Celui qui réunit un ensemble de qualités assez exceptionnelles doit retrouver tout ce qui a fait sa réputation d’attaquant d’affût qui tire le meilleur parti d’un pouvoir de jaillissement remarquable.
Naïm Sliti a conquis le cœur des Tunisiens lors d’un derby maghrébin face aux Fennecs lors de la CAN 2017. Au cours d’un choc d’une rare intensité, il brille de mille feux et s’impose définitivement comme un pilier du Team Tunisie.
Avant vif et rapide, il se démarque par sa mobilité constante sur le front de l’attaque. Adroit et surtout précis, Sliti est difficile à arrêter balle au pied.
Seule palette à travailler, un jeu de tête à soigner. Ce qui n’est toutefois pas à blâmer pour un attaquant de poche qui compense cette « absence » par beaucoup d’adresse dans la zone de vérité. Il est vrai que Naïm Sliti sait marquer dans toutes les positions, individualiste juste ce qu’il faut pour avoir des stats admirables. Cependant, il a toujours dû faire avec une certaine fragilité physique durant sa carrière. Natif de Marseille, Sliti, 27 ans, a fait ses classes à l’Olympique de Marseille, avant d’intégrer le CDF de Sedan.
Les choses s’accélèrent et le voilà promu au Paris FC où il ronge toutefois son frein. C’est par la suite grâce à un certain Steve Marlet qu’il rejoint le Red Star, un club qui monte et qui représente une belle vitrine et une pépinière de talents du football français. Il réussit à taper dans l’œil des recruteurs de Lille, une valeur sûre de la Ligue 1. Recruté sous la forme d’un prêt avec option d’achat, il se montre inconstant mais livre tantôt des prestations dignes d’éloges. Marcelo Bielsa n’est toutefois pas conquis et Sliti est cédé dans la foulée à Dijon.
La poisse des blessures
A l’été 2019, sa carrière prend un tout autre virage. Sliti tente l’aventure en Arabie saoudite et opte pour l’Ettifaq. Là, en pleine possession de ses moyens, Sliti mettra tout le monde d’accord avant de se blesser et d’accuser le coup.
Car, vraisemblablement, il ne s’est pas vraiment adapté au mode de vie local. Pourtant, joueur racé, ce travailleur acharné, est l’incarnation même du style des équipes rigoureuses qui ne carburent qu’à l’humilité, la discrétion et la compétitivité. Et à l’Ettifaq justement, le staff technique a une grande confiance en son potentiel. Car bien avant ses soucis physiques, ce joueur énergique est vite devenu un élément clé dans le dispositif de jeu de l’équipe. Début mars, la conjoncture sanitaire a fait son effet. Ce joueur redouté des défenseurs marque non seulement le pas. Mais cette liste sans fin de blessures l’accable au plus haut point. Dans sa tête, l’Arabie, c’est peut-être fini !
Une courbe cyclique
Aujourd’hui, Naïm Sliti est à la croisée des chemins. Son club employeur tient à lui mais le joueur tâtonne et enclenche même un bras de fer. Sliti invoque ainsi des impayés durant la période de confinement comme raison de son hésitation à reprendre. Or, la reprise de la compétition interviendra le 3 août !
Du coup, ce joueur représente maintenant les deux visages du football tunisien. Du côté sombre, la figure d’un joueur sanguin, imprévisible et capricieux. Du côté flamboyant, un attaquant de grande classe dont la courbe est cependant cyclique. En l’état, quelle suite donner à sa carrière ou plutôt quel point de chute pour un joueur toujours aussi prisé et estimé ?Une chose est sûre, au plus haut niveau, à chaque étape du cursus, il n’a pas manqué de manifester son talent de créateur-buteur. Gageons donc que ses qualités ne laisseront pas indifférents les chasseurs de têtes. Mais encore faut-il que son club employeur libére sa perle rare. Plus qu’une bonne pioche, Sliti est un soliste accompli qui a toujours démontré son intelligence tactique, son sens du déplacement et son opportunisme devant le but.
Un rôdeur prêt à bondir !
Maintenant, il va falloir se ressaisir pour passer de l’inactivité forcée aux feux de l’action. Celui qui réunit un ensemble de qualités assez exceptionnelles doit retrouver tout ce qui a fait sa réputation d’attaquant d’affût qui tire le meilleur parti d’un pouvoir de jaillissement remarquable. Bref, cette faculté à se montrer décisif un peu à la manière de son coéquipier Youssef Msakni. Si tel est son destin, on s’en délecte déjà. Car si vous revoyez ses buts sous la tunique flanquée de l’étoile et du croissant, vous vous apercevrez qu’il les a souvent arrachés aux abords de la cage adverse, devant laquelle il rôde, prêt à bondir, tel un félin ! Oui, assurément, Sliti est vraiment unique en son genre, dans une spécialité où les phénomènes ne courent pas les rues.
C’est un buteur hors du commun, d’un opportunisme doublé d’une humilité probablement jamais égalés sur le terrain. Reste maintenant à prendre son envol et à surtout peser réellement sur un événement majeur. Pour un attaquant vaillant qui possède également une excellente coordination, et un sens de l’anticipation dans la surface à montrer aux novices, il est temps de battre son plein.