Accueil A la une Sophie Renaud, directrice de l’Institut français de Tunisie, à La Presse : «Toujours au cœur de la ville, au cœur de la vie»

Sophie Renaud, directrice de l’Institut français de Tunisie, à La Presse : «Toujours au cœur de la ville, au cœur de la vie»

Jamais slogan ne fut aussi approprié, quand bien même il vient d’un tout autre horizon, et a déjà été utilisé dans ce même contexte. Depuis qu’il a ancré ses assises et ses activités dans une partie de l’ancien Lycée Carnot, sur une des artères les plus fréquentées de la cité, l’Institut Français, pris lui-même d’une énergie nouvelle, ne cesse d’enchaîner les activités, diversifiant les modes d’expressions, multipliant les innovations, et drainant, dans ses espaces sans cesse remodelés, un public tous horizons. Car si on y rencontre une majorité d’étudiants, on y a fidélisé un public de cinéphiles avertis, de chercheurs, de familles.  Alors, nous sommes allés rencontrer celle qui se tient aux commandes de ce navire amiral, et à la tête d’une équipe performante et motivée, en rythme le tempo et en donne le ton : Sophie Renaud.

Elle décide d’y « aller franco », et de se poser les vraies questions : « Quelle humanité pour demain ? » Prudemment, mais sûrement, l’Institut reprend ses activités en présentiel.

Je suis très heureuse d’avoir pu reprendre le programme dans nos murs en présentiel, de penser les événements et d’accueillir le public en étant toujours très vigilants, bien sûr.

J’aimerais revenir sur la Journée internationale des droits de la femme et sa célébration chez nous. Nous essayons toujours d’innover. L’an passé, nous l’avions célébrée par un magnifique évènement dont tout le monde se souvient : « Over Fifty ». Cette année, nous avons organisé un forum digital réunissant uniquement des femmes entrepreneuses, porteuses de projets innovants sur tout le territoire. Il y a eu de très beaux moments, des rencontres, des tables rondes qui ont mis en avant le secteur numérique dans l’entrepreneuriat.

Je voudrais également revenir sur un autre grand moment : celui du salon : « Pour l’amour de l’art ».                    

Après avoir accueilli les artisans à Noël, il nous semblait juste de recevoir les artistes en ces temps difficiles. Ce salon a réuni une quarantaine d’entre eux, venus de tout le pays.

Dans la façon dont je pense le projet  et la vocation de ce lieu, l’Institut doit être ouvert à tout et à tous. Une ouverture transversale, dynamique, pas commerciale mais qui permet à la création de vivre. Ces deux grands évènements ont marqué la réouverture de l’Institut.

Le mois de mars qui s’achève est le mois de la Francophonie. A-t-il permis, par sa programmation, d’annoncer le futur sommet ?

Cela a pu être pour nous une façon de faire des teasing. Sous le chapeau de la programmation du mois de mars, nous avons organisé « Mappemonde », le rendez-vous des accents francophones. Nous lui avons choisi comme slogan le mot emprunté à Christine Taubira, venue il y a deux ans à Tunis : « Allons-y Franco ». C’est une jolie façon de nous mettre dans le sujet, et d’annoncer les évènements qui vont jalonner l’année.

Un des évènements majeurs se déroule du 26 mars au 2 avril sur le thème : « Quelle humanité pour demain ? »

Organisée conjointement avec l’ambassade du Sénégal, ce qui est une innovation, cette rencontre alternera tables rondes, débats d’idées, projections de films, ballets, spectacles….

On attend, pour cet évènement, plusieurs personnalités du monde francophone. La Canadienne Nancy Huston participera à une table ronde sur les femmes libre-penseuses, ainsi que la célèbre chorégraphe sénégalaise, émule de Béjart, Germaine Acogny, et la Tunisienne Faouzia Zouari.

C’est également au cours de ce mois que démarre l’émission « Ce qui nous rassemble » animée par Yanis Morai, ainsi que la reprise de l’émission de la télévision nationale : Tunis- Paris, et un partenariat avec le média très suivi FAZA. Il s’agira d’une série de capsules qui accueilleront des personnes tout au long de l’année. Cela permettra de valoriser certaines initiatives, de présenter les acteurs de la société civile qu’on accompagne dans les régions, et d’y faire vivre certains projets.

Quels seront les moments forts pré-sommet ?

Il y aura beaucoup d’évènements en amont du sommet, mais deux moments forts : « Les États Généraux du Livre en Français », réunion des professionnels du livre francophone.

Le monde francophone attendu à Tunis, le temps est venu de lancer une réflexion sur la problématique de la chaîne du livre francophone, et sur l’opportunité du numérique dans la chaîne de production. Le débat, on s’en souvient, avait été lancé par le président Macron. Il s’agira de développer l’accès au livre et à la lecture, de valoriser la richesse et la diversité de la création intellectuelle et littéraire en langue française, et enfin, de développer un plaidoyer auprès des responsables politiques et institutionnels. L’évènement sera coordonné par Karim ben Smail, et Samir Marzouk.

« Le congrès mondial des écrivains francophones », les 25 et 26 septembre, évènement piloté par Leila Slimani, qui réunira 50 écrivains francophones.

Toujours avec Leila Slimani, aura lieu une très belle exposition sur la BD africaine de langue française, évènement organisé par la Cité Internationale de la BD d’Angoulême, en partenariat avec le musée de la Cité de la culture.

Auparavant, se sera tenu, pour la première fois en Tunisie, le « Congrès Mondial des Professeurs de Français » qui réunira à Nabeul, 1.000 à 1.500 enseignants.

Il y a cependant un autre moment fort sur lequel je souhaite attirer l’attention : c’est, le 3 avril prochain, « Le Goncourt,  choix de la Tunisie». Cette année, toutes les équipes de l’IFT se sont mobilisées. Nous travaillons avec les élèves de tous les lycées publics de Tunisie. On leur remet les livres des quatre finalistes, chaque groupe choisit un représentant à qui on donne la parole. Ces lycéens viennent défendre leur choix. C’est un vrai évènement public. On assiste à un concours de plaidoyers littéraires. Puis on vote, et le choix est validé par l’Académie Goncourt. Sachant que le comité est présidé par Samy Mokadem et Didier Decoin.

Ramadan est généralement fécond en événements. Celui-ci respectera-t-il l’usage ?

Certainement. Je tiens à signaler, juste avant, cependant, du 5 au 10 avril, la quatrième édition de « Couleurs d’avril », une semaine autour des libertés individuelles et des associations qui les défendent. Débats, rencontres, état des lieux, questions législatives des droits individuels, rencontres autour de la relève militante. Et puis l’envie de rendre hommage à ces Tunisiens qui ont su défendre ces libertés, par une exposition de portraits, et par des projections de films.

Et puis Ramadan, l’occasion d’un bel évènement : « Sous les Etoiles » avec une programmation transversale, des spectacles, des performances, des concerts, des jeux. Quelques évènements à signaler : La Nuit des Odyssées, avec Sonia Atherton, la violoncelliste, qui joue sur des témoignages de femmes, illustrés de sonorités durant toute une nuit. Puis un évènement stambeli, inédit en ces lieux, orchestré par Augustin Le Gall, suivi par «  Le Piano Oriental », un concert dessiné de Zeineb Abi Rached et Stéphane Tsapis, et enfin le spectacle de Pierre Lamoureux, « la Conférence des Oiseaux ». Sans oublier, bien évidemment, la programmation pour les enfants.

Pour eux, nous avons prévu, au mois de juin, un très beau spectacle de cirque : la compagnie XY, une compagnie française qui a beaucoup tourné dans le monde avec grand succès, et qui donnera deux représentations à la Cité de la culture.

Avec l’été, nous arrivons à Manarat, festival de cinéma sur la plage, dont la troisième édition, désormais prise en main par une association qui en assure la pérennité, couvrira 6 villes et sera dirigée par Dorra Bouchoucha.

Le centre du monde francophone se trouvera néanmoins à Djerba .A-t-on prévu des évènements autour du sommet ?

Dans tous les évènements importants, le public est une composante importante. Le « Village Francophone » sera le lieu de rencontre privilégié des publics divers.

Le pavillon français sera un pavillon Itech centré sur la problématique digitale. On y présentera toutes les solutions digitales liées à l’éducation.

En dehors des multiples actions culturelles et éducatives qu’il brasse, on remarque un engagement accru de l’Institut pour l’éco-responsabilité et le développement durable. Qu’en est -il ?

Nous sommes effectivement très engagés dans une démarche éco-responsable. Nous avons commencé par une formation interne qui permettra de sensibiliser 300 personnes aux questions liées à la consommation, au tri des déchets, etc. Nous avions, d’ailleurs, publié un petit « Guide de la Consommation Responsable », le message étant « comment consommer autrement, comment jeter autrement ».Nous avons, par ailleurs, lancé un programme : « Ghodoua », programme axé sur la jeunesse et l’environnement, qui nous permet d’accompagner un projet par gouvernorat, des projets ayant des capacités d’employabilité.

Et nous organiserons, au mois de juillet prochain, un salon éco-responsable.

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