Des Tunisiens séquestrés et malmenés à l’aéroport de Belgrade : La nationalité tunisienne visée ? 

4,333
L’affaire fait couler beaucoup d’encre. Des Tunisiens détenus et malmenés par les autorités serbes à l’aéroport de Belgrade sous silence des médias locaux. Un gros dossier dévoilé, encore une fois, par l’ancien député Majdi Karbai, qui joue parfaitement le rôle de diplomatie parlementaire.

Ils étaient en provenance de Turquie, lorsque les autorités de l’aéroport de Belgrade ont séquestré ce grand groupe de voyageurs tunisiens, selon les affirmations de l’ex-député Majdi Karbai. Des témoignages ont confirmé cette situation mettant à mal la sécurité, mais aussi les droits de ces Tunisiens qui étaient en situation régulière.

«Bien qu’ils soient en situation régulière, les autorités serbes ont décidé de les retenir», a-t-il laissé entendre, ajoutant que selon des témoignages, certains ont été violentés par les autorités sécuritaires de l’aéroport, pour avoir refusé de signer la décision de leur extradition vers la Turquie.

Ce député, devenu figure de la société civile, rappelle également que neuf migrants tunisiens ont été extradés récemment vers l’aéroport d’Istanbul, déplorant «des conditions de rétention inhumaines sans le contrôle des organisations de défense des droits de l’homme, qui sont interdites d’accès aux lieux de rétention». «Les autorités serbes retiennent les Tunisiens à l’aéroport de Belgrade, sans fondement juridique», regrette-t-il.

Il s’avère aussi que ce groupe de Tunisiens a décidé d’entamer une grève de la faim sauvage, en défense de sa dignité et sa liberté. Sauf que la réponse du ministère des Affaires étrangères n’a pas tardé. Le directeur de la diplomatie générale au sein du ministère des Affaires étrangères a confirmé ces informations, laissant croire que 26 d’entre deux ont été extradés et que cinq autres ont été arrêtés pour des raisons inconnues.

Le responsable ajoute que suite au visa imposé récemment aux Tunisiens, les autorités serbes ont établi une liste de critères pour laisser passer les ressortissants tunisiens. 

Cette affaire intervient sur fond de tension entre les deux pays après que Belgrade a unilatéralement imposé un visa aux Tunisiens. Une situation de tension amplifiée par les derniers flux de migrants tunisiens qui empruntent irrégulièrement le chemin de la Serbie pour gagner les pays de l’Union européenne par les Balkans.

En effet, sous la pression de l’Union européenne, la Serbie a décidé de réintroduire le visa pour les Tunisiens. La Tunisie, qui annonce ne pas être au courant de cette décision, regrette un manque de coordination.

D’ailleurs, l’ancien diplomate Abdallah Abidi a indiqué que la Serbie étudie, depuis des mois, la décision d’imposer un visa aux Tunisiens. Il a ajouté que la Tunisie a un consulat à Belgrade et elle sait que la Serbie étudie l’imposition d’un visa aux Tunisiens pour des raisons de migration clandestine.

Pas une première

Il faut rappeler dans ce contexte que par le passé, de nombreux Tunisiens ont été malmenés aux aéroports serbes sans aucune raison. En octobre 2016, 22 ressortissants tunisiens ont été surpris par de mauvais agissements de la part des autorités serbes qui les ont, par la suite, refoulés. De retour, le groupe a témoigné de pressions et de provocations qui ont atteint le stade de l’arrestation de certains d’entre eux. Pourtant, le groupe était composé de professeurs, de fonctionnaires et d’un médecin.

Juin de la même année, 18 autres Tunisiens ont été extradés par les autorités serbes après avoir été détenus pendant quatre jours à l’aéroport de Belgrade, dans de mauvaises conditions. Tous ces incidents sont restés jusqu’à aujourd’hui sans explication officielle, mais pour les autorités serbes, la réputation des voyageurs tunisiens est entachée notamment en raison de la question de la migration clandestine.

D’ailleurs, il y a quelques jours, le ministère de l’Intérieur a indiqué que ses services ont réussi à démanteler un réseau international spécialisé dans la falsification de documents et l’émigration clandestine vers l’Europe, via la Serbie.

Le département de l’intérieur a précisé, dans un communiqué, que l’opération a été menée sous la supervision du ministère public au Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme. L’opération d’infiltration au sein de ce réseau a révélé que son leader collabore avec des intermédiaires, mais également avec une agence de voyages basée à Tunis, ainsi que des passeurs locaux et étrangers qui assurent l’arrivée en Europe des migrants clandestins.

Le réseau mafieux dispose également d’un large réseau de relations qu’il rétribue en différentes sommes d’argent, chargé de la falsification de documents administratifs.

Laisser un commentaire