«Visa» de Karim Gharbi à Carthage : Un moment de bonheur

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«Visa», signé Karim Gharbi, est le seul one man show programmé au cours de la 57e session du Festival international de Carthage. Un pari et une responsabilité pour ce comédien-chroniqueur, dont la première expérience sur scène avec « Double face » a été une réussite.

Jeudi 17 août, devant un théâtre plein à craquer, il présente «Visa», spectacle avec lequel il a déjà fait une tournée en Tunisie et à l’étranger.

Connu pour ses apparitions à la télévision, à El Hiwar Ettounsi notamment, avec des sketches et des séries comiques, Karim Gharbi a gagné la sympathie des spectateurs grâce à un personnage un peu niais et irresponsable qui ne cesse de multiplier les gaffes. Apprécié pour son charisme et sa persévérance dans un domaine artistique où il est difficile d’arracher le rire du public, Karim Gharbi s’est distingué par son travail acharné et sa passion pour son métier de comédien.

Ce soir-là à Carthage, il a dédié sa représentation à son père décédé l’an dernier à la même date. C’est donc avec beaucoup d’émotion qu’il a présenté aux milliers de spectateurs son man one show basé sur le rire et la critique de plusieurs situations sociales. Deux heures de spectacle sans aucune interruption où les éclats de rires des spectateurs résonnaient tout au long de la représentation.

Trainant sa valise à roulettes, le comédien est entré en scène sous les ovations du public. Avant d’entamer sa prestation, il a interpellé les spectateurs par une improvisation pleine d’humour et d’ironie. Saluant au passage sa mère présente parmi le public. Puis, il a attaqué avec humilité et savoir-faire son show « Visa ». Seul sur la vaste scène de Carthage, face à des gradins bondés, le personnage de Karim, tout de noir vêtu, a mobilisé le théâtre avec énormément d’audace s’attaquant à des sujets au cœur de l’actualité : la famille, l’immigration, les traditions, etc.

Anna, Hrouz, la mère, le père, les voisins sont autant de personnages auxquels le comédien a réussi à donner de l’étoffe et de la consistance. Entre comique de caractère et de situation, il a évoqué sans ambages les différents événements de la vie  du personnage Karim, qui, pour échapper à une condition d’une vie familiale difficile, noue une relation via Facebook avec une jeune femme belge, dont l’ambition est de réaliser un mariage « blanc » pour l’octroi de la nationalité étrangère, et ce, malgré les différences sociales, culturelles, idéologiques et toutes les conséquences que cela représente.

Passant avec tact du personnage d’Anna et son parler arabe approximatif et Hrouz, l’ami à l’accent sfaxien, Karim Gharbi, à l’instar d’un Lamine Nahdi, parvient à convaincre en maîtrisant bien le jeu et les situations burlesques sur les conditions de vie des Tunisiens de divers milieux sociaux en proie à un système  administratif d’un autre temps. En évoquant la relation complexe avec son père, le comédien a éclaté en sanglots. Un moment touchant auquel les spectateurs ont sympathisé.

Entre rires et larmes, émotion et critique, le spectacle, rehaussé de temps à autre par un jeu de lumière, est une bouffée d’oxygène et un moment de bonheur proposés par un artiste talentueux et généreux. Une belle prestation récompensée par un déluge d’applaudissements bien mérités de la part d’un public qui a ri aux larmes.

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