La région de Sfax occupe le premier rang dans la production nationale de l’huile d’olive. La GIZ, agence de coopération allemande, Tounès Wijhatouna et Tunisia Olive Association ont programmé un circuit de découverte de ce produit à haute valeur économique. La Presse y était. Reportage.
Dix millions de pieds d’oliviers, soit 35% de la production nationale d’huile d’olive, 440 unités de production d’huile d’olive et dérivés, 85 mille tonnes d’olives en 2023 avec 18 mille tonnes d’huile d’olive, des huileries modernes destinées à la conserverie et à l’exportation d’huile d’olive, des huileries traditionnelles pour le marché local, les 346 huileries de Sfax constituent 33% du total des huileries tunisiennes et ont une capacité de presse moyenne de 10.000 tonnes par jour, ce qui vaut à la région de Sfax d’occuper le premier rang national dans la production d’huile d’olive. Ajoutez à cela une médina bien conservée, des sites archéologiques ( Thyna, Achola), l’incomparable Kerkennah, la mer…
Tourisme oléicole
La région de Sfax bénéficie d’atouts considérables pour mériter de figurer dans le paysage touristique. La GIZ, agence de Coopération allemande qui conduit de nouvelles approches participatives de développement régional, en collaboration avec Tounès Wejhatouna (Programme d’appui à la diversification du tourisme, au développement de l’artisanat et à la valorisation du patrimoine), a choisi à juste titre la capitale du sud pour financer la mise en place d’une niche de tourisme alternatif : le tourisme oléicole. A cet effet, elle a programmé 4 jours (du 8 au 11 décembre) de découverte de ce produit inédit en invitant des spécialistes en matière d’huile d’olive dont cinq d’Italie, de Croatie, de France, de Turquie et du Maroc, ainsi que deux journalistes locaux.
Sous la houlette de Mme Néziha Grati, vice-présidente de Tunisia Olive Association et sa garde rapprochée, l’équipée, au pas de charge, a effectué un séjour entre Sfax et Kerkennah, découvrant les huileries anciennes et modernes, des maisons d’hôtes, un camping et deux restaurants ; un programme copieux pour nourrir l’esprit et le ventre.
Dar Lella Aïcha, un coquet gîte rural, située à un jet de pierre de Sfax-ville. Néjia, la propriétaire, est une femme affectueuse, cuisinière de talent a offert aux invités un dîner fort sympathique, jus frais d’amande et de citron, viandes, merguez maison, des œufs de ferme frais, des douceurs sfaxiennes dont la fameuse Laklouka. Habib, le frère de Néjia, est d’un commerce agréable, qui a roulé sa bosse de par le monde, le lendemain matin, de retour du champ, un sac de mandarines sur le dos cueillies à l’intention de ses hôtes. Prévenance gracieuse et amicale.
Achola, un site peu connu
Cap sur le site archéologique d‘Achola, dans le lieu-dit Botria, un site extraordinaire, peu connu, pas protégé des prédateurs, et pas du tout indiqué, les responsables du circuit Sfax Oléa Tour devraient attirer l’attention des autorités à ce sujet. A quelques encablures, à Louza, petit village et un port calme et sympathique, d’où il y a beaucoup de départs clandestins vers Lampedusa (de Louza à Lampedusa, la rime est bien accomplie) on s’est régalé d’un couscous au poisson frit à la résidence El Kahena. Visite éclair à une huilerie moderne Dear Goodness à Hzag.
Direction Gite Fekih. Des oliviers à perte de vue et une hospitalité à toute épreuve, dans leur champ vert, le couple Fekih exprime une certaine idée de la vie dans les oliveraies. Jamila est partout, elle saute de la cuisine aux chambres, aux petits soins de ses hôtes ; Ali, issu d’une lignée de propriétaires terriens, est d’une amabilité remarquable, il est à son affaire au volet variétés d’huile, d’olives et… de délicatesse. Il a invité deux femmes de la région qui ont effectué devant nous le broyage à l’aide de deux vieilles pierres en granit et à malaxer la pâte obtenue, afin de faire éclater les vacuoles qui sont les cellules de graisse de la pulpe. Opération suivie d’explication et de dégustation sur place.
Visite de la plus ancienne huilerie, située à Gremda, datant du début du XIXe siècle, dont la pression fonctionne au scourtin. Nous avons participé au pressage des olives dans le moulin à huile traditionnel. Entre objets anciens, photos d’époque de ses grands-parents et bureau de travail, M. Hamed Kammoun, propriétaire, nous raconte l’expérience de la dynastie depuis son fondateur. Les assiettes sont mises, le pain traditionnel servi et la dégustation eut lieu, accompagnée d’un aperçu didactique.
La préparation de la laklouka, une douceur locale, n’a plus de secret pour l’équipée, la démonstration a été faite dans l’atelier-boutique. Dose et demie, quant à la préparation du savon à base d’huile d’olive, c’est Halima Babay qui en a fait la démonstration. Dans l’oliveraie de Mohamed Maâzoun, ingénieur agronome, on a découvert l’agriculture biologique et biodynamique, un système d’agriculture qui observe une approche durable et holistique n’utilisant que des matériaux organiques, généralement d’origine locale pour la fertilisation et le conditionnement des sols. Soit un concept initialement développé en 1924 par Rudolf Steiner. L’après-midi, nous avons procédé à la dégustation de l’huile d’olive et à l’assortir à Olea Conseils avant de rejoindre Amber Park, un camp écologique à Menzel Chaker.
A Kerkennah, île ya
L’équipée met le cap sur Kerkennah, où l’attend un déjeuner mémorable, « un couscous aux poulpes », préparé par Najet dans son restaurant «Le Régal». Visite du musée Dar El Fehri à El Abbassia, des moments délicieux et discussions culturelles avec Abdelhamid et sa femme Narjess, le musée est aussi une maison d’hôtes dont les fenêtres donnent sur la mer.
Dîner de fête, en musique à « Manarat » chez la dynamique Rahma Ben Hmida, son poisson est pêché le matin de sa Charfiey qu’elle loue (eh oui, on loue aussi une partie de la mer à Kerkennah).
Le circuit s’est bouclé au centre de soin tenu de main ferme par Mahassen, une battante qui fait de son travail un sacerdoce, elle emploie plus de 45 femmes dans son entreprise ; hammam et massage avec des produits esthétiques à base d’huile d’olive.
Dernière nuit à Dar Lella Aïcha, la chaleur de l’accueil, et pendant que les plats se succédaient, soupe, salade, légumes…, bien des sujets furent traités : le bilan de 4 jours au pas de courses et les nombreuses anecdotes qui les ont émaillés.