
Connu comme étant l’un des piliers de l’économie nationale, le bassin minier ne connaît malheureusement pas ses meilleurs jours. Après une séquence interminable de sit-in et de bouleversements sociaux ayant mis à mal sa production, ce site se trouve confronté à une nouvelle crise, celle du coronavirus, limitant son activité à seulement 30% de sa capacité globale. Il fait ainsi face à des difficultés financières, budgétaires et gestionnaires énormes mettant parfois son activité en péril. Le défi est aujourd’hui de taille : relancer l’activité de ce secteur en pleine crise sanitaire.
Le dossier a été rouvert récemment par le Chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, qui a présidé un Conseil ministériel restreint consacré au suivi des préoccupations du bassin minier et des solutions urgentes permettant la reprise de la production dans ses différents sites. Actuellement et à la lumière de la situation sanitaire qui prévaut en Tunisie et ailleurs dans le monde, l’activité et la production des différents sites du bassin minier sont à 30% de leur capacité réelle. Alors que le pays est frappé de plein fouet par cette crise, les différentes unités de production trouvent des difficultés énormes pour assurer leur activité en cette période de confinement, outre l’extraction du phosphate et sa transformation, c’est notamment le transport qui pose problème.
En tout cas, ce Conseil ministériel a décidé la formation d’une équipe de travail spécialisée pour mettre en place une vision stratégique pour un traitement global et durable des préoccupations profondes du bassin minier prenant en considération les aspects économiques, sociaux et environnementaux de la région.
Face à cette situation marquée par le blocage ou presque de la production, notamment en cette période de crise sanitaire et économique, et qui engendre des pertes colossales, particulièrement à la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), et par ricochet à l’économie nationale, un plan de sortie de crise s’impose. Les différents sites de production sont concernés par la stratégie de sortie du confinement total qui devra prendre effet à partir du 4 mai prochain, et le rythme de production dans le bassin minier devrait peu à peu monter en puissance et revenir à son niveau habituel d’ici deux semaines. Car, en effet, comme l’avait expliqué Elyes Fakhfakh lors de sa dernière apparition médiatique, les secteurs dont la production est orientée vers l’exportation devraient reprendre du service à partir du 4 mai prochain. Le bassin minier répond parfaitement à ces conditions, ce plan de déconfinement le concernera sans aucun doute. Mais comment s’assurer d’un retour efficace et durable à la normale malgré la persistance des risques de contagion, notamment dans les rangs des travailleurs de ces mines ?
Pour le gouvernement, la réponse est simple, le retour à l’activité se fera sur une seule base, celle du respect rigoureux et ferme des normes et des exigences hygiéniques et sanitaires. Reste maintenant à convaincre les ouvriers de ces sites de production de reprendre leur activité dans des conditions pareilles, notamment pendant le mois saint.
Un manque à gagner énorme
Nous l’avons déjà évoqué : même si la production des mines ne s’est pas arrêtée aux dépens des conditions de confinement général et qui ont contraint certains secteurs à bloquer leurs activités, le rythme de production demeure très limité, d’autant plus que les effectifs ont été réduits au tiers pour assurer les rouages administratifs et productifs, avec une rotation des équipes. Cette situation est synonyme d’un manque à gagner considérable et jusque-là immesurables.
D’ores et déjà et avant le début de cette crise, le secteur des phosphates accusait de grands problèmes financiers et peinait à retrouver son niveau de production observé avant la révolution. Alors que l’objectif pour l’année 2019 avait été fixé à 6 millions de tonnes, la production de phosphate a finalement atteint 4,12 millions de tonnes en 2019, un chiffre qui reste en deçà des objectifs mais marque une production à son plus haut niveau depuis 2010. En effet, c’est la première fois depuis la révolution que la production dépasse les quatre millions de tonnes contre seulement 2,8 millions en 2018 et 3,9 millions en 2017. Et si l’objectif des six millions de tonnes n’a pas été encore atteint, c’est bien à cause des mouvements sociaux qui continuent à enrayer la production de la Compagnie des phosphates de Gafsa. Car, avouons-le, la chute des chiffres à partir de l’année 2011 est due aux perturbations sociales et politiques dans les villes du bassin minier après la révolution du 14 janvier 2011.
Cette situation tendue s’est répercutée sur la continuité du travail, notamment à la CPG, et a causé plusieurs interruptions, ce qui a généré un impact négatif sur tous les indicateurs commerciaux et techniques de la Compagnie. En 2010, selon les données disponibles sur le site de la CPG, la production de phosphate avait atteint 7,28 millions de tonnes.
Il faut noter que selon des estimations officielles, la Tunisie a perdu près de deux milliards de dollars ces dernières années en raison d’une baisse des exportations de phosphate suite aux manifestations répétées, notamment à Gafsa. Selon le P.D.G. de la CPG, l’arrêt du transport du phosphate a engendré d’énormes pertes estimées à 400 millions de dinars par an.
En tout cas, le premier trimestre de l’année en cours marque une production estimée à 1,5 million de tonnes de phosphate brut et les responsables tablent sur la production de six millions de tonnes pour l’année 2020. Mais la crise du coronavirus pourrait priver encore une fois la CPG d’atteindre ce seuil symbolique de 6 millions de tonnes par an.
Rappelons que le Conseil ministériel a mis l’accent sur la nécessité de parvenir à une solution pour assurer la reprise de l’usine de Mdhilla à Gafsa et l’accélération de la réparation de la ligne 15 et sa réactivation dans les plus brefs délais. En outre, il a été décidé de former une équipe de négociateurs composée de représentants du gouvernement et des ministères concernés pour trouver des solutions urgentes afin d’assurer la reprise du rythme de la production, résoudre la problématique du transport de 2,5 millions de tonnes prêtes pour l’exportation et la transformation et préserver la pérennité de l’entreprise dont les pertes ont dépassé les 1 000 milliards en comparaison de 2010.
Liberte
26 avril 2020 à 09:46
La Tunisie n’a jamais su developper une industrie florissante, la corruption fait toujours barrage , le phosphate est et restera une denrée nécessaire à la pharmacie, à l’agriculture et à l’industrie chimique. Bref au lieu de vendre le phosphate brut essayez d’encourager et de faciliter l’installation de sous traitants pour le faire, ainsi création d’emplois et bénéfices assurés . Autre solution louez ou vendez aux chinois ce site et acceptez la dictature chinoise avec le non respect de la nature, l’exploitation des ouvriers , et j’en passe. Un audit doit être réalisé le plus vite possible avant qu’un pays ne saisissent ce fleuron, les dettes ainsi que les crédits se multiplient et nos hommes politiques s’enrichissent de plus en plus.