Forum International «Tech the Justice Gap» : Les nouvelles technologies au service de la justice et des justiciables

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Raja Mazeh, directrice du bureau de l’Institut de La Haye pour l’innovation du droit en Tunisie, a déclaré à La Presse que ce genre d’événements pourrait aider l’Etat à concevoir sa vision et renforcer sa stratégie en matière d’accès à la justice par le biais de la technologie. Citant une récente étude, elle confirme que 31% des personnes interrogées ont avoué avoir rencontré un problème d’ordre judiciaire durant la dernière année.

La technologie joue un rôle de plus en plus important au service de la justice, apportant des innovations qui améliorent l’efficacité et la transparence des systèmes judiciaires. C’est dans ce contexte que l’Institut de La Haye pour l’innovation du droit (Hiil) a organisé, hier, à Tunis, l’événement d’envergure «Tech the Justice Gap», (Tech le fossé de la justice) qui célèbre l’esprit audacieux et l’innovation des start-up innovantes au profit de la justice.  En effet, il s’agit d’un forum international dédié à l’exploration de la rencontre entre la technologie et la justice qui a connu la participation d’une pléthore de leaders d’opinion prêts à relever les défis d’une technologie applicable au domaine de la justice. Dans ce sens, l’accent a été mis sur les manières d’explorer les nouvelles méthodes technologiques  pour améliorer la façon dont nous percevons la justice. «Tech the Justice Gap» a été un rendez-vous pour montrer comment la technologie peut rendre la justice plus juste, plus accessible et plus abordable. 

La transformation numérique à des fins professionnelles mais aussi personnelles

Après une importante session de pitch, la solution Oqoodi a remporté le premier prix. Une start-up qui  fournit un environnement de travail en ligne sécurisé, repousse les limites du travail indépendant dans la région Mena, en fournissant des outils complets qui aident à la fois les indépendants et les employeurs à gérer efficacement leur travail et leurs contrats de travail. De même, ToNote, une start-up africaine spécialisée dans la signature électronique et la certification électronique des documents, a été distinguée. Cette structure aide les gens à signer, légaliser, vérifier et gérer des documents entièrement en ligne. En facilitant ces activités quotidiennes, elle encourage la transformation numérique à des fins professionnelles mais aussi personnelles.  Proposant des solutions de financement astucieux, NaTakallam, une plateforme mettant en relation des réfugiés et des personnes souhaitant pratiquer l’arabe dialectal, a été également récompensée. La start-up permet aux réfugiés de gagner de l’argent, en offrant un service peu répandu, leur offrant ainsi des moyens de subsistance.

Vers la mise en valeur des sociétés naissantes

Awabah, la plateforme numérique de financement destinée aux travailleurs indépendants de l’Afrique de l’ouest, a été également distinguée. La plateforme a pu aider plus de 50.000 travailleurs du secteur informel à accéder à des microfinancements. En marge de cet événement, Raja Mazeh, directrice du bureau de Hiil en Tunisie, a déclaré à La Presse que ce genre d’événements pourrait aider l’Etat à concevoir sa vision et renforcer sa stratégie en matière d’accès à la justice par le biais de la technologie.

Citant une récente étude sur le taux de satisfaction des Tunisiens à l’endroit du système judiciaire, élaborée par l’institut précité, elle confirme que 31% des personnes interrogées ont avoué avoir rencontré un problème d’ordre judiciaire durant la dernière année. «L’étude a montré également que 77% de ces problèmes ne sont pas résolus de manière juste et rapide», a-t-elle insisté.

Raja Mazeh a également ajouté que ce rendez-vous mettra en valeur les efforts de 17 start-up d’Afrique et du Moyen-Orient. Celles-ci ont présenté des solutions innovantes pour faciliter l’accès à la justice et l’accès au droit, dans le cadre de la numérisation des services juridiques, notamment en ce qui concerne l’employabilité, la justice, le financement et autres.  Ouvrant le débat lors de cet événement, Slim Ben Jrad, directeur général des Services de la gouvernance au sein de la présidence du gouvernement, a souligné que la Tunisie a toujours soutenu l’écosystème des start-up, évoquant notamment la mise en place de tout un cadre légal, start-up act, pour mettre en valeur ces sociétés naissantes.

Pour la  digitalisation de certaines procédures judiciaires

«Le choix de la Tunisie comme hôte de ce rendez-vous témoigne de la forte coopération entre notre pays et cet institut en matière de promotion de la justice», a-t-il dit, rappelant que l’instauration d’un puissant écosystème pour les start-up figure parmi les priorités en matière de réformes économiques. Et d’ajouter que l’accès numérisé à la justice est un fondement de toute stratégie de développement dans notre pays, tout en prenant en considération la réglementation de ces usages digitaux. Pour sa part, le représentant du ministère de la Justice, Elyes Miladi, a précisé que son département s’est déjà lancé dans la digitalisation de plusieurs procédures judiciaires. «Ces différentes initiatives tendent à améliorer l’accès des citoyens à la justice, la digitalisation a toujours été au service de la simplification des procédures judiciaires». Et de rappeler que le ministère de la Justice vise une transition digitale complète des systèmes judiciaire et pénitentiaire. Les différents panélistes ont souligné, dans ce sens, les usages de la technologie qui peuvent rationaliser les processus judiciaires et réduire les délais de traitement des dossiers et d’améliorer la communication entre les différents acteurs de la justice. La technologie peut permettre de rendre la justice plus accessible aux personnes éloignées des tribunaux ou aux personnes ayant des difficultés à se déplacer. Par exemple, le développement de la justice en ligne permet aux justiciables de déposer des plaintes, de suivre l’avancement de leurs dossiers et de communiquer avec les tribunaux à distance, ont-ils plaidé. Notons que ce rendez-vous a connu la participation de nombreuses personnalités qui se sont distinguées dans ce domaine innovant. Il s’agit notamment d’Abir Hadad de l’Institut pour la transformation juridique, Abdulla Al-Majid, expert en innovation judiciaire des Émirats arabes unis, et Maya Boureghda, cofondatrice de Juridoc en Tunisie.

L’Institut de La Haye pour l’innovation du droit (Hiil) est une organisation de la société civile engagée en faveur d’une justice axée sur les personnes.

Cet organisme ambitionne, d’ici à 2030, d’atteindre 150 millions de personnes qui parviennent à prévenir ou à résoudre leurs problèmes de justice les plus urgents.

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