L’année 2020 revêt un aspect atypique sur tous les plans. La crise sanitaire mondiale présente des retentissements imprévisibles et ô combien préoccupants aussi bien sur le plan social que celui économique.
Les répercussions de la crise sont à l’origine d’un état des lieux insatisfaisant pour le secteur bancaire. Les banques devraient consolider leur résilience afin de résister à des horizons encore plus rudes. Se penchant sur la question, Tunisie Valeurs : la Maison de l’Epargnant a publié, en août 2020, une étude à cet effet.
En fait, selon la présente étude, et en dépit du contexte épineux et peu favorable à l’activité de collecte, cette dernière a été, tout de même, maintenue. L’an dernier, les dépôts à terme (+ 14,1%) et ceux, d’épargne (+6,9%) ont pu maintenir la croissance des collectes. Quant aux dépôts à vue, ils occupent la troisième place à l’échelle des collectes avec un taux de l’ordre de +4,1%.
Une collecte maintenue
La dynamique de la collecte des ressources, bien que maintenue, dénote la difficulté à laquelle se trouve confronté le secteur bancaire. Et pour faire face au problème du manque de liquidité, les banques n’ont d’autres alternatives que d’opter pour une planification budgétaire fondée sur le principe de captation des ressources tout au long de l’année.
De son côté, la BCT a pris soin de signer le retour des billets dans le circuit bancaire et l’atténuation de la pression des changes ; deux facteurs qui ont sensiblement atténué le besoin de refinancement du secteur bancaire, puisqu’il est passé de 16,5 milliards de dinars en avril 2019 à seulement 11,8 milliards de dinars en décembre 2019. Par ailleurs, et bien qu’il ait connu une sensible hausse, le coût moyen des ressources a été, tout de même, maîtrisé en dépit de l’accroissement du TMM.
Pour récapituler les réalisations du secteur bancaire en matière de collecte des dépôts, la présente étude montre que toutes les banques cotées sont parvenues à augmenter, sinon à maintenir la collecte des ressources via les dépôts à l’exception de l’Ubci, laquelle se distingue, néanmoins, par « la plus importante proportion de dépôts à vue dans les ressources ( 57%) et le coût des ressources le plus faible du secteur ( 3,7%) ».
Les crédits en chute
S’agissant des crédits, ces derniers ont été marqués par une décroissance qui s’était poursuivie depuis 2018. Ce ralentissement revient, essentiellement, au resserrement de la politique monétaire et au plafonnement du ratio de transformation. Ainsi, l’on note une croissance de seulement 0,4% pour les crédits aux particuliers en 2019 contre 5,5% en 2018.
Les crédits accordés aux entreprises en 2019 ont connu une évolution minime de 4,7% contre 10,2% en 2018. La chute en matière d’attribution des crédits, aussi bien pour la consommation que pour booster les entreprises, est plus que significative, surtout durant le deuxième semestre de 2019 où elle avait atteint un taux moindre de l’ordre de 1,9% contre 2,5% durant le premier semestre. Dans de pareils contextes, ce sont toujours les banques publiques qui prennent le risque en augmentant le volume de la production du secteur ; soit +9,7% contre seulement +1,1% pour les banques privées. Cela dit, l’ATB semble exceller en enregistrant une honorable amélioration de son activité d’octroi des crédits, en passant de seulement -1,7% en juin 2019 à 16,1% sur l’année. L’ATB a réussi, également, à maîtriser son ratio de transformation réglementaire. Tous ces résultats reviennent à sa nouvelle stratégie qui consiste à reconquérir les anciens clients et à séduire une nouvelle clientèle.
PNB : une baisse de 3%
Tunisie Valeurs s’est arrêtée aussi sur l’évolution du produit net bancaire (PNB). Il faut dire que l’évolution du PNB est placée sous le signe du négatif, et ce, par comparaison avec les dernières années ; soit une baisse de 3% qui se justifie, entre autres, par la période de stagnation due au confinement général durant la première moitié de la présente année. Manifestement, les défis qui se présentent cette année — ou du moins pour le dernier trimestre — aux banques ne sont pas moindres, surtout que des scénarios contrariants sont anticipés par les experts notamment: «l’effet prix de la baisse du taux directeur de la BCT à partir du mois de mars sur la marge d’intérêt, le manque à gagner en terme d’intérêts intercalaires pour les reports des échéances des crédits accordés aux particuliers.
Dans une moindre mesure, le manque à gagner en termes de commissions suite aux mesures de tarifications instituées par la BCT». La présente étude anticipe sur «un repli du PNB de 4,6 à 4,7 milliards de dinars en 2020 ».