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Migration et développement : La difficile concordance…

 

Les migrants représentent environ 3% de la population mondiale, mais ils génèrent plus que 9% du PIB mondial, soit approximativement 3.000 milliards de dollarss.

Les organisations de la société civile se sont réunies récemment à Djerba, à l’occasion du « Forum de la société civile pour la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) », organisé par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), en partenariat avec la présidence du gouvernement.

L’événement, qui s’est tenu en marge du Sommet de la Francophonie de Djerba 2022, était une occasion d’échange entre les acteurs de la société civile, les autorités nationales et locales et les représentants du Pnud, sur les bonnes pratiques et le partage des leçons apprises en matière d’appui à la réalisation des ODD.

Plus de 9% du PIB mondial

Dans une intervention intitulée « Migration et développement : le rôle de la société civile », Chahrazed Laghouane, membre de l’OIM Tunisie (Organisation internationale pour les migrations), a souligné la relation entre la migration et le développement à travers l’analyse du concept des deux termes et a montré le lien étroit entre migration et développement en expliquant comment la migration est un levier de développement en mettant l’accent sur la migration sûre, ordonnée et régulière comme l’un des piliers permettant la réalisation des Objectifs de développement durable, compte tenu de leur contribution au développement économique, social, culturel, environnemental…, dans les pays d’origine et de transit, mais aussi dans les pays de résidence, particulièrement dans ce contexte de crise à plusieurs niveaux.

« Il est vrai que la migration reste un phénomène mondial qui affecte la fuite de la plupart des personnes. Et selon les estimations des Nations unies, 280 millions de personnes vivaient dans un pays autre que leur pays de naissance, en 2020, soit 120 millions de plus qu’en 1990 et 3 fois plus qu’en 1970. Mais aujourd’hui, la migration est devenue un puissant moteur de développement durable, tant pour les migrants eux-mêmes que pour les communautés dans les pays de résidence, de transit et de destination. Les migrants, par leur travail, réduisent la pauvreté, fournissent les services fondamentaux et créent des liens entre les différents pays. Et selon les chiffres publiés, les migrants représentent environ 3% de la population mondiale, mais ils génèrent plus que 9% du PIB mondial, soit approximativement 3.000 milliards de dollars », a-t-elle indiqué.

Un apparent antagonisme…

Mme Laghouane a ajouté que les migrants constituent souvent des atouts pour la communauté d’accueil sous forme de compétences qui renforcent la main-d’œuvre, l’investissement et la diversité culturelle. Ils jouent également un rôle dans l’amélioration de la vie des communautés de leur pays d’origine par le transfert des compétences et des ressources financières, contribuant ainsi à un résultat positif pour le développement.

« En Tunisie, une étude sur les effets macroéconomiques des flux migratoires en Europe a démontré, entre autres, que les migrants ne sont pas une charge pour l’économie tunisienne et qu’ils contribuent significativement à la croissance du PIB. Cependant, dans l’opinion publique, un apparent antagonisme entre développement et migration existe toujours, alors qu’ils sont deux phénomènes complémentaires. Mais si la migration est mal gérée, elle va avoir des retombées négatives sur le développement, puisque les migrants peuvent être exposés à des risques et les gains de développement peuvent être compromis », a-t-elle souligné, tout en ajoutant que l’agenda 2030 reconnaît que la migration est une composante centrale du développement et appelle à faciliter la migration humaine d’une façon centrale, ordonnée, sans danger, régulière et responsable, notamment pour la mise en œuvre des politiques de migration planifiées et bien gérées.

Un espace mondial de solidarité et de cohésion sociale

Dans ce même cadre, Mme Laghouane a précisé qu’en tant que principale organisation intergouvernementale qui promeut depuis 1951 une migration humaine et ordonnée, l’OIM joue un rôle clé pour soutenir la réalisation du Programme 2030 à travers différents domaines d’intervention qui relient à la fois l’aide humanitaire et le développement durable.

En Tunisie, l’OIM met en œuvre divers programmes dans les secteurs du codéveloppement, de la migration de travail, du dialogue sur la migration, ainsi qu’en matière de protection des migrants et de lutte contre la traite, et ce, en étroite collaboration avec le gouvernement tunisien.

« Au sein de l’OIM, on estime aussi qu’une société civile bien orientée est susceptible de constituer un puissant levier dans le processus d’intégration des migrants dans la réalisation des ODD. A titre d’exemple, pendant la période pandémique, en Tunisie, de nombreuses associations des migrants ont été mobilisées comme des bénévoles tunisiens pour la distribution des aides, la mobilisation et la sensibilisation sur la vaccination contre le Covid-19… Et afin de consolider les efforts du ministère de la Santé, l’OIM a présidé des sessions de sensibilisation pour encourager les migrants à se faire vacciner, toujours en collaboration avec des associations tunisiennes.

Par ailleurs, on travaille avec de nombreuses associations pour fournir aux jeunes en Tunisie, indépendamment de leur nationalité, des informations sur la réalité de la migration irrégulière et les alternatives possibles… Et afin d’aider à la concrétisation de l’Objectif de développement durable 10, l’OIM Tunisie lance le sport pour l’inclusion en organisant un tournoi de football et faisant participer des équipes tunisiennes migrantes. Plus d’une centaine de personnes ont assisté à cette activité pour soutenir davantage la cohésion sociale dans les villes… Mais parmi les autres priorités de l’OIM, je cite aussi la réduction des inégalités, le changement climatique, la lutte contre la xénophobie, l’égalité entre les sexes, la santé et le bien-être… En un seul mot, notre ambition vise à l’émergence d’un espace mondial de solidarité, de cohésion sociale, conscient, responsable face aux enjeux de développement durable », a-t-elle expliqué.

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