Inciter les moins de 16 ans à opter pour la formation professionnelle— vu que la loi tunisienne interdit leur abandon scolaire précoce—entre dans le cadre d’une politique de communication et de promotion des jeunes générations.
Pour tout chantier de travaux publics, on fait, certes, appel, à titre d’exemple, à des techniciens en construction, bois, plomberie, électricité, maintenance ou même réparation à domicile. Tout comme on a recours, en cas de contrôle et d’entretien d’un véhicule, à un spécialiste mécano-électrique. Ceci étant, le besoin d’un bon professionnel qualifié se fait de plus en plus sentir.
Agir en connaissance de cause
Bien que le dispositif national de la formation professionnelle en compte des centaines, voire des milliers diplômés ayant déjà rejoint le marché du travail, la demande de cette main-d’œuvre demeure toujours croissante. Qu’il s’agisse de repeindre son intérieur, installer un climatiseur, réaménager son jardin ou entreprendre de petits travaux de bricolage que tout un chacun est amené à faire chez soi, aller les chercher semble, alors, un véritable calvaire.
Au-delà, cette main-d’œuvre soi-disant diplômée de la formation professionnelle, qui coûte déjà cher à la communauté nationale, n’a pas le vent en poupe. Artisanat, menuiserie, soudure, techniques hôtelières et bien d’autres filières classées « prioritaires » ont également connu le même sort. L’Atfp, Agence tunisienne de la formation professionnelle, le sait très bien. Elle devrait, alors,
agir en connaissance de cause. Accomplir son cursus d’apprentissage, et même initier, en mode alternance, à certains métiers censés trop sollicités, n’est pas forcément un tremplin pour l’emploi. Le contraire n’est pas, jusque-là, évident. Alors que la formation a tout pour être réellement une voie de succès, de par ses techniques pédagogiques et ses acquis du savoir et logistiques capitalisés au fil du temps. A son actif, une expérience presque séculaire qui lui aurait valu d’être un vivier de compétences, mais aussi un filon d’emplois. Etant, par le passé, boudée et jugée comme une alternative contraignante, la formation professionnelle a dû, ces dernières années, redorer son blason pour se frayer de nouvelles pistes d’innovation.
Pourquoi pas un projet de réforme
A ce niveau, la réflexion est donc légitime pour recentrer le débat et polariser autant de postulants et jeunes demandeurs de formation. Aussi, n’est-il pas important d’y penser savamment et prévoir un projet de réforme globale tel que celui engagé dans le secteur de l’éducation. Inciter les moins de 16 ans à opter pour la formation professionnelle—vu que la loi tunisienne interdit leur abandon scolaire précoce—entre dans le cadre d’une politique de communication et de promotion des jeunes générations. Car, leur initiation à la vie professionnelle commande que l’on soit prêt à tous les choix et de tirer les enseignements du passé. Certes, l’enjeu en vaut la chandelle, ce qui fait que l’Etat est appelé à suivre et mettre le paquet. Un tel pas s’avère aussi de mise, dans la mesure où l’on doit identifier et accompagner les 100.000 décrocheurs scolaires qui quittent, annuellement, les bancs de l’école, et qui sont désormais hors circuit organisé. A preuve, plus de la moitié des sans-emplois ne sont ni des diplômés du supérieur ni de la formation professionnelle. Ironie du sort ! Où sont partis ces chômeurs non identifiés ? Que deviennent-ils ?
Sortir des sentiers battus
Il y a, certes, une crise de communication et d’information. Et des failles, à bien des égards. C’est qu’une bonne stratégie de promotion de la formation fait encore défaut. Sauf des projets réduits à de simples actions sur le terrain, afin de recoller les morceaux, ou tout juste pour marquer le coup. Et l’on verse, plus souvent, dans le replâtrage.
Bref, s’il n’est jamais resté statique, ce secteur n’a pas beaucoup évolué. Au concret, il lui manque un vrai coup de maître. Bien que des ministres se soient succédé à la tête de ce département, aucun parmi eux n’a pu prendre son courage à deux mains. Il n’y avait que des idées figées: politique active d’emploi, passerelle entre formation et université, programme d’apprentissage répondant aux spécificités des régions, et bien d’autres qui n’ont rien ajouté ni au secteur ni à ses demandeurs. Le ver est dans le fruit ! Des mesures furent, alors, annoncées, sans être suivies d’effet.
Autant dire, chaque nouveau ministre tire un trait sur le passé, se voulant être l’homme précurseur. La continuité de l’Etat n’est, en fait, qu’un vœu pieux. Pour qui sonne le glas ? Qu’en est-il de l’argent investi, des années durant, dans la formation?
Maintenant que les dés sont jetés, on devrait regarder en arrière pour pouvoir aller de l’avant. Car, l’intelligent est celui qui apprend des erreurs du passé. Doter, ces dernières années, l’Atfp, agence mère de la formation et son acteur principal, d’une vision nouvelle s’inscrit dans cet esprit. Du reste, on s’attend à ce que la formation professionnelle fasse sa propre révolution.