IL y a moins d’un mois, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken était venu au Moyen-Orient, avait serré amicalement des mains et proposé un plan de cessez-le-feu aux premiers responsables d’Arabie saoudite, de l’Egypte et du Qatar, il a terminé sa tournée en Israël et est reparti avec des déclarations et des promesses de paix. Il avait dans ses poches le projet présumé de reconstruire Gaza, de régler le conflit, de donner le pouvoir aux Palestiniens et de faire baisser les tensions dans la région, son but annoncé et claironné était d’éviter l’extension du conflit. Les promesses et le projet se sont arrêtés avec le départ du Secrétaire d’Etat.
Depuis, que d’eau est passée sous les ponts. Sur le terrain, l’armée israélienne a poursuivi ses tueries et ses massacres, faisant fi des déclarations, des paroles et des engagements, elle a continué à expulser les citoyens de leurs terres, d’esquisser le projet de leur disparition ; on ne compte plus les morts et les blessés ; les militaires israéliens vont exterminer d’autres milliers de civils, de femmes et d’orphelins, sachant que l’inertie, l’impuissance politique l’emportent désormais sur le droit et les décisions de justice. Ce bruit de fond quotidien est accompagné de mensonges et d’effets qui portent sur les déclarations séditieuses : combien de fois Netanyahu a-t-il affirmé que son armée allait repousser les Palestiniens du nord au sud et s’arrêter ensuite ; mensonge et hypocrisie, puisque les massacres ont continué sans répit ; sous les feux des bombardements, la population — femmes et enfants compris — a fui le nord pour rejoindre le sud de Gaza qui s’est transformé à son tour en camp de concentration, Israël se défend, proclame Netanyahu. Les grandes puissances se complaisent dans leur position de veulerie et de faiblesse « Pire que le bruit de bottes, le silence des pantoufles », la célèbre citation de l’écrivain Max Frisch sur les horreurs de la Seconde Guerre mondiale prend ici toute sa dimension.
L’armée israélienne pousse les populations encerclées vers le passage frontalier de Rafah, les cloisonnant dans un mouchoir de terre dans le froid, sans nourriture ni eau, la pugnacité, l’esprit acharné, guerriers et sanguinaires ne s’arrêtent pas, l’armée bombarde Rafah. Evidemment Israël se défend encore. Après Rafah, où seront-ils repoussés, ces civils sans défense, qui va entendre leurs pleurs et voir leur détresse ? Blinken ? Difficile à imaginer, puisque lui, tout comme son chef à Washington, pense qu’Israël se défend.
Pour la cinquième fois, le secrétaire d’Etat est de retour dans la région, mais son actuelle tournée intervient à un moment dangereux et au milieu des frappes américaines contre la Syrie et l’Irak. C’est de son chef Biden que dépend l’amorce d’une solution à Gaza, fût-elle provisoire ? Son message ne porte pas sur un plan de paix, cette paix qui s’éloigne de jour en jour, mais sur une trêve. Sera-t-il entendu ?