Kairouan | L’artisanat retrouve-t-il ses lettres de noblesse ?

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L’on revient à dire que l’artisanat tunisien a perdu de son éclat. Pourtant, il continue à faire vivre 350.000 artisans et drainer autant d’accros de la mode traditionnelle, tout en fidélisant une clientèle qui n’hésite pas devant l’éventail des choix. 

Dans le gouvernorat de Kairouan, les activités artisanales sont confrontées à des défis structurels majeurs qui les empêchent de générer des revenus aussi importants que l’industrie et les services, d’autant plus que les souks de Kairouan sont envahis par des produits artisanaux étrangers d’imitation et par de la marchandise contrefaite.

Alors, le secteur peut-il retrouver son éclat d’antan et faire en sorte qu’il redevienne un pilier du développement socioéconomique à l’échelle locale et régionale ? Il va sans dire que Kairouan figure parmi les villes où le travail dans les métiers traditionnels est très florissant, même si trouver la bonne matière première pour créer des articles artisanaux de qualité et dénicher les clients qui apprécient la valeur d’un article reflétant l’histoire de la région sont les principaux obstacles auxquels font face les promoteurs opérant dans le secteur de l’artisanat.

Les jeunes refusent de prendre la relève

Parmi les métiers en voie de disparition à Kairouan, on pourrait citer celui de l’artisanat de la «balgha» qu’on porte avec la blouza et la «kountra» qu’on porte avec la djebba. En effet, jusque dans les années 60, Kairouan abritait trois souks de blaghjia qui comptaient plus de 50 artisans. De nos jours, ces souks se sont spécialisés dans la vente de vaisselles, de mules, de la pacotille et de produits made in Chine. Seul, un artisan continue de s’adonner à ce métier qui n’est plus aussi lucratif que par le passé.

Malgré ses 83 ans, Si Abderrazak a toujours la même réputation dans l’art de la confection à la main de peau de caprins, d’ovins pour en faire des balghas et des kountras, un travail minutieux qui demande beaucoup de patience, d’où le refus des jeunes de prendre la relève de ceux qui ont beaucoup vieilli ou qui sont alités à cause de maladies incurables : «Ce qui me fait le plus mal, c’est que même mon fils, un enseignant, n’a pas voulu s’initier à cet artisanat car il ne supporte pas l’odeur de la colle ! En outre, comme les matières premières coûtent de plus en plus cher, surtout en ce qui concerne le cuir et les clous, je suis obligé de réparer et d’entretenir de vieilles chaussures afin de pouvoir survivre.

Si on ne fait rien, cet art connaîtra la perdition…», nous confie Si Abderrazak.

Ces rendez-vous promotionnels

Notons par ailleurs que le fait d’organiser périodiquement des expositions de produits de l’artisanat kairouanais pourrait contribuer à promouvoir certains articles en voie de disparition. Cela nous l’avons constaté pendant l’organisation de foires et de salons qui ont attiré un grand nombre de visiteurs ravis  de découvrir une variété de produits artisanaux et de produits du terroir, surtout en ce qui concerne les vêtements à base de haik, les tapis et les meubles à base d’alfa, les bijoux traditionnels, les foulards, les bibelots, toutes les pâtisseries traditionnelles, les couscous au blé complet, les confitures de figues de Barbarie, les biscuits sans gluten, les épices, les harissas et toutes sortes d’arômes et d’huiles essentielles.

Un village artisanal qui compte

Ainsi, beaucoup d’artisanes de toutes les délégations du gouvernorat ont eu la possibilité lors de ces expositions organisées soit au siège régional de l’Onat, soit à la cité commerciale, soit à la place Aouled Farhane, de faire connaître leurs productions et de les vendre à des prix accessibles.

N’oublions pas dans ce contexte d’évoquer l’importance du village artisanal de Barrota, au centre-ville de Kairouan, couvrant une superficie de 600 m2 et comptant 21 boutiques abritant des artisans professionnels dont des diplômés du supérieur, et ce, dans différentes spécialités : broderie, bijouterie, confection de l’alfa, couture, cuivre martelé, menuiserie, poterie, damasquinage, objets de décoration, tapisserie, peinture sur différents supports, ébénisterie, broderie, distillation de plantes médicinales, produits de beauté, etc.

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