Rarement exposition put sembler aussi contradictoire dans son approche. Qui ne connaît pas l’artiste Naget Edhahbi en découvre deux à la fois.
La première focalisée sur une approche du corps toute personnelle, plus scientifique qu’esthétique, plus taillée au scalpel que nimbée de sensualité.
Naget Edhahbi taille dans l’épaisseur des formes, déconstruit ligaments et articulations, déplace les éléments, détourne l’ordre naturel des choses. Ses nus ressembleraient à ces dessins de laboratoire où l’on apprendrait à suivre le tracé des nerfs, des veines et des muscles. Et pourtant, il s’en dégage une poésie, une harmonie étonnante, créée par le mystère peut-être. Ne dit-elle pas : «Dans ce que je vois, je cherche ce qui est caché» ? Elle dira aussi que dans sa démarche, elle cherche à créer le chaos : celui qui induit sa recherche sur le corps, l’érotisme, la féminité. Cette Naget Edhahbi est complexe, écorchée, énigmatique…
Et puis, il y a l’autre partie de l’exposition, conçue comme un cabinet de curiosités, une collection de boîtiers contenant les éléments d’un véritable jeu de piste. Dans ces petits cadres d’inégales proportions, l’artiste raconte des histoires qu’elle nous demande de décoder.
Livres anciens, journaux intimes, calendriers, carnets de notes sur lesquels elle intervient par des collages, des dessins, des inclusions de textes, des déchirures parfois tracent, pour l’observateur attentif, le long et lent déroulement d’un cheminement.
Est-ce, comme le dit Adnen Jday : «Que c’est une manière d’entourer des souvenirs, d’autres inclinations de vie qui peut-être auraient été parallèles». Ou encore, toujours selon lui : «Une fois le document dans le boîtier, ce geste de composition inviterait peut-être à voir autre chose qu’une surface d’inscription».
Faut-il l’avouer ? Naget Edhahbi soulève des questions dont il est difficile de trouver les réponses.
Mais là est, n’est-ce pas, le rôle de l’artiste.
Une seule réponse s’impose : allez voir l’exposition.