«Belles d’Afrique», une exposition à la maison de la culture Ibn-Khaldoun en plein centre-ville dédiée à la femme africaine. Des portraits et des regards qui en disent long.
Après son passage couronné d’un diplôme de professeur aux Beaux-arts, Rabeb Chaïbi a participé à plusieurs expositions collectives, «Belles d’Afrique» est sa première exposition personnelle. De prime abord, le fait de plonger le regard dans les couleurs africaines peut nous sembler simple, mais lorsqu’on pousse un peu plus loin la rétine, on découvre que le travail de l’artiste a été distillé dans l’âme des couleurs elles-mêmes et qu’il y a une sorte d’écriture chromatique particulière qui distingue ces couleurs de celles qu’on est habitué à voir. De la recherche oui… mais surtout de l’intuition qui font du fait de placer ces couleurs l’une près de l’autre nous entraîne dans une syntaxe visuelle où le costume africain, avec ses couleurs festives, n’est qu’un prétexte pour mettre en valeur le regard de ces femmes. Dans le cinéma, on appelle cela des rôles secondaires qui travaillent pour mettre le personnage central en valeur, lui donner du poids, de la prestance. Car le personnage central de toute cette exposition, composée d’une dizaine de tableaux, n’est autre que le regard. Tout simplement, mais aussi avec toute la fougue expressive que peut contenir le regard d’une femme à chaque moment de la vie. C’est là que réside le «texte plastique» à notre sens ! et par cette expression, nous entendons l’émotion que peut ressentir celui qui regarde ces tableaux. Rebelle, absent, «nargueur», rusé, brisé, ébloui, séduisant, frustré, gourmand ou las… aucun regard n’est à l’autre pareil dans cette foule de portraits unis par ces couleurs festives qu’on croit familières au début. Et ces regards en disent long, parfois plus long qu’un discours lorsqu’on les rassemble l’un à côté de l’autre. Et ceux qui s’y connaissent vous le diront, il n’est pas facile de confier un regard à la toile, autrement dit, il n’est pas facile de faire tout ce qu’on veut à un regard quand on le dessine…
Depuis 2011, l’artiste avait ce thème de prédilection qui est la femme et elle le traite à chaque fois de manière différente : du semi-abstrait jusqu’au portrait, comme c’est le cas de cette exposition.
L’originalité de Rabeb Chaïbi, c’est qu’elle travaille au corps les couleurs explosivement festives et chatoyantes qui véhiculent la sensation d’une forte emprise qui se cache au plus profond des personnages ou des compositions. De la fougue à mordre la vie à pleines dents et à courir plus vite qu’elle. Une artiste à suivre.
