Hausse arbitraire des prix à la consommation : A qui revient la responsabilité ?

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Malgré les efforts pour juguler le phénomène de la hausse des prix et le chaos qui règne au niveau des pratiques commerciales, les autorités ne sont pas parvenues à réaliser l’essentiel.

Rien n’a échappé au tsunami des hausses et aucun acteur dans le domaine, à quelques exceptions près, ne peut se considérer exempt de reproche. Que ce soit le petit épicier du coin ou le «hammas» ou le marchand de légumes, tous sont à mettre à l’index. Ce n’est pas par volonté de nuire aux citoyens mais par suivisme. Vendre cher s’est tellement banalisé que les parties concernées ne s’aperçoivent pas qu’elles commettent des infractions.

Marge bénéficiaire plafonnée à 15%

A vrai dire, ils ne font qu’appliquer la fameuse règle de la liberté des prix. D’aucuns croient que cette règle ne reconnaît que les augmentations. C’est faux. Cette liberté concerne aussi bien les hausses que les baisses. En d’autres termes, une marchandise peut connaître des fluctuations des prix selon les lois du marché. Ce qui n’a jamais été le cas chez nous.

Le 14 août courant, nous avons publié dans notre journal un article dans lequel nous avons évoqué la dérive des prix des fruits (voir l’article intitulé : “Les fruits interdits”.

Pas plus tard que lundi dernier, le ministère du Commerce a fixé la marge bénéficiaire autorisée sur la vente au détail des fruits à 15%. Il ajoute que, dans tous les cas, les marchands ne doivent pas dépasser la marge de 1 dinar/kg. Cette mesure devrait entrer en vigueur, à partir d’aujourd’hui.

En attendant de voir l’impact de cette disposition, il serait bon de rappeler que l’habitude des hausses des prix a ses origines, surtout, depuis la multiplication des grandes surfaces. Depuis les années 1990 la prolifération de ces espaces commerciaux a tiré les prix vers le haut, entraînant dans leur sillage tous les autres petits commerces. L’épicier du quartier se voit obligé d’aligner ses prix sur ceux de ces grandes surfaces. Celles-ci pratiquent des prix, généralement, élevés en raison de la marge bénéficiaire qu’ils se permettent de s’octroyer.

Pour comprendre ce phénomène des gains énormes que ces espaces parviennent à engranger, il n’y a pas plus simple que de comparer les prix appliqués couramment et ceux adoptés lors de ce qu’on appelle les campagnes de «promotion».

Gros bénéfices !

Le consommateur peut se rendre compte, de lui-même, que les prix pratiqués par les hypermarchés et autres grands espaces commerciaux sont, pratiquement, aux antipodes de ce qui devrait exister.

Pour appuyer nos observations, nous nous sommes intéressés à éplucher un catalogue d’un de ces grands magasins et voir les grands écarts entre les prix. C’est ainsi que nous remarquons que, par exemple, un article cosmétique est proposé à 6D990 millimes au lieu de 9D630 soit une baisse de 29%. Un autre produit électroménager (kit mixeur) est offert à 39D900 au lieu de 59D900, soit une ristourne de… 20D000 dinars ou -33%. On trouve, aussi, des baisses qui se situent entre 20 et 35%. C’est, quotidiennement, que ces grandes surfaces essaient d’appâter les clients à tel point que l’on s’interroge légitimement sur la vérité de ces pratiques.

Logiquement, ces grandes surfaces ne sont pas perdantes lorsqu’elles consentent ces soi-disant baisses relativement conséquentes sur les prix. Que dire alors des très gros bénéfices obtenus sur ces mêmes marchandises avant de les mettre en promotion. Quand on réfléchit un peu, force est de constater que ces opérateurs économiques gagnent trop en profitant de leur poids sur la scène et les parts du marché qu’ils arrivent à contrôler.

C’est cette prédominance qui leur permet de se sentir quelque peu au-dessus des lois. Eh bien, il est temps de leur rappeler qu’ils sont, comme tous les acteurs économiques, soumis aux mêmes règles et aux mêmes obligations.

En vérité, les clients avaient accordé, au début de l’apparition en grand nombre de ces espaces, une certaine confiance. Mais cette confiance est en train de tourner au doute, en raison de ces nouvelles pratiques et de ces prix toujours plus élevés affichés dans ces lieux. Tout en accordant le bénéfice du doute à la majorité de nos grandes surfaces, il est de notre droit d’exiger les mêmes mesures de contrôle économique que pour tous les autres opérateurs.

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