Accueil A la une Sfax | L’Anged et les municipalités, mises en demeure par la justice : Vers une solution à la crise des déchets ?

Sfax | L’Anged et les municipalités, mises en demeure par la justice : Vers une solution à la crise des déchets ?

Vu le caractère exécutoire et urgent du jugement, les autorités sont dans l’obligation de l’exécuter.

Ayant gagné son procès contre l’Anged et certaines municipalités de la région, à l’issue de l’audience du 24 janvier dernier, la société civile vient d’envoyer des notifications à ce sujet à ces défendeurs le 8 février courant.

En effet, la Cour d’Appel de Sfax avait rendu un arrêt en référé qui ordonne aux municipalités territorialement compétentes, à savoir celles d’El Aïn, Gremda, El Aouabed et Thyna, de procéder, chacune, à la levée des déchets existants sur son territoire respectif et à les acheminer vers l’endroit qui leur est réservé ( Ndlr : centres de collecte), conformément à la réglementation en vigueur. Le même jugement ordonne à l’Agence nationale de gestion des déchets (Anged), de procéder au transport desdits déchets des centres de collecte vers un dépotoir provisoire qu’elle aura préalablement aménagé à cet effet, en attendant l’aménagement d’une décharge contrôlée et définitive, propre à la région. 

« C’est un jugement qui, tout en transcendant les pseudo-divisions entre les compétences du juge judiciaire et celles du jugement administratif, vise le cœur du problème, du point de vue droit, à travers la consécration d’un droit constitutionnel, celui des citoyens à vivre dans un environnement sain, propice à l’accomplissement de leur épanouissement. J’ajouterais aussi que ce jugement a le mérite de consacrer l’Etat de droit », commente Me Slim Besbes, coordinateur du comité de défense.

Les citoyens pris à la gorge

Notre interlocuteur tient à préciser, à ce propos, que vu le caractère exécutoire et urgent du jugement, les autorités sont dans l’obligation de l’exécuter. En cas d’abstention des défendeurs, la partie plaignante, en l’occurrence les citoyens et la société civile, bénéficient du droit de saisir la justice, ce qui expose les défendeurs précités à des sanctions pénales, conformément à la législation en vigueur.

A titre de rappel, signalons que le juge des référés près le Tribunal de première instance Sfax 2 avait débouté les demandeurs, ce qui les a contraints à interjeter appel, obtenant gain de cause auprès de la Cour d’Appel.

Il faut dire que le recours à la justice, devenu impératif par la force des choses, reflète la détresse des citoyens, d’autant plus aux abois, d’autant plus gagnés par l’angoisse qu’ils ont acquis la conviction que la voie est sans issue et que les autorités ne font pas assez pour trouver une solution à cette situation inextricable, doit-on le reconnaître, dans la mesure où il est difficile de vaincre l’opposition opiniâtre des citoyens résidant au voisinage des sites proposés pour l’aménagement d’une décharge, fût-elle provisoire.

Les Sfaxiens sont donc condamnés à vivre au milieu des ordures et des déchets de toutes sortes. Sfax est un dépotoir à ciel ouvert. Ses rues sont le royaume des mouches, des vers et des rongeurs liés désormais par un pacte de bon voisinage avec les chats de gouttière, bien replets à toute heure et rassasiés à souhait, à force de se servir dans les sacs en plastique éventrés. Avec les montagnes de sacs sous lesquelles croule la cité, le spectacle est plus que désolant ; les citoyens sont pris à la gorge et c’est le cas de le dire : ils n’ont d’autre choix que de se soumettre à une mortification forcée, d’accepter le fait accompli et de s’accommoder, à leur corps défendant, de ce spectacle hideux et cauchemardesque, voire apocalyptique.

L’approche de l’été ravive les craintes d’une nouvelle crise

L’appréhension de l’arrivée de la saison des chaleurs, fait que le désarroi risquerait de se faire épouvante et l’épouvante de se muer en panique, car s’il est possible de se soustraire à la pollution visuelle, en se terrant chez soi, comment ferait-on pour  échapper aux effluves nauséabonds autrement que par la fermeture de toutes les fenêtres, au risque d’étouffer ? Serait-on donc amené à fuir et à laisser une ville fantôme derrière soi ?

Disons, cependant, que l’espoir reste permis et que le tissu associatif est en mesure d’exercer une pression opérante et salutaire pour imposer une solution radicale qui est on ne peut plus impérative si l’on compte bien éviter une catastrophe sanitaire et prémunir la région contre le risque d’une crise économique, déjà entrevue à la lumière de la récession qui frappe quasiment tous les secteurs.

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