Les experts agricoles sont unanimes quant à la nécessité de recourir au tout biologique dans notre agriculture pour développer davantage son essor entamé depuis au moins deux ans. La pandémie du coronavirus est passée par là pour nous « montrer qu’il est grand temps de réformer notre agriculture avec des solutions innovantes et alternatives ».
M. Faouzi Zayani, vice-président du syndicat national des agriculteurs, a donné le ton à l’ouverture de la réunion de travail qui s’est déroulée cette semaineau siège du Synagri—Franceville (El Omrane). Il a affirmé l’intérêt de soutenir l’agriculture biologique plus que jamais, «L’apparition de l’épidémie du Covid-19 ces derniers mois est une opportunité qu’il faut saisir pour revoir le mode de fonctionnement de l’agriculture tunisienne. L’agriculture biologique est la réponse !».
Une visioconférence entre les membres du Synagri et les représentants du ministère de l’Agriculture a permis la présentation du projet International «Organic ecosystem» dont la chambre d’agriculture biologique et du tourisme vert Cnabtv / Synagri est partenaire. C’est un projet du programme ENI CBC MED qui vise à renforcer les alliances agro-alimentaires, à promouvoir le développement des entreprises et des PME parmi les grappes économiques et les parties prenantes euro-méditerranéennes.
Plusieurs partenaires tunisiens ont animé les débats pour faire avancer le projet. D’un côté, M. Zayani, M Mohamed Ikbal Souissi et M Hichem Aissa, respectivement, président et vice-président de la Chambre nationale de l’agriculture biologique et du tourisme vert, et l’ingénieur agricole et responsable technique, Mme Chaima Snoussi, ont pris la parole pour exposer leurs visions. D’ l’autre côté, Mme Samia Maamer, directrice générale de l’Agriculture, biologique au ministère de l’Agriculture, a explicité les derniers développements du projet avec les partenaires de la Tunisie.
Elle affirme d’emblée que le chef de file du projet est la Jordanie, représentée par une délégation du ministère de l’Agriculture jordanien : « Le choix de la Jordanie, repose essentiellement sur les différentes chaînes de valeur dont il dispose». M. Hichem Aissa parle du projet entre l’Union européenne et le Maroc et relève les décalages d’un pays à l’autre. «A titre d’exemple, la zone d’Agadir fournit toute l’Europe en citrons et agrumes ».
Le projet International «Organic ecosystem» visera à accroître la diversification des produits et à développer un cluster économique euro-méditerranéen.
La contribution financière européenne sera de 2.1 millions d’euros en tant que principal bailleur de fonds du projet. Une compétitivité accrue boostera, ainsi, l’emploi en Tunisie. Il est prévu qu’ 1% des habitants deviennent agriculteurs bio en Tunisie.
Reprenant la parole, M Aissa a déploré le fait que le ministère de tutelle n’ait pas daigné répondre favorablement à leur demande d’exploiter un magasin réservé aux produits bio du producteur au consommateur de façon durable à cause des extrapolations des dirigeants qui voient les choses évoluer différemment.
Le potentiel de la Tunisie en matière de bioagriculture est important car deux millions d’hectares de terres cultivables peuvent servir à déployer son essor. Or, seuls 5% de l’ensemble des chaînes de valeurs sont exploitées. Un manque à gagner colossal !