«Angham fi dhakira 2» : Mémoire vive ! Vive la mémoire !

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Voici la «saison 2» de ce concept très réussi et qui a fait ses preuves avec succès, l’année dernière. La chanson tunisienne et ses compositeurs à l’honneur.

Un concept à saluer puisqu’il remet en scène des artistes de renom et des voix tunisiennes authentiques (entendez qui n’ont pas trop roulé sur les autres accents du monde). Des chansons tunisiennes qui ont marqué la mémoire de toute une génération, voire qui ont bercé des millions d’enfants en construisant des millions d’identités. Voici donc le retour d’un spectacle fortement marqué sur le plan culturel et musical. Un régal pour nos oreilles, aujourd’hui trop malmenées par les sons synthétiques et les paroles parfois trop vulgaires. Cette année, le festival rend hommage aux œuvres de quatre artistes, à savoir le parolier Ali Louati, le compositeur Slim Dammak, le chanteur Cherif Alaoui et le musicien Mohamed Ghnia. Youssef Bel Hani et Abderrahmane Ayadi étaient aux commandes de l’orchestre. La soirée a commencé d’ailleurs par des hommages que la ministre des Affaires culturelles, Dr Hayet Guetat Guermazi, a rendus à Slim Dammak, Ali Louati et Mohamed Ghnia. Ensuite, c’est Slim Dammak qui démarre le spectacle avec trois morceaux «Hlemt maak», «Magwah Hwak» et «Andekch sabr». Cherif Alaoui lui succèdera ensuite sur scène. Un Cherif Alaoui qu’on a tendance à oublier et qui avait du mal à cacher son émotion. Malgré le trac, il affichait une immense joie de monter de nouveau sur la scène de Carthage et de chanter devant un public venu en grande partie pour lui. Un public paradoxalement plus réceptif qu’autrefois à son style musical et à ses chansons. De ses «chansons-univers» qui sont pétries de poésie, l’artiste a interprété «Ya donia roddi» et «Ya bahr». Le public a été très réactif à ces deux chansons d’un artiste considéré comme différent et peu conventionnel à l’époque mais qui a marqué l’histoire de la chanson tunisienne par son originalité et sa sensibilité. Lotfi Bouchnak chante «Bidaya jmaaat ennwar», «Ritek manaaref win» et «Ya Khadhra». Toujours un pur plaisir de réécouter ses titres qui ont marqué plus d’une génération et qui étaient des tubes, à ce jour, indémodables. Mohamed Ghnia a assuré la partie instrumentale avec «Yamsafer wahdak» et «Ya dar elhabaieb» avant de céder la scène à Eya Daghnouj. Une artiste particulière qui a excellé durant cette soirée en interprétant des chansons écrites par Ali Louati, Habib Mahnouch et composées par Slim Dammak, Anouar Braham «Qualouli jey» et «Nakous». Hassene Doss a eu le privilège de clôturer la soirée en montant sur scène avec sa guitare pour chanter à l’honneur de Cherif Alaoui une de ses chansons phares avant de finir le spectacle avec sa chanson «Tayer».

Durant cette soirée, le public s’est distingué d’abord par sa présence massive, ce qui prouve à quel point la chanson tunisienne reste indémodable mais aussi par son attention prêtée à chaque interprétation. Pas de départ précipité non plus ! Du début à la fin, les gradins ne se sont pas désemplis. C’est signe de bonne santé pour ces airs qui n’ont pas pris une ride.

Notons pendant cette soirée l’absence de Zied Gharsa et de Mohamed Jebali pourtant programmés depuis le début et qui ont décliné l’invitation. On croit savoir que ces artistes ont refusé de jouer bénévolement dans cette soirée. Cela reste à confirmer.

Nous gardons en mémoire les mots de Béchir Selmi, lors de la première partie de «Chansons mémorables», qui a regretté «la progressive disparition de la chanson soignée et authentique». «Ecoutons la belle chanson élaborée», disait-il. A notre sens, la concurrence est rude mais le spectacle de mardi soir insuffle une note d’optimisme.

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