Covid-19 | El Hamma, ville sinistrée

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A El Hamma, on prépare déjà les corbillards pour le transport des dépouilles des personnes décédées du Covid-19, alors que l’épidémie connaît une véritable explosion dans cette région qui compte déjà cinq morts. Dans cette ville, la panique est omniprésente au point que les citoyens revendiquent l’instauration du couvre-feu pour limiter la propagation du virus.

Cette ville, jadis havre de paix, surprenante par sa diversité et son écrin de verdure qui assure à ses visiteurs tous les ingrédients de la bonne aventure, de douces sensations, mais aussi de la quiétude et de la méditation, est aujourd’hui une ville sinistrée où plane l’ombre de la mort. En effet, El Hamma est la zone la plus contaminée par le nouveau coronavirus avec plus de 400 cas. L’épidémie touche durement cette petite ville qui déplore déjà cinq personnes décédées ces dernières 24 heures.

Terrés chez eux, les habitants ont peur, et personne ne comprend pourquoi une contamination aussi élevée a frappé de plein fouet cette ville réputée, hélas, pour son infrastructure sanitaire faible.

D’après les habitants, c’est l’arrivée de quelques Italiens porteurs asymptomatiques du virus qui ont rendu visite à une usine de textile pour réparer quelques machines qui serait à l’origine d’une contagion à grande échelle parmi les ouvrières qui ont servi de courroies de transmission du virus auprès de leurs familles et des autres habitants de la ville. Il n’a pas été possible de vérifier cette thèse pour le moment.

Cri de détresse

Avant-hier, le président de la municipalité d’El Hamma, Nasef Ben Najeh, a lancé un cri de détresse pour qu’on vienne en aide à la ville d’El Hamma. Il a, à cet effet, indiqué que l’hôpital local refuse d’accueillir les patients qui se sont rassemblés devant la porte d’entrée. Ben Najeh a aussi assuré que les services de la Protection civile refusent de prendre en charge les patients atteints du virus et les diriger vers le Samu qui est aux abonnés absents.

C’est ce qui a poussé les services municipaux de la ville, selon Ben Najeh, à assurer le transport des patients par leurs propres moyens pour le dépistage. Il a en outre indiqué que l’hôpital militaire de campagne n’a pas de vis-à-vis au sein de l’hôpital public pour la coordination et la mise en œuvre des opérations de prise en charge des malades par le corps médical militaire. 

Il a par ailleurs appelé les membres du syndicat de base de l’hôpital d’El Hamma, qui ont renvoyé le directeur de l’hôpital et fermé les portes de l’établissement, à faire preuve d’abnégation et à faciliter la coordination avec le corps médical militaire.

Conflit avec les syndicalistes

Cette ville, qui compte 120 mille habitants, souffre aussi, depuis le mois de juin, date à laquelle le dernier directeur de l’unique hôpital public a rendu son tablier sur fond de conflit avec le syndicat de base dudit hôpital. L’établissement sanitaire est donc sans direction générale, livré au bon vouloir des syndicalistes régionaux. Ce qui a poussé hier plusieurs citoyens en colère à protester devant l’hôpital, réclamant « l’expulsion » de ces syndicalistes pointés du doigt comme étant des « acteurs de discorde » qui sont à l’origine de la paralysie que connaît cet établissement alors  que l’épidémie sévit dans la région. Pour leur part, les syndicalistes déplorent un manque criant d’équipements sanitaires et accusent le ministère de la Santé de « nonchalance ».

Mise en garde

De son côté, Mounir Trab, président de la section du Croissant-rouge à El Hamma, a mis en garde contre l’absence de mesures de prévention et de distanciation entre les personnes, indiquant, à cet effet, que les personnes contaminées se rendent par bus ou par taxi aux points de rassemblement pour embarquer dans les bus réservés à leur transport aux lieux de confinement.

Mais la panique est omniprésente à El Hamma au point que les citoyens revendiquent l’instauration du couvre-feu comme mesure pour limiter la propagation du virus.

Il est à noter dans le même sillage que depuis trois jours, la ville a connu la visite du ministre de la Santé et du ministre de la Défense et que le gouverneur de Gabès, dont relève cette délégation, s’est rendu sur les lieux, et ce, afin de prendre connaissance des dispositions prises pour limiter la propagation du virus.

Il est à noter également que le présidant la commission régionale de lutte contre le coronavirus à Gabès, le ministre de la Santé par intérim, Mohamed Habib Kchaou, a  souligné le rôle important du citoyen dans la lutte contre le Covid-19, appelant les habitants de la région à se conformer aux recommandations sanitaires et à adopter les gestes barrières (port du masque, distanciation, désinfection des mains…) pour éviter de nouvelles contaminations.

Kchaou a signalé que toutes les mesures ont été prises pour stopper les contaminations dont notamment le renforcement du dépistage, essentiellement à El Hamma, qui a enregistré le plus grand nombre de cas d’infection au virus.

Pour contenir la pandémie, un laboratoire militaire mobile a été installé à l’hôpital de Gabès.

Selon le responsable de ce laboratoire et chef du service de microbiologie à l’hôpital militaire, Mohamed Ben Moussa, l’installation de ce laboratoire vise à rapprocher les services de santé du citoyen.

Pour désinfecter les rues et les équipements, trois blindés à canon à eau ont été déployés hier dans la ville d’El Hamma.

Il a été, dans le même sillage, décidé qu’aucun passager «ne pourra désormais entrer en Tunisie sans présenter un test RT-PCR négatif, et ce, quel que soit son pays de provenance».

Un bilan morose

Il est à rappeler que le ministère de la Santé a annoncé, mercredi, qu’à la date du 18 août 2020, 113 nouvelles contaminations au coronavirus ont été enregistrées, portant ainsi à 2.427 le nombre total de cas confirmés.

Dans son bulletin quotidien sur la situation épidémiologique dans le pays, le ministère a indiqué que sur un total de 1.710 analyses effectuées dont 81 dans le cadre du suivi d’anciens patients, 161 tests se sont avérés positifs. Il s’agit de 105 cas locaux, 8 cas importés et 48 cas déjà porteurs du virus.

Selon le ministère, le bilan s’établit, après l’actualisation des données, à 1.395 cas de guérison, 60 décès et 972 cas encore porteurs du virus faisant l’objet d’un suivi médical, dont 26 hospitalisations et 8 cas admis en soins intensifs.

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