Chaos et violence à l’ARP : Qui sifflera la fin de la récréation ? 

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Encore une fois, la scène parlementaire est sous les projecteurs non pas pour avoir pris à d’importantes initiatives législatives pour améliorer le quotidien des Tunisiens, mais malheureusement pour de nouvelles scènes de violence et de chaos.

Durant cette deuxième législature, aucune plénière ne passe sans qu’on assiste à un brouhaha devenu habituel. Les députés du Parti destourien libre (PDL), guidés par leur présidente de bloc Abir Moussi, ont semé le chaos lundi dernier à l’hémicycle entravant les travaux de la plénière consacrée à l’audition de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Olfa Ben Ouda, et le ministre des Affaires sociales Mohamed Trabelsi lors de la séance d’audition à l’ARP.

Sans aucune explication, les députés du Parti destourien ont également refusé la présence des membres du gouvernement actuel au sein de l’ARP et ont appelé à la démission du gouvernement Mechichi ainsi que du président du Parlement Rached Ghannouchi.

Lors de cette séance, Moussi a appelé ainsi que les députés de son bloc parlementaire la ministre de l’Enseignement supérieur à quitter la salle. La séance a été levée deux fois pour la reporter ultérieurement sans fixer une date.

Hier encore, la séance plénière consacrée à l’examen de quatre projets de loi a été considérablement perturbée  par les protestations des députés du Pdl, munis d’un micro pour se faire entendre, en présence du ministre de l’Industrie, des Energies et des Mines par intérim, Mohamed Boussaid. La séance plénière a été interrompue à plusieurs reprises, ces derniers fustigent notamment « l’islamisation du Parlement » et la mainmise de son président Rached Ghannouchi sur le paysage politique en Tunisie.

Abir Moussi et ses députés ont ouvert le feu dans tous les sens, accusant tous les députés sans exception de haute trahison et appelant à la chute du «gouvernement des Islamistes». Elle a également accusé l’Assemblée des représentants du peuple «d’avoir vendu la Tunisie aux parties étrangères par le biais des accords et des conventions».

S’exprimant en plénière, le député du Pdl Majdi Boudhina a accusé dans ce sens les députés d’avoir contribué à la faillite de l’Etat en approuvant certaines conventions en faveur de pays étrangers voulant porter atteinte à la Tunisie.

Plainte déposée et demande de levée d’immunité

Face à ces agissements, la présidence du gouvernement et celle du Parlement ont décidé de passer à l’action. Si La Kasbah a intenté un procès contre Abir Moussi et les autres députés du Pdl pour « avoir commis des actes et des pratiques en infraction aux mécanismes de travail des établissements de l’État et pour avoir entravé l’activité d’un bien public », le bureau de l’ARP a décidé de prendre des décisions d’ordre technique pour mettre fin à cette situation de tension.

En effet, le bureau de l’Assemblée des représentants du peuple a décidé le lundi 14 juin de permettre au président du parlement de prendre les mesures nécessaires au bon fonctionnement de l’action parlementaire. Il est notamment question d’équiper les différents espaces de moyens techniques permettant uniquement aux journalistes d’assurer la couverture et d’interdire la transmission directe des travaux du bureau de l’ARP par téléphone.

Le bloc du mouvement Ennahdha à l’ARP a exprimé, dans un communiqué publié lundi, « sa ferme condamnation des pratiques de Abir Moussi, qui violent le système démocratique, portent atteinte au prestige de l’État et perturbent le fonctionnement normal de l’établissement public ».

Le bloc a renouvelé sa demande au ministère public pour ouvrir une enquête et de poursuivre la présidente du Parti destourien libre (PDL) pour ses crimes contre le Parlement et les deux membres du gouvernement. Le bloc d’Ennahdha a également appelé tous les blocs parlementaires à s’unir et à faire face à ces brimades, qui contredisent toutes les valeurs exigées par le travail parlementaire, telles que la discipline et le respect du prestige de l’État et de ses institutions.

Plusieurs dirigeants d’Ennahdha, dont notamment le président du Conseil de la Choura, Abdelkarim Harouni, ont également appelé à la levée d’immunité parlementaire de Abir Moussi dans l’objectif de la poursuivre en justice pour ses agissements «entravant le bon fonctionnement des institutions de l’Etat».

Pour sa part, Samir Dillou, député d’Ennahdha, a qualifié de criminels les députés du Pdl, affirmant que «le peuple les a chassés et qu’ils sont revenus par la petite porte».

Cette situation de chaos qui s’est installée à l’hémicycle trouve son origine dans la composition conflictuelle du Parlement. Une telle situation, s’accordent tous les observateurs de la scène nationale, ne peut pas durer, d’autant plus que l’image de la Tunisie est mise en jeu.  

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