette date, le confinement deviendra ciblé selon les secteurs, les régions et les catégories.