Jusqu’ici les prix pratiqués dans les grandes surfaces ont permis à ces dernières de réaliser des marges bénéficiaires confortables
Le constat est là: la vie est devenue insupportable et le panier de la ménagère coûte de plus en plus cher
Nous sommes en pleine saison de presque tout : les fruits sont présents en abondance, les légumes également et le consommateur ne voit pourtant rien venir
L’huile subventionnée est introuvable en dépit de toutes les promesses et tentatives (il faudrait trouver une solution définitive), les prix des viandes blanches ont brusquement bondi et suivent une spirale surprenante, les habits sont devenus hors de prix, etc. Les commerçants qui opèrent dans ces secteurs et bien d’autres, d’ailleurs, n’ont aucun scrupule : ils serrent la vis et n’ont cure des problèmes quotidiens que vivent les consommateurs.
Absence totale de régulation
Il fut un temps où l’Office du Commerce et la chaîne Magasin Général, qui dépendait de la Stil, régulaient le marché. Tant au niveau de l’habillement que celui de la consommation de bien des produits, surtout les laitages. La barre qu’ils imposaient inspirait positivement les autres producteurs. Depuis les changements qui ont eu lieu, ce n’est le plus le cas.
Les prix sont devenus insupportables au niveau de toutes les grandes surfaces. Même ceux qui en ont créé de nouvelles, pour exposer surtout des fanfreluches , venant de l’étranger, en plastique ou en verre dans un pays en pleine crise alors qu’on aurait bien pu s’en passer, ont suivi le chemin de ceux qui accaparaient le marché. S’appuyant sur une publicité active, elles ont complètement faussé la règle du jeu. Inutile de dire que les produits promis à des baisses conséquentes tiennent plus de la publicité mensongère qu’à autre chose, avec l’excuse habituelle et un endroit vide que l’on vous montrera comme quoi « tout a été vendu, il faudrait revenir demain». Pour acheter à un tout autre prix !
La confiance…
Cela suppose que la chose la moins partagée entre ces grandes surfaces et le consommateur est bien la confiance.
Mais ces grandes surfaces demeurent un mal inévitable. En dépit de la lenteur qui caractérise les services au niveau de la majorité des magasins de telle ou telle firme, on est bien obligé, souvent, de grouper ses achats pour éviter de courir à droite et à gauche pour faire son marché, à la veille d’une fête, d’une rentrée scolaire ou pour tout simplement faire ses provisions.
Les « affaires » vont si bien que les chiffres que nous relevons au niveau des bilans financiers publiés en fin d’année de ces chaînes sont en constante évolution. Nous comprenons qu’elles doivent gagner de l’argent, étant donné le rôle qu’elles jouent tant au point de vue social avec le nombre d’emplois qu’elles garantissent, la proximité qu’elles offrent, le choix qui est toujours acceptable, mais…il y a des abus.
Lorsque nous comparons les prix de nombreuses denrées, provenant des producteurs avec ceux que proposent les grandes surfaces la différence est énorme. La marge qu’elles s’accordent est insupportable et lorsqu’on y va, nous éprouvons du regret, parce que tout simplement on finit par être convaincu que l’on s’est fait rouler dans la farine. Des viandes blanches aux viandes rouges en passant par le poisson, les conserves, les fruits et les légumes (certes on a le droit de choisir ce qu’on veut) les prix sont incomparables par rapport à ce qu’on trouve ailleurs.
La pandémie : l’aubaine
Les prix pratiqués ont permis à ces chaînes de faire évoluer sensiblement leurs chiffres d’affaires à l’occasion de cette pandémie qui ébranle depuis au moins deux ans le pays. Pour éviter les bousculades et l’absence totale de précautions sanitaires, dans les marchés de proximité, bien des gens choisissent de faire leurs emplettes dans les grandes surfaces. Et c’est l’occasion de se faire assommer.
Nous assistons fréquemment à des scènes qui en disent long sur les sentiments de la clientèle qui est obligée de revoir ses achats à la caisse, faute de moyens. Ses calculs sont souvent déjoués par ces prix qui surprennent, étant donné que l’acheteur réagit toujours à partir d’un réflexe conditionné qui le pousse à mettre dans son caddy des produits auxquels il est habitué et qu’il pense connaître. Des prix qui changent du jour au lendemain, au prix d’une incroyable valse des étiquettes qui demeurera inexplicable pour le consommateur.
Faire un effort
Le consommateur part du principe que les grandes surfaces doivent réguler le marché et non pas contribuer à l’enflammer. Et elles sont justement capables de réguler ce marché qui, à bride abattue, galope sans tenir compte de quoi que ce soit.
Faute de moyens de contrôle efficient, les grandes surfaces ont la partie belle. Nous avons rarement vu ou entendu parler de sanctions pour hausse de prix ou pour publicités mensongères.
Pourtant, il suffit d’y aller, de voir ce qui se passe sur les étalages avec des étiquettes mal placées, des prix dépassant de loin ceux offerts ailleurs, pour se rendre compte qu’il y a un effort à faire pour baisser les prix et jouer un rôle positif en contribuant à réguler le marché. Il ne s’agit pas bien entendu de ces « baisses » sur des articles que l’on vous citera par …milliers, mais des prix raisonnables apposés sur des articles réellement utiles, de grande consommation, qui pourront effectivement aider les consommateurs, tout en agissant sur le marché d’une façon générale.L’appel lancé sera-t-il entendu?
Les grandes surfaces répondent à l’appel du Président de la République
A l’heure où nous mettons sous presse, les surfaces commerciales ont fini par sortir de leur silence. La Chambre syndicale des grandes surfaces a publié un communiqué annonçant que de grandes enseignes sont disposées, à la suite de l’appel du Président de la République, à procéder à une baisse des prix sur plusieurs produits de consommation au regard de la situation sociale et économique exceptionnelle du pays.