Skander Naija, directeur général de l’assurance AMI : «Une ascension fulgurante de l’assurance-vie»

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La branche «assurance-vie» connaît, depuis quelques années, une ascension fulgurante sur le marché des assurances avec une croissance à deux chiffres par an. Elle représente, aujourd’hui, 27% du chiffre d’affaires du secteur, alors que la branche auto n’en constitue que 45%.

Etant un pilier de l’inclusion financière, le secteur de l’assurance tunisienne a encore du chemin à parcourir pour rehausser son taux de pénétration qui ne dépasse pas, aujourd’hui, les 2,3%. C’est ce qu’a souligné, en somme, le directeur général de l’assurance AMI, Skander Naija, dans son intervention lors de la 3e édition des journées d’études qui a été organisée, récemment, par l’Association tunisienne pour la promotion de la culture financière (Atcf), sur le thème «L’inclusion financière dans une économie en mutation».

Bien que le faible taux de pénétration de l’assurance dans l’économie (qui se situe très en deçà de la moyenne mondiale) reflète l’ampleur des risques encourus par les acteurs économiques, notamment en cas de catastrophe ou de crise, il révèle, cependant, le grand potentiel dont est doté ce secteur, en termes de valeur ajoutée.

Etant un indicateur important qui donne une idée du poids de l’assurance dans l’économie, un taux de pénétration élevé est synonyme d’une plus grande valeur ajoutée et, surtout, d’une plus grande résilience économique. «Le taux de pénétration de l’assurance est de 2,3%, alors que la moyenne mondiale se situe entre 7% et 8%. C’est un enjeu pour nous, de multiplier ce taux par 3. C’est une opportunité non seulement pour le secteur de l’assurance, mais aussi pour l’économie», a fait remarquer, dans ce contexte, M. Naija. Et d’ajouter : «En Tunisie, on n’a que 2,3% de la valeur ajoutée créée qui est assurée. En cas de catastrophe, c’est seulement cette partie-là qui est protégée».

Améliorer l’accès à l’assurance

M. Naija a affirmé que les acteurs du secteur de l’assurance se sont, actuellement, penchés sur trois axes de travail avec, en point de mire, l’amélioration du taux de pénétration de l’assurance dans l’économie tunisienne. Il s’agit, en l’occurrence, d’améliorer l’accès aux produits d’assurance ; de mieux couvrir ceux qui consomment déjà l’assurance et de financer les risques catastrophiques.

En effet, avec la promulgation de la loi permettant aux IMF (Institutions de micro-finance) de distribuer des produits d’assurance, un large pan de la société peut désormais accéder à la micro-assurance. C’est un outil qui a permis de renforcer le réseau d’agences d’assurance qui compte, déjà, plus de 1.200 bureaux à travers le pays pour toucher 1 million de clients d’IMF.

«Il s’agit de rendre l’assurance accessible en dehors des créneaux classiques. Elle est déjà accessible via tout le réseau d’agences et elle est aussi accessible dans les guichets des banques, à travers 2.000 agences bancaires. Donc, l’agence est aujourd’hui accessible, mais parfois on ne pense pas à demander des produits d‘assurance auprès de ces institutions financières. Le fait de rajouter quelques centaines d’agences qui font de la micro-finance, c’est autant de possibilités pour aller probablement toucher un million de clients», a précisé M. Naija.

Il a ajouté, dans ce contexte, que l’orientation actuelle est de rendre, également, l’assurance accessible via les opérateurs téléphoniques pour faciliter l’accès aux produits assurantiels.

Des créneaux à développer

Pour M. Naija, l’amélioration de la couverture des assurés passe par le développement des autres branches de l’assurance en dehors de l’automobile. Les efforts déployés, en ce sens, ont été payants : le taux de pénétration de l’assurance-vie est en train de s’améliorer, même s’il demeure en deçà de la moyenne mondiale. Depuis 5 ans, cette branche connaît une ascension fulgurante sur le marché des assurances avec une croissance à deux chiffres par an.

Elle représente aujourd’hui 27% du chiffre d’affaires du secteur, alors que la branche auto constitue 45%. M. Naija a ajouté, à cet égard, que l’assurance individuelle constitue un terreau fertile pour les assurances.

C’est un créneau à développer, grâce, surtout, à la pédagogie et la communication. «Si on dépense de l’argent pour assurer sa voiture, alors qu’on n’assure pas sa vie, sa santé ou sa maison, c’est choquant ! Pas pour le client qui ne savait pas peut-être que tout cela peut être couvert par l’assurance, mais choquant pour nous, les assurances, parce qu’on n’a pas fait notre travail, pour l’expliquer qu’avec des sommes raisonnables, il peut assurer sa maison, qui est beaucoup plus importante que sa voiture», a-t-il expliqué.

Le directeur général d’AMI a conclu son intervention en évoquant l’importance de couvrir les risques catastrophiques.

Le Covid, qui peut être, en ce sens, un exemple éloquent de l’impact financier, économique et social que peut provoquer une crise, a mis à nu les défaillances du secteur assurantiel tunisien qui n’était pas au rendez-vous pour contribuer au redémarrage de l’économie nationale. «Un travail est en cours d’élaboration par les acteurs du secteur pour remettre la question des catastrophes naturelles sur le tapis et pour qu’elles soient un peu plus comprises, maîtrisées et assurées», a-t-il accentué.

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